Explication, description de l'action et rationalité pratique chez Anscombe (original) (raw)

© Valérie Aucouturier-« Explication, description de l'action et rationalité pratique... » 32 EXPLICATION, DESCRIPTION DE L'ACTION ET RATIONALITÉ PRATIQUE CHEZ ANSCOMBE Valérie Aucouturier I. Qu'est-ce qu'une action ? Imaginons Jules dans un laboratoire. Un scientifique stimule une certaine zone de son cerveau et son bras se lève. Imaginons à présent Jules à l'école. La maîtresse pose une question et Jules lève le bras pour intervenir car il pense connaître la réponse. Dira ton dans les deux cas que Jules a agi ? Il est probable que non. Il est probable que, dans le premier cas, nous dirions que le scientifique a simplement causé mécaniquement le fait que Jules lève son bras, tandis que dans le second cas Jules a bien levé son bras 1. « Quand "je lève mon bras", mon bras se lève. D'où ce problème : Que reste-t-il donc quand je soustrais le fait que mon bras se lève du fait que je lève le bras ? » 2 Autrement dit, y-at -il lorsqu'on a affaire à des actions un élément spécifique supplémentaire (une volonté, une intention, un désir, etc.) qui fait que lorsqu'il lève son bras pour prendre la parole Jules agit, tandis que lorsque son bras se lève par le biais d'un processus purement mécanique il n'agit pas ? La question ici posée est la suivante : quel est le critère nous permettant de distinguer les cas d'actions des autres types de mouvement ? On pourrait être tenté d'invoquer-et c'est bien cette tentation que dénonce ici Wittgenstein-la présence, en plus du mouvement mécanique, d'un événement interne à l'agent, de quelque chose de mental comme une volonté, une intention d'agir, etc. Mais cette solution a l'inconvénient non négligeable d'être purement spéculative 3 : elle propose en effet de postuler l'existence d'entités ou d'événements dont il resterait à la philosophie, voire même à la science, de déterminer la nature. Or, s'il y a bien un sens à distinguer le mouvement mécanique de l'action à proprement parler 4 , et même à le faire en invoquant des concepts comme 1 D. Davidson dans « Actions, Raisons et Causes » (voir la note 1) ne nie pas cette distinction entre une action et un mouvement du corps. Il analyse, par ailleurs, cet exemple dans « Problems in the Explanation of Action » in