Le grand et le petit républicanisme (original) (raw)
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Les tribulations du républicanisme en république
ourquoi tant de bruit ? La France comme la Belgique ont connu ces dernières années d'importants débats de société, portant entre autres sur les contours de l'intégration, le port des signes convictionnels dans l'espace public ou sur le mariage entre personnes de même sexe. L'opinion publique belge aime se répéter que ces débats ont été, en son sein, conduits de manière assez rapide et sereine. Ceux-ci ont en tout cas conduit à des législations assez libérales. En revanche, les sujets précités ont fait l'objet en France de désaccords passionnés, de mouvements d'opposition spectaculaires et – dans le cas du port de signes convictionnels, par exemple – de législations plus restrictives. Vus de Belgique, les débats français suscitent souvent un double sentiment : un peu d'étonnement devant le conservatisme apparent de la société française, et une fascination pour la vigueur du débat républicain. Ces impressions sont-elles fondées ? À tort ou à raison, la Belgique se représente depuis une vingtaine d'années comme un pays aux moeurs libérales. Qu'il s'agisse d'une part importante du nationalisme flamand ou de l'influence encore notable de la démocratie chrétienne, le conservatisme politique y a joué et joue toutefois un rôle politique significatif 1. Néanmoins, les débats en matière de moeurs convergent vers l'idée que l'autonomie de l'individu est un bien intrinsèque, que les libertés individuelles doivent être protégées – au besoin par des droits –, et que les institutions politiques n'ont pas à imposer une conception déterminée de la morale publique. Qu'ils soient croyants ou athées, racistes ou cosmopolites, progressistes ou conservateurs, les acteurs politiques belges tendent à admettre qu'il ne suffit pas qu'un comportement soit détestable pour qu'il soit interdit. Dans un pays où le citoyen ne sait pas toujours quelle langue il doit parler ou de quel gouvernement il est l'administré, la gestion du pluralisme social est à la fois un défi et une des tâches explicites des institutions publiques. On peut bien sûr critiquer cette perspective, et estimer que la discussion collective ne doit pas seulement consister à répartir des droits ou à maintenir une paix froide entre les différentes communautés du pays. C'est peut-être, à rebours, ce qui explique une part de la fascination qu'exercent en Belgique le débat public français et ses joutes oratoires. Toutefois, en dépit ou à cause de ces caractéristiques, le débat public français est souvent critiqué pour sa brutalité, tant au niveau des idées avancées que des termes utilisés. Les spécificités du débat politique français sont souvent analysées en termes socio-politiques : une fascination pour les postures d'autorité héritées du bonapartisme politique, un mode de scrutin favorisant la polarisation des débats, la prégnance de la figure de 1 Ainsi, la Belgique n'a dépénalisé l'avortement que quinze ans après la France. P
Annales De Bretagne Et Des Pays De L Ouest, 2015
L’etude du Nouvelliste du Morbihan sur la periode de 1887 a 1914 permet l’analyse de la construction de la figure du heros providentiel developpe a travers les recits des actes de sauvetage dans la region de Lorient. Ce heros est fortement marque par des valeurs provenant d’une troisieme Republique naissante. En outre, le recit des luttes contre l’un des grands fleaux des zones portuaires, la noyade, semble etre un moyen efficace de promouvoir une ideologie citoyenne. Ce journal presente le heros ordinaire comme une figure exemplaire faisant preuve d’acte de devouement. Ainsi, deux profils de sauveteurs emergent. Dans le premier profil, le risque est au cœur du sauvetage et c’est pourquoi il est plus propice au spectaculaire et au sensationnel, ce qui est vivement apprecie et recherche par le journaliste. Le second profil est traite differemment par le chroniqueur. En effet, le sauveteur professionnel, par son equipement et sa connaissance des strategies de sauvetage, tend a diminue...
Landes - Libéralisme, Républicanisme et Minorités
2008
Depuis la fin des années 1980, la thématique minoritaire s’est peu à peu imposée comme incontournable dans la théorie politique. Conformément à cette évolution récente, l’enjeu serait désormais d’intégrer l’appartenance et l’identité au sein des théories de la justice. L’argument sous-jacent est qu’une large part des injustices et inégalités subies par les individus découlerait de leur appartenance à des groupes minoritaires. L’intention de cette thèse est double. Tout d’abord, elle tient dans une remise en question des approches densifiées du fait minoritaire, c’est-à-dire des théories qui placent au cœur du statut de minorité la possession de caractéristiques substantielles. Ensuite, elle étend ce refus de la calcification aux politiques publiques par un rejet de l’imposition de morales de surplomb. Dans une perspective libérale, il s’agit de prouver que des solutions égalitariennes « classiques », tenant à une meilleure redistribution des ressources, sont pré- férables à de telles démarches. Ce but est atteint au travers d’une étude comparée des dis- cours libéraux et républicains sur la question. Cinq étapes scandent le déroulement de ce travail de recherche. Premièrement, la no- tion même de « minorité » est problématisée. Il est démontré que cette dernière soulève des difficultés puisqu’elle tend à fixer les différences entre individus. Deuxièmement, les ap- proches culturalistes sont discutées. Celles-ci ayant la particularité de faire de la culture un critère à la fois de définition et de justification, elles permettent d’illustrer les travers de la densification. Troisièmement, la réponse républicaine française est alors évaluée. À cette occasion, il est montré que cette tradition de pensée se caractérise par une densification morale du rôle de l’État tout aussi problématique que celle des minorités. Quatrièmement, l’étude des thèmes de la neutralité et de la tolérance permet de dégager les grandes lignes d’un libéralisme égalitarien et neutraliste. Cinquièmement, ce dernier est alors confronté au néo-républicanisme. L’objectif est de raffermir un positionnement égalitarien et neutraliste à l’encontre d’approches plus denses des minorités et des institutions. La conclusion revient alors sur les deux axes de la thèse : la défense d’un libéralisme critique ainsi que le plai- doyer pour des politiques de redistribution.