Le combattant et le technocrate. La formation des officiers à l'aune du modèle des élites civiles (original) (raw)
Related papers
Entre technocrates et administrateurs de l'Ancien régime (résumé et table)
2017
Au lendemain du Compromis de 1867, l’administration ministérielle de Budapest répond à un double héritage. Elle hérite d’un côté de l’«administration noble» des comitats (nobile officium de l’auto-administration des nobles dans la fonction publique élective), tandis que de l’autre, l’empreinte du néo-absolutisme rappelle la tradition de professionnalisation de l’administration centrale de l’Autriche, qui comme la Prusse organise un «fonctionnariat» dès le milieu du XVIIIe siècle. Aussi, ce double héritage structure les deux niveaux de l’administration : alors que l’administration régionale reste aux mains des notables locaux, une bureaucratie d’État émerge dans les institutions centrales, dont par ailleurs le personnel s’embourgeoise. Cette thèse propose une approche empirique des enjeux que recouvre le développement de l’administration centrale de l’ «ère bourgeoise» en Hongrie. Pour cela, le personnel des ministères est abordé à travers deux axes principaux : la professionnalisation de l’administration, et l’embourgeoisement de l’élite ministérielle. Une étude détaillée du recrutement social, de la formation académique et enfin des carrières des hauts fonctionnaires de l’administration ministérielle apporte un nouvel éclairage à ces questions. Par-delà le lustre des bals de cours, des cérémonies officielles et des casinos de la capitale, c’est bien ces aspects que s’efforce de mettre au jour le présent travail, dans une démarche quantitative appuyée par des statistique descriptives.
"Luttes de prestige entre pairs: Le cas des officiers de l'armée de terre"
Sociétés Contemporaines,, 2008
Cet article traite des registres de consécration à l' uvre dans le corps des officiers de l'armée de terre. Dans un espace professionnel profondément ordonné où les régimes de préséance et de subordination sont strictement réglementés, il est intéressant de se pencher sur les pratiques de distinction entre pairs. Loin d'être univoques, elles traduisent l'existence de préséances en concurrence avec les échelles hiérarchiques instituées par le grade. Si le respect de la règle apparaît bien comme un code de conduite unanimement valorisé, la distinction entre pairs de même grade se joue sur une certaine forme de virtuosité et d'écart produite dans les règles d'un art qui ne saurait être strictement qualifié de militaire. Les dispositions aux « coups d'éclat », inégalement distribuées entre les agents, ne reposent pas uniquement sur des labels indigènes (qualité du recrutement ou arme d'appartenance plus ou moins « guerrière »). Les qualités distinctives relèvent également de registres culturels et scolaires, tout à la fois déniés et omniprésents dans les formes empruntées par les virtuoses les plus « militaires ». This paper studies the honor scale operating in the army officer corps. In a profoundly ordered professional space, in which seniority and subordination are strictly regulated, it is interesting to examine how distinctions between peers are made. These are not simple and they express competition between seniority and the hierarchical scale created by rank. Even though respect for regulation appears to be a unanimously valued code of conduct, distinctions between peers of similar rank are played out in certain forms of virtuosity and discrepancy according to rules of an art form that goes beyond the military. The varying ability to perform coups d’éclat (special feats) does not only depend on military labels (recruitment status or unit of effective combat orientation). These distinguishing qualities also have cultural and educational registers, which are denied and yet ubiquitous in methods used by the most military virtuosos.
Les circonstances de la guerre franco-bretonne (1487-1491) mettent certaines professions au cœur des affaires de Nantes et bouleversent catégorisations et statuts. Il s’agit ici de proposer un premier élément d’explication à l’ascension verticale de plusieurs groupes d’« hommes de canon ». Les exemples proposés sont ainsi représentatifs des besoins de la ville de Nantes à la fin du XVe siècle et de la liberté donnée de manier de l’argent appartenant à la ville. Il s’agit enfin d’éclairer des hommes qui ne sont ni vraiment gens de guerre ni ouvriers : à la frontière entre deux groupes sociaux, ces « hommes de canon » voient leur possibilité d’ascension croître, grâce au soutien du pouvoir communal. La distinction entre celui qui réalise les canons – celui qui fond le métal nécessaire à la réalisation- et celui qui l’utilise n’est jamais très claire dans les sources. Les sources mentionnent principalement les commandes faites pour la ville à un « canonnier et fondeur ». Le canonnier- fondeur s’éloigne du statut militaire car il apparait dans les ordonnances relatives à l’entretien des communes bretonnes. Il fait partie des métiers préposés à « la sureté et défense d’icelles » avec les « artilleurs, ouvriers d’arbalètes et de traits », bien distincts des « gens à gages ». Dans cette communication nous dessinerons les contours du statut social du garde de l’artillerie, entre officier de la ville et représentant d’une élite artisanale, mobilité favorisée par le contexte de guerre. Le garde de l’artillerie est, dans une certaine mesure, manieur d’argent et a un pouvoir décisionnel important à l’échelle de la ville de Nantes. Néanmoins, le garde de l’artillerie détient avant tout la fonction de « magasinier », est un relai administratif nécessaire en l’absence du chambellan. Nous supposons donc que la fonction de garde de l’artillerie a été créée afin de soulager le maître de l’artillerie. Il est donc responsable à la fois du métal et de sa provision aux fondeurs, en même temps qu’il « finalise » les commandes. S’il semble jouir d’une grande indépendance, être autorisé à manier l’argent et à disposer des métaux, pour autant, il reste officier de la ville, en tant qu’il lui est nécessaire de fournir des états à la Chambre des Comptes de la ville de Nantes. Ces comptes du garde de l’artillerie constitueront notre matériel d’étude, pour réfléchir à la professionnalisation d’un groupe social, favorisée par un contexte guerrier.
