Le Groupe Interdisciplinaire sur l'Électricité Atmosphérique Naturelle (GIEAN) : Retour sur une expérience interdisciplinaire radicale (original) (raw)

2022, HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe)

Au quotidien, avec près de 100 décharges par seconde, les éclairs, la foudre, et l'ensemble des processus d'électrification naturelle, frappent la terre sans que leur rôle sur l'atmosphère par la production de nanocomposites métal-carbone à base d'aérosols ne soit pris en compte. Pour l'essentiel, le Groupe Interdisciplinaire sur l'Electricité Atmosphérique Naturelle (GIEAN) travaille à mieux comprendre, dans la longue durée, la formation et les effets de ces nanocomposites sur le climat, le monde minéral et le vivant, car ceux-ci restent en effet largement ignorés. Pour ce faire, le GIEAN associe sciences expérimentales (sciences physiques des matériaux en particulier), Sciences Humaines et Sociales (SHS)et surtout histoire-, et médecine. Relevant de régimes épistémologiques et de registres de pratiques très hétérogènes, ces disciplines ont chacune une culture et une approche propre de l'objet ; dans le projet, elles portent aussi des exigences et des urgences qui ne sont pas les mêmes. L'ensemble de ces éléments contribuent à faire du GIEAN un véritable ovni dans la galaxie scientifique. A partir de l'étude du projet, cet article propose ainsi d'observer et de rendre compte des situations de blocage, des difficultés rencontrées, et de mettre en lumière ce qui permet le tressage interdisciplinaire dans la pratique davantage que dans les invocations. Ce faisant, cet article est aussi l'occasion de s'interroger sur la nécessité, pour accompagner l'amorçage de tels projets exploratoires, d'espaces et de temps d'incubation, à l'image de ce que la Maison des Sciences de l'Homme « Sciences et société Unies pour un autre Développement » (MSH SUD) a été pour le projet GIEAN. De ce fait, cet article est co-signé par deux auteurs ayant des positions différentes au sein du projet : Marc Conesa, historien moderniste, ruraliste et environnementaliste, co-porteur du projet, et Julien Mary, ingénieur de recherche au CNRS et référent scientifique de la MSH SUD. Au sein du projet GIEAN, bien que tous deux historiens, ils ont adopté des postures différentes, Marc Conesa pilotant en première ligne le volet SHS du projet et organisant la montée en interdisciplinarité de son questionnement, et Julien Mary, adoptant une posture de tiers-médiateur, ne participant pas au projet du point de vue de la recherche proprement dite, mais participant à l'animer et à l'accompagner dans un questionnement critique et réflexif sur sa construction, son organisation et ses attendus.