MARCHAND (Philippe), Donnez-moi des nouvelles… Collèges et collégiens à travers les correspondances familiales. 1767-1787 (original) (raw)
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Au moment où éclate Mai 1968, le divorce peut sembler total entre le PCF et une partie de la jeunesse étudiante. La fronde de l’Union des étudiants communistes (l’UEC) est récente (1965). Au printemps, plusieurs interventions publiques manifestèrent l’incompréhension du parti communiste devant les problèmes de la jeunesse et son mépris de la composante libertaire du « Mouvement du 22 mars » (Nanterre). Le printemps des étudiants a également été ignoré par Les Lettres françaises, moins par volonté délibérée, qu’en raison d’une concentration de l’énergie rédactionnelle sur la Tchécoslovaquie. Ouvrant les colonnes des Lettres françaises aux étudiants dans un numéro spécial paru le 15 mai 1968 (n° 1234), laissant de nombreux universitaires et ses collaborateurs s’exprimer librement, Aragon fait preuve d’une certaine audace politique. Mais au moment où le numéro paraît, la ligne du parti a déjà bougé et le numéro des Lettres françaises accompagne plutôt qu’il ne précède ou ne suscite cette évolution. Enfin, si Aragon y intervient en politique, sa parole, elle, n’est pas une parole politique. Il endosse l’habit du poète, se montre indulgent devant l’arrogance juvénile, et cite presque dans son intégralité l’épilogue des Poètes. « À vous de dire ce que je vois » : ce dernier vers du poème (et des Poètes), exprime le passage d’un relais. Le tombeau est aussi passage de flambeau.
Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie de Genève, 2021
À Genève a été conservée dans les fonds des grandes familles de la ville, pour une période allant de 1750 à 1820, une dizaine de journaux personnels et journaux d’éducation rédigés par des parents ainsi que par des jeunes collégiens qui lèvent un coin du voile sur la façon dont cette institution phare de la ville a été perçue de l’intérieur. Et ces sources sont d’autant plus intéressantes à étudier que le collège fait l’objet de débats animés au XVIIIe siècle et, en particulier, autour de deux dimensions : premièrement l’opportunité d’ouvrir cette institution à de nouveaux enseignements et deuxièmement les possibles avantages ou désavantages de l’éducation publique face à l’éducation privée. Les journaux de collégiens conservés – bien que peu nombreux – offrent une occasion unique de mettre en lumière l’éventuelle influence de ces débats sur les premiers concernés et de questionner l’expérience des élèves au sein de cette institution . Cette approche s’inscrit dans une nouvelle forme d’histoire de l’enfance – une histoire à « hauteur d’enfant » – qui appelle désormais à prendre en compte, lorsqu’ils existent, les écrits rédigés par les jeunes gens . Confrontés aux écrits des éducateurs et pédagogues, ce corpus genevois apporte, comme nous souhaitons le montrer ici, de nouvelles connaissances sur l'institution du collège.