Les études supérieures en ligne pour les leaders : Le cas des officiers des Forces canadiennes
Canadian Journal of University Continuing Education, 2010
This paper argues in favour of distance education in social sciences at the masters level for Canadian Forces officers. First, it demonstrates how distance learning has played a substantial role from the very beginning of university teaching (with Plato’s Academy). It then tries to demonstrate how technology will be central to the pedagogy of educational institutions in the future. Finally, it explains why Canadian Forces officers need to pursue higher education in social sciences even after they have undergraduate degrees, and how the nature of “3D” missions (for Defence, Diplomacy and Development) requires a more thorough understanding of social sciences. The author then suggests a meaningful way to realize this objective. The BOLD (Blended Online Learning Design) initiative demonstrates many of the characteristics required for this type of training: the possibility of studying entirely at a distance, a hybrid of synchronous and asynchronous learning, recognition of the teaching c...
Living “combattantism” The trajectory of a militia chief in Ituri (Democratic Republic of Congo) The article describes the ways in which Germain Katanga, the chief of an armed group in Ituri (in the East of the Democratic Republic of Congo), in the years 1998-2003 entered in what he called “combattantism”. Katanga was accused of war crimes and crimes against humanity in the second trial initiated by the International Criminal Court (ICC) of The Hague. This article is based on fieldwork carried out in a court of the ICC, more particularly during its sittings. It examines the first stages of Katanga’s trajectory before he became really powerful. It looks at the period from his joining the self-defence group of his community to his first military engagements and then to the time when he obtained the title “combattant”. The article focuses on the group’s “maï-maï” rhetoric and the role of two great prophets/magicians from this region, Bernard Kakado and Kasaki.
2012
Dans cette étude prosopographique, je me propose de présenter un certain nombre de personnalités françaises ayant contribué au débat sur la motorisation et la mécanisation des armées. Leur action a connu parfois un rayonnement à l'échelle européenne. Dans le sillage des pionniers de la Grande Guerre, une pléiade d'officiers s'efforce de penser l'adaptation de l'outil militaire - personnels et armements - issu de la période de conflagration, dont aucune institution ne sort inchangée. En exploitant les dossiers individuels des officiers conservés au SHD Vincennes, je m'efforcerai de mettre en parallèle articles publiés dans des revues et appréciations de la hiérarchie, croisant littérature ouverte et archives. Dans les parcours de chacun de ces hommes, il sera peut-être possible d'estimer le moment d'entrée en contact avec cet engin alors contesté qu'est le char de combat. L'état-major prend le parti de le considérer comme une arme supplémentaire, subordonnée à l'infanterie, compatible avec les habitudes tactiques éprouvées. L'héritage du vainqueur de Verdun, incarné par le maréchal Pétain, a dans une certaine mesure tendance à freiner les innovations, du fait du vieillissement de cadres inamovibles, et du corsettement réglementaire auquel doit se plier tout officier qui souhaite publier sur les événements de la guerre mondiale. Cependant, des généraux relativement âgés mais clairvoyants, comme Buat et Maitrot, pressentent les nouvelles formes de combat induites par l'utilisation de machines sur le champ de bataille, alors que d'autres plus jeunes demeurent hermétiques aux courants novateurs, souvent associés à l'excentricité insulaire des Britanniques. J'essaierai de restituer la dynamique d'émergence et de diffusion des idées à travers les strates générationnelles. Peu de partisans de la modernisation prennent place parmi les rédacteurs des deux grands textes doctrinaux qui balisent la période étudiée, l'Instruction provisoire sur l'emploi tactique des grandes unités de 1921 et l'Instruction sur l'emploi tactique des grandes unités de 1936. Si comme l'assure la Revue Militaire française dans l'immédiat après-guerre, les militaires français sont les plus qualifiés pour assumer la direction intellectuelle des diverses armées du monde, cette volonté se heurte à la réalité du terrain, européen ou colonial (la conflit du Rif, où les Français se trouvent malmenés par des adversaires d'un niveau de développement très inférieur en ce qui concerne l'art de la guerre), et surtout au manque de renouvellement conceptuel et matériel. Cette étude sera l'occasion d'évoquer les servitudes et grandeurs du métier d'officier à une époque dominée par la rigueur budgétaire et une dévalorisation de l'armée. Ce sera l'occasion de mettre en valeur une galaxie de noms un peu oubliés du grand public qui ne retient que la figure de De Gaulle comme promoteur du char, allant à l'encontre d'une hiérarchie réputée sclérosée. Il s'agit de restituer la situation de l'époque dans toute sa complexité institutionnelle, technique et naturellement humaine.
At a time when the army is increasingly confronted to the multilateral phenomenon at the national, regional and international levels, the way the military institution has adapted itself to the multilateralization of both decision-making and military action is a central though understudied research topic. This paper aims at answering the following questions: How have officers been exposed to multilateralism – understood both as a political project and as a framework for action? How do they see and evaluate such a transformation? Is multilateralism essentially perceived as a constraint, a resource or a value by the military institution? This article is based on an investigation conducted in 2011 at the War College - a military institute created in 1993 in order to train the French military elite - and relies essentially on interviews of officers studying at the War College and of their instructors.