"Les 'cafards' dévoreurs des pauvres : Pierre Viret et la dénonciation de la 'moinaille' (1545)", in Fabienne Henryot et Philippe Martin (dir.), Contre les moines. L'antimonachisme, des Réformes à la Révolution, Paris, Cerf, 2023, p. 85-91 (original) (raw)

[2023] « Maledetti apostati. Une polémique entre les ordres mendiants et la Pénitencerie apostolique à propos de la réforme de l’office curial (milieu des années 1530) », coécrit avec Clément Pieyre, Archivum Historiae Pontificiae, 55, 2021, p. 41-122.

Archivum Historiae Pontificiae

En 1535-1536, les généraux des ordres mendiants se saisissent des appels du pape Paul III à la réforme de la Curie pour plaider en faveur d’une limitation des pouvoirs de la Pénitencerie apostolique. Ils rédigent un virulent libelle, dans lequel ils accusent l’office de favoriser, par un octroi massif de grâces, l’apostasie des religieux et l’essor des mouvements hétérodoxes. Cet article propose une édition, précédée d’une introduction, de ce libelle et de la double réponse de la Pénitencerie, celle d’Antonio Pucci, Pénitencier majeur (1529-1544), datée du 10 février 1536, et celle du régent, Luís Gómez (1534-1543). Le dossier éclaire sous un jour nouveau les bouleversements internes aux ordres mendiants, confrontés, dans les années 1530, au départ massif de leurs membres, ainsi que les projets pré-tridentins de réforme de la Pénitencerie, avant la réforme effective de l’office en 1569.

Les banquiers du Seigneur. Evêques et moines face à la richesse (IVe- début IXe siècle), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012 (collection Histoire), 437 pages, Préface de François Bougard

Grâce à une réinterprétation de la parole des évêques et des moines, qui associe intimement le spirituel et l’économique, ce livre propose de dépasser les oppositions trop simples entre théorie et pratique, entre spirituel et temporel ou entre morale et vice, pour mettre au jour les fondements lexicaux de tout discours médiéval sur les échanges et l’administration des biens. Il ne s’agit pas de retrouver les racines de notre économie moderne, mais de mettre en lumière l’existence d’une façon propre à la société médiévale de penser l’économie à travers le lien qu’elle établissait entre l’ici-bas et l’au-delà.

Désirés, raillés, corrigés : les bonzes dévoyés dans le roman en langue vulgaire du XVIe au XVIIIe siècle, Extrême-Orient Extrême-Occident, 2002, L’anticléricalisme en Chine, 24, pp.95-112.

Extrême orient Extrême occident, 2002

The number of monks breaking their vows is so great in the Ming and Qing vernacular novel that this genre has been considered the ultimate expression of Chinese literary anticlericalism. While the oldest novels pictured the stray monk as a seduced ascetic, worthy of both pity and blame, it was not before the early seventeenth-century vogue of the erotic novel that the shameless debauched monk emerged as the stereotypical clerical protagonist. Topping the hierarchy of vices is the barbarian monk, master of sexual magic and equipped with a monstrous body. In contrast to the magician-cum-rapist, one encounters figures of eccentric holy monks. Often farcical, riotous or drunken, these monks are all the more licentious as they strive for holier goals. Some of them, like the famous Crazy Ji, are heroes of narratives which are generally pro-Buddhist. Some others, however are real Confucians clad in monkish robes and act as righters of the stray mores of their times, condemning monks and laymen alike.

« Carmes et carmélites déchaussés face au livre au XVIIe siècle », J.-B. Lecuit, Le Défi de l'intériorité. Le Carmel réformé en France, 1611-2011, Paris, Desclée de Brouwer, 2012, p. 123-152.

2012

Au XVIIe siècle s’introduisent en France les carmélites réformées par Thérèse d’Avila, puis les carmes déchaussés de Jean de la Croix. Ces ordres importent avec eux une nouvelle conception de la lecture, née dans l’Espagne du Siècle d’Or et qui fonde un mysticisme renouvelé. Toutefois, au fur et à mesure que ces ordres s’étendent à tout le Royaume, on voit une progressive normalisation de cette conception de la lecture s’opérer. En effet, l’expérience carmélitaine originelle de la lecture paraît difficilement transposable dans un siècle qui se méfie de plus en plus du mysticisme. Aussi, entre les récits fondateurs des vies de Thérèse d’Avila et de Jean de la Croix, les biographies carmélitaines et les directoires des religieux des deux ordres, sont gommées les spécificités de la lecture telle qu’elle fut pratiquée par les deux religieux espagnols. En témoignent les bibliothèques du XVIIe siècle, qui ont intégré les préconisations de ces directoires, et qui prouvent que les carmes et les carmélites ont effectivement renoncé à « lire comme Thérèse » pour ne devenir que des lecteurs spirituels parmi d’autres.