La pensée de l'art chez Quignard (original) (raw)

Sur l’image qui manque à nos jours, Pascal Quignard et l’imaginaire de l’absence

Maria Concetta La Rocca, Quêtes littéraires nº 5, 2005 : De l'image à l'imaginaire

This article aims to investigate the role of the image in Quignard’s writing. Image is always present in his works, either directly, with the use of images taken from ancient art, or indirectly, thanks to the images that arise from his use of certain metaphors and expressions. In particular, here we take into consideration his Sur l’image qui manque à nos jours, in order to show how his discourse on the image takes the shape of a philosophical speculation on the missing images in our life. Indeed, for Quignard, we always live with the presence of the missing images, that is all we cannot see but we can imagine, for instance that of our conception. Moreover, the author analyses in this work four ancient images and four ancient texts. In so doing he confirms – even if partially – the Horatian formula ut pictura poesis, i.e. the link between these two forms of art. For him, the writing has the purpose of explaining the sense and the discourse that images represent. His way to present this to the readers is original and it does not belong to any other literary or artistic tradition of the past.

L'écriture et sa spéculation dans l'oeuvre de Quignard

La pensée et le corps dans l'écriture de Quignard, 2019

Spéculer, penser La Raison, Petits traités, Une gêne technique à l'égard des fragments, Rhétorique spéculative, Critique du jugement… autant d'essais de Pascal Quignard qui suggèrent la dimension spéculative de certains de ses livres. Ainsi, parler chez cet écrivain d'écriture spéculative est ouverture vers une pensée qui s'éprouve dans une écriture comme puissance de la pensée. Mais Quignard développe aussi le concept de «pensée sensus », d'une pensée à même le corps élaborant ses objets de pensée en puisant sans cesse son énergie, sa vitalité dans une érotique de la connaissance qui fait corps avec ses expériences les plus intimes. Mots-clés Quignard, spéculer, la pensée, l'écriture, les sensations, le corps.

Imaginaires de guerre. Claude Simon et Pascal Quignard

Carnets, 2015

Du vécu à l'écriture Agnès Cousin de Ravel 27 août 1914 : Le capitaine Louis Simon est tué à la guerre d'une balle au front. 27 août 1939 : Son fils Claude est mobilisé. Il part en train vers le front des Ardennes et refait le trajet que son père avait fait vingt-cinq ans auparavant. 10-17 mai 1940 : Claude Simon est au coeur de la guerre. Son régiment de cavalerie, sabre au clair, est décimé par l'artillerie et l'aviation allemandes. Restent seulement quatre survivants dont lui. 23 avril 1948 : Pascal Quignard naît à Verneuil-sur-Avre. La famille Quignard habite 3 Place Saint-Jean. Des fenêtres de la maison, on voit les ruines de l'église Saint-Jean bombardée par les Alliés en 1944. Décembre 1951 : La famille Quignard emménage au 86 rue Bernardin de Saint-Pierre au Havre dans l'un des premiers immeubles Perret tout juste sortis de terre, sur le champ de ruines laissées après le bombardement du 4 septembre 1944 qui a détruit la ville à 80 %. De la fenêtre de sa chambre, l'enfant voit un bidonville. Quotidiennement, il traverse des champs de ruines pour se rendre au lycée et à ses leçons de solfège et de piano. Ces quelques dates mettent en lumière deux des trois temps propres à la guerre : 1. Celui de la destruction en acte, de la guerre dans son terrifiant accomplissement. C'est Simon. 2. Celui des ruines. C'est Quignard. 3. Celui de la reconstruction dont je ne parlerai pas. Ces deux premiers temps déploient deux « imaginaires » de la guerre (le mot « imaginaire » entendu comme modalités de représentation) bien différents chez Simon et chez Quignard, même si leurs propos sur la guerre se rejoignent, même si tous deux pratiquent un art certain de la fragmentation. Peu ou prou, tous les romans de Simon, parlent de la guerre. Je pense sa représentation essentiellement à partir de quatre d'entre eux :

La survivance du savoir : Narration et histoire de l’art dans Terrasse à Rome de Pascal Quignard

