Les paysages emblématiques de Lac-Tremblant-Nord, un patrimoine naturel et culturel (original) (raw)
Le lac Tremblant est connu par la proximité du mont Tremblant qui le surplombe. L'originalité du site réside dans le fait que le lac Tremblant est scindé en deux cantons par un découpage territorial historique qui a engendré deux trajectoires paysagères distinctes. La partie sud du lac et la montagne qui le surplombe se sont développés en une station récréative internationale ; tandis que le nord du lac s'est affirmé dès le début du XX e siècle comme un patrimoine protégé, témoignant des caractéristiques naturelles de la région. La Municipalité de Lac-Tremblant-Nord a ainsi préservé et modelé les paysages qui constituent aujourd'hui son identité propre, fortement revendiquée par ses résidents. Ce patrimoine naturel précocement préservé, à la puissance évocatrice traditionnelle, est aujourd'hui menacé. Article available in English : Emblematic Landscapes of Lac-Tremblant-Nord: Natural Scenic Area and Cultural Heritage Asset Le patrimoine paysager du nord du lac Tremblant Le lac Tremblant est situé aux pieds du mont Tremblant, l'un des plus hauts sommets de l'est de l'Amérique du Nord qui s'élève à presque 1 000 mètres d'altitude. Il s'étire sur 15 kilomètres de long, et sa dimension fait de lui l'un des plus grands lacs de ces pays historiquement dits « d'en Haut ». La région des Laurentides en compte à elle seule plus de quatre mille. C'est dire que le lac est une composante majeure des paysages laurentidiens, tout comme des pénéplaines du bouclier canadien. Le paysage de la partie nord du lac constitue un bien patrimonial privé, donc non accessible au grand public, mais il se perçoit et se fréquente depuis le lac qui, lui, est public. Cette caractéristique spatiale est déterminante quant à sa qualité paysagère, sa gestion, et les pressions extérieures qui s'exercent sur lui. La municipalité de Lac-Tremblant-Nord couvre un territoire qui intègre les deux tiers nord du lac Tremblant, ainsi que les lacs Gervais et Bibite situés au nord-ouest. Si l'on considère à proprement parler le périmètre riverain du lac Tremblant, on ne compte aucun résident permanent ni aucune route. Les premiers chalets datent de 1900-1905. En 1938, on y dénombre 33 chalets et, en 2007, 56 constructions situées sur 84 propriétés. Toutes sont des résidences secondaires fréquentées les fins de semaine et pendant les périodes de vacances. Le paysage du nord du lac Tremblant est très homogène. Il est constitué d'un vaste lac encaissé, serti entre des échines montagneuses couvertes de forêt dense au boisement mixte (feuillus et conifères), marquant la transition de la forêt décidue de la vallée du Saint-Laurent vers la forêt boréale. Le lac est alimenté au nord par la rivière Cachée, avec les chutes Cachées pour exutoire, au sud. La topographie du rivage s'inscrit en courbe avec cinq baies principales (dont la baie des Chevreuils, la baie des Ours…), et une perspective centrale déjouée par sept îles (dont l'île aux Cèdres, l'île Cachée…). Dans son unité paysagère, trois types de motifs se combinent pour former le patrimoine à la fois naturel et culturel de Lac-Tremblant-Nord. Les motifs de la nature sauvage : Le caractère « sauvage », originel, est fondamental dans l'expression emblématique de ce paysage comme lieu de ressourcement, voire de spiritualité. Ce sont les éléments bruts du paysage qui opèrent cette scénographie involontaire mais tant recherchée, notamment les plages, les roches affleurantes, les racines tortueuses, les découpes géomorphologiques (pointes, baies, îles) ainsi que la limpidité de l'eau. Le motif de la cabane ou du cottage : L'empreinte de l'habitat est plus dissimulée et symbolique que visible et ostentatoire. Ce dispositif comprend différents bâtiments de dimensions modestes : le lieu de résidence, à savoir le chalet qui comprend généralement deux pièces, les toilettes sèches, un foyer extérieur , un lieu de contemplation (même de fortune), auxquels s'ajoute souvent la spécificité anglophone de la cabane à dormir. Cette empreinte humaine es t le plus souvent masquée par un rideau d'arbres en façade sur le lac, autorisant une percée visuelle sur l'eau tout en minimisant son impact extérieur Le dispositif de navigation (hors de la période hivernale où le lac est recouvert de glace) Puisque le contexte paysager est « naturel » et que l'habitat est inaccessible par route, le décor est ponctué d'ouvrages relatifs à la navigabilité du lac : la marina, un phare et une balise lumineuse, les pontons, ainsi que les garages à bateaux (autre spécificité d'origine anglophone) sont les motifs « aquatiques » du paysage. Ce paysage est donc l'expression d'un portrait de la nature nord-américaine, celui de la grande nature sauvage, assorti du mythe de la cabane au Canada.