Des concepts clés pour l'écologie contemporaine : technique, milieu et médecine (original) (raw)

Ecotechnie des visages contemporains

Suite à son expérience de transplantation cardiaque, Jean-Luc Nancy, sondant l'étrange altérité de son « je », nous livre -dans deux ouvrages contemporains l'un de l'autre (L'Intrus et Corpus) -, les raisons pour lesquelles il nous faut renoncer au fantasme d'un corps « nu » ; d'un corps qui serait par essence strictement organique, illusoirement conçu comme naturel. D'emblée, en effet, ce dernier apparaît comme « habiter par l'inhumain », appareillé d'innombrables archives, produit, selon ses termes, par un complexe « écotechnique ».

La « communication » écologique des médecines douces

International Review of Community Development, 1990

Dans ce texte, l’auteure montre, à partir de l’analyse de témoignages de malades recueillis en entrevue, que le recours aux médecines douces exprime en premier lieu une « demande de protection », protection contre la menace du désordre que représente la maladie, le symptôme privé de sens. Ce dernier devient en fait le signe de la rupture de l’alliance nature-culture. À cet égard, le nouveau thérapeute occupe la place de l’intermédiaire devant garantir l’exercice du rituel nécessaire pour rétablir les liens entre la nature et la culture. C’est en ce sens que le discours des malades fait ressortir, en second lieu, une exigence de communication avec la nature. Enfin, en dernier lieu, le recours aux médecines douces témoigne de l’existence d’une logique fonctionnant sur le mode symbolique du bouc émissaire, tel que le décrit René Girard.

D’une passe à poissons. Milieux et technique en Anthropocène

Techniques & Culture, 2019

À la fin des années 1970, le saumon Atlantique (Salmo salar) avait définitivement disparu de la Garonne. Depuis quelques décennies, le programme de réintroduction de cette espèce s’appuie autant sur des procédés génétiques et d’élevage que sur tout un ensemble d’infrastructures techniques. Cette « technosphère » du saumon constitue un cadre idéal pour interroger l’ingénierie de la réparation des écosystèmes. Montrant comment la restauration écologique dont une passe à poissons est l’un des instruments demeure une réparation incomplète, l’article discute de la pertinence du concept de « milieu associé » (Gilbert Simondon) pour définir une écologie des techniques à l’heure de l’Anthropocène. | https://journals.openedition.org/tc/10920

ÉTHIQUES DE L'ENVIRONNEMENT : Le choix nécessaire d'une nouvelle vision de l'homme

Via Neolatina, 2019

ABSTRACT (in english – résumé en français en-dessous) : First analysing the French expression « éthiques de l’environnement » (translating « environmental ethics », « ethics of respect for Nature », a. s. o.), I recall the philosophical difference between on the one hand ethics (l’éthique) and moral (la morale), and on the other hand the modern concept of environment and the old one of nature, thus showing the implications of the expression « éthiques de l’environnement », in regard with the modern (mainly occidental) point of view on nature, the gap between human and non-human, and the attitudes and philosophies deriving from this modern and commonly unconscious point of view. Here I use Bruno Latour and Philippe Descola’s works and concepts to claim the necessary choice between two visions of man and nature : the modern one and a new one (maybe an original synthesis of what Descola calls naturalism and the older anthropological ontologies, mainly the one he calls analogism). After these few preliminary remarks, I argue, against Hans Jonas, Jean-Pierre Dupuy or even Paul W. Taylor (not speaking about the young and popular activist Greta Thunberg), that our change of mind and attitude cannot rely only on abstractions as the «coming ecological collapse», or our responsibility for our children or the non-human living. Human psychology, among other arguments (political, economical, moral, epistemological), points out the fact human can choose and aim such a change if it makes them happier now (as Spinoza explained). Otherwise, we must speak of environmental moral, not of ethics. That’s why I conclude claiming the philosophical and ethical superiority of Aldo Leopold’s ideas on Hans Jonas’, i.e. the superiority of love and gratitude (towards life) on fear and power – whatever the future holds for us. RÉSUMÉ en français : En analysant d’abord le choix de l’expression devenue courante en philosophie « éthiques de l’environnement », nous rappelons la différence philosophique entre d’un côté l’éthique (au sens aristotélicien du terme) et la morale (au sens kantien du terme), et d’un autre côté le concept moderne d’environnement et l’ancien concept de nature. Nous montrons ainsi les implications de l’expression « éthiques de l’environnement » par rapport au point de vue moderne (principalement occidental) sur la nature, la césure cartésienne entre l’humain et le non-humain, et les attitudes et les philosophies qui dérivent de ce point de vue moderne largement inconscient. Ici nous nous appuyons sur les travaux et les concepts de Bruno Latour et de Philippe Descola, pour défendre l’idée d’un choix nécessaire entre deux visions de l’homme et de la nature : la vision moderne et une nouvelle vision (peut-être une synthèse inédite de ce que Descola appelle le naturalisme et des ontologies plus anciennes, principalement celle qu’il appelle l’analogisme). Après ces quelques remarques préliminaires, nous soutenons l’idée, contre Hans Jonas, Jean-Pierre Dupuy ou même Paul W. Taylor (sans parler de la jeune et populaire activiste Greta Thunberg), que le changement de notre manière de voir et d’agir ne peut reposer seulement sur des abstractions comme « le désastre écologique à venir », ou notre responsabilité vis-à-vis de nos enfants ou des êtres vivants non-humains. La psychologie humaine (parmi d’autres arguments, politiques, économiques, moraux, épistémologiques) tend à montrer que l’homme peut choisir et vouloir un tel changement si celui-ci le rend plus heureux dans l’instant présent (comme Spinoza l’a expliqué). Sinon nous devons parler d’une morale et non pas d’une éthique de l’environnement. Voilà pourquoi je conclus en arguant de la supériorité éthique et philosophique des idées d’Aldo Leopold sur celles de Hans Jonas, autrement dit de la supériorité de la reconnaissance (envers la nature) et de l’amour, sur la peur et la puissance – quel que soit l’avenir.

Écologie et Monde De La Vie

2024

Dans cette contribution nous présentons les différents niveaux d'objectivation les plus souvent convoqués dans les discussions concernant l'écologie et les sciences de la nature. Ce parcours nous mène au monde de la vie c'est-à-dire au domaine du sens issu plus particulièrement de la perception et des sentiments qui l'accompagnent.

Du Milieu Naturel, comme lieu de rencontre du sens commun, de la pensée philosophique et de la démarche scientifique

1986

Paysage, environnement, milieu naturel sont des expressions à peu près équivalentes. En tout cas, elles désignent les mêmes objets. Si la dernière d'entre elles est d'usage exclusivement scientifique (raison pour laquelle elle sera adoptée dans les pages suivantes, comme en d'autres textes du livre), les deux premières sont par contre communément employées. C'est qu'en effet les objets qui composent le Milieu Naturel (les arbres, les sols, les reliefs) sont offerts à la connaissance et à l'usage de tous les hommes. Aussi, face à ce Milieu Naturel qui est le même pour tous, des attitudes très différentes les unes des autres peuvent être adoptées.