Divers dispositifs narratifs sont utilisés en littérature contemporaine pour assurer la transmission du savoir. Cet article propose alors d'étudier ceux qui sont mis en place pour assurer la survivance et la diffusion du savoir sur l'art visuel. Et pour mieux cerner les enjeux contemporains liés à cette transmission, une comparaison s'impose. Ici, on questionnera le roman contemporain afin de comprendre comment on transmet les savoirs, ce que met en scène Terrasse à Rome de Pascal Quignard. L’idée est non pas d’interroger l’authenticité de ce savoir, puisque celui est fictif, mais de comprendre comment ce savoir survit. Et donc, pour comprendre comment la littérature contemporaine questionne les structures et les dispositifs de transmission du savoir sur l’art, le présent article propose de la mettre en comparaison avec un texte du 19e siècle, Le chef d’œuvre inconnu de Balzac. On pourra alors s’apercevoir que l’approche contemporaine, à travers la mise en relation, questionne les structures de transmission tout en acceptant sa fictionnalité, tandis que la littérature du 19e est davantage prise dans une narrativité linéaire. La comparaison permet alors de démontrer que les questions de transmission du savoir occupe une place centrale et spécifique en littérature actuelle.

Pascal Quignard : Cuisine et clinique

2007

Retiré dans sa demeure familiale, Charles Chenogne rêve et se souvient : de ses amours, de ses amitiés et de son enfance déchirée entre deux langues. Mais dans le récit qu'il consigne pour donner consistance aux fantômes de sa mémoire, les souvenirs prennent la couleur changeante des songes, et la narration qui devait rendre vie aux disparus redouble douloureusement la perte.

Le jardin mystérieux de Pascal Quignard

Pascal Quignard, l’écriture et sa spéculation, 2021

En rupture avec la philosophie et toute construction en système, la pensée de celui qui est aussi l’auteur d’une Rhétorique spéculative, s’appuyant sur la vitalité de la langue et sur la méditation de cette vitalité, n’est théorique, cependant, qu’en se nouant à sa propre écriture. Pensée qui spécule à mesure qu’elle s’écrit.

Penser l’amitié avec Pascal Quignard. De “Petits traités” à “Leçons de solfège et de piano”

Studi Francesi, 2017

Since Petits traités, there has been an evolution in Quignard's thought about friendship, which moved from a memory-based to an ontology-based approach. Initially, the concept of virtus plays a significant role in shifting the focus from pathos to ethos in his vision of the friendly link. Through this Roman concept, friendship is, for Quignard, closely related to the original dash of the jadis rather than to the individual memory. Through the etymological relation between philia and physis, friendship reconnects with a pre-Socratic physis that hosts the harmony of the opposites. Unbound by the linear human time, it is also withdrawn from the system of symbolic exchanges so much so that friends, according to the author of Leçons de solfège et de piano, «partag[ent] la position sujet en amont du dialogue». However, the anchoring of friendship in the alogos push of physis leads to an ontological denial and returns back to an otherness, so difficult to conceive that we run up against the question of death while raising that of friendship. That's why it is more appropriate to include the thought of friendship in the movement of the "search". Indeed, being held prior to various theorizations, Quignard places friendship at the centre of an experience of limits. Le titre initial de ma communication était De "Petits traités" à "Leçons de solfège et de piano". Pour une définition de l'amitié selon Pascal Quignard. Ce titre était déplacé parce qu'il s'agit plutôt, dans l'oeuvre de Quignard, de penser l'amitié que de la définir. D'ailleurs, il serait, à mon sens, vain de tenter de synthétiser en une formule théorique toutes les définitions de l'ami et de l'amitié présentes dans son oeuvre. Le thème et la pensée de l'amitié innervent, en effet, l'oeuvre quignardienne, au moins depuis Carus 1 , en passant par Petits traités, Albucius, La raison, Le salon du Wurtemberg, et jusqu'à Leçons de solfège et de piano 2. De livre en livre, la conception que l'auteur a de l'ami et de l'amitié se présente selon des formulations différentes; elle se réfère, en outre, à des horizons aussi divers que la déconstruction moderne, la morale romaine traditionnelle, l'épicurisme ou l'ancien stoïcisme de Zénon. Ce qui ne facilite pas la tâche à qui veut essayer d'interroger la pensée quignardienne de l'amitié. Ce que je me propose de faire ici, c'est de suivre l'évolution de cette pensée de l'amitié en m'appuyant sur trois textes: Petits traités, Albucius, Leçons de solfège et de piano. Je ne parlerai qu'incidemment de Carus: Chantal Lapeyre-Desmaison y consacre un bel article intitulé De l'amitié pathétique 3. Il me semble, en effet, qu'on peut noter un changement d'approche qui équivaut, à mon sens, à un approfondissement de la pensée de l'amitié au fil de l'oeuvre,