L’imagerie au service de l’art (original) (raw)
L’image contre l’œuvre d’art, tout contre
L'Atelier du CRH, 2010
Depuis un certain nombre d’années, un nouveau courant de recherche est apparu en histoire de l’art : l’anthropologie des images. L’image semble une notion plus juste historiquement et anthropologiquement que l’art, trop déterminé par l’histoire récente de la culture occidentale. Le but de ce texte est d’abord de confronter l’anthropologie des images à d’autres champs disciplinaires qui réfutent la question de l’art : visual studies, iconologie. Dans tous les cas, l’image est conçue comme représentation porteuse de signification. Mais sur la fabrication, la création, ces études sur les images ont peu à dire. On cherchera finalement à établir les bases d’une autre approche des objets visuels, fondée sur l’anthropologie des techniques et de la philosophie deleuzienne de l’événement, où c’est moins l’image comme représentation que comme expression qui est étudiée. Many years have past since art history has witnessed the emergence of a new field of research: the anthropology of images. The word “image” seems more historically and anthropologically appropriate than “art,” a term too closely defined by the more recent history of Western culture. The first goal of this paper is to compare the anthropology of images and other disciplinary fields that refute the question of “art” per se, namely visual studies and iconology. In all of these cases, the image is conceived of as representation bearing meaning, but these studies have not much to say about production or creation. Finally, we will try to establish the foundations of another approach to the study of visual objects, based on the methods of anthropology. In addition, we will consider Deleuze’s philosophy of event, in which the image is studied less as representation, and more as an as expression.
L’ICONICITÉ DE L’IMAGE À LA RESSEMBLANCE
On a affirmé que l’iconicité a produit, dans diverses perspectives, et a déployé, dans des ramifications insoupçonnées, ouvertes par des spécialisations et domaines variés, une littérature pléthorique. Pourtant faut-il croire qu’on ait atteint un seuil de la saturation du thème qui évoque une densité non perméable à des réactions d’addition comme de nouvelles adjonctions, autres, évidemment, que celles qui paraissent patinées par la récurrence des références, agacées, redondantes, superflues. On peut répondre que non dans la mesure où, nous côtoyons, comme possible point de départ, la position de T. Sebeok, qui apprécie, incitant de manière provocatrice, qu’il y a encore une abondance de mystères non déliés concernant la « manière omniprésente de production, stockage et transmission des occurrents comme signes iconiques », et tant qu’on ne s’éloigne pas/que nous ne nous éloignons pas d’une de ses assertions : « l’iconicité joue un rôle décisif dans la formation de la vie quotidienne, dans toutes les cultures ». Pourquoi ne croirions-nous pas que l’extension de cet uni -vers de l’iconicité, plutôt pluri-vers, expansif, qui inonde par des marques iconiques les codes de communication de l’humanité verbaux et également non-verbaux, se trouve (pourquoi pas ?) dans un point de retour qui provoque, dans une dynamique intégrative nouvelle, une réception spectrale intension de l’iconique, qui devient ainsi un cadre vitré à travers lequel on puisse pénétrer, comme par autant de portes ouvertes de la mémoire, vers un sens premier ou peut-être ultime de l’iconicité Ce qui est sûr est qu’une telle démarche qui cherche un éclaircissement de l’iconicité, aujourd’hui ne peut être détachée facilement d’un minimum parcouru dans l’interdisciplinarité, appelé à surprendre les vecteurs importants qui confèrent du relief aux champs des significations notables pour ce qui signifie, dans le contexte actuel, un essai, considérons-nous, personnalisé de configuration, non sans reste, des contours de l’image de l’iconicité.