Le jeune guérisseur et la sainte kalanoro, l’innovation rituelle du culte aux esprits de la nature (original) (raw)

Le jeune guérisseur et la sainte kalanoro

2012

Le present article traite d’une forme recente d’extension du syncretisme en lien avec le culte aux esprits de la nature. L’analyse fait reference a l’histoire d’une alliance entre un jeune homme et un esprit feminin de la nature dite kalanoro dans une region rurale des Hautes Terres centrales de Madagascar. Contrairement aux recits locaux qui inscrivent l’esprit kalanoro dans un monde vegetal et sauvage, celui-ci presente des aspects inedits : a tous les niveaux, nous rencontrons des elements a la fois modernes et chretiens, qui n’ont pas ete releves jusqu’ici chez d’autres devins-guerisseurs. Cette construction syncretique amene une dynamique creatrice dans le champ du religieux. Quant a celui de la sante, le chemin « classique » des guerisseurs n’est pas vraiment emprunte : absence d’initiation, absence de benediction, reduction des objets rituels traditionnels… Cette nouvelle forme religieuse presente une recombinaison d’elements anciens et recents tires de plusieurs domaines d’i...

Créativité et incertitude dans les nouveaux rituels contemporains

Social Compass, 2014

This paper is based on fieldwork among Portuguese, Italians, Catalans and Spaniards influenced by the transnational Goddess spirituality movement. Through an analysis of ritual narratives the author analyses the role of doubt and uncertainty in contemporary rituals created within Goddess spirituality. She will show that contemporary crafted rituals offer a privileged window on the uncertainty intrinsic in ritual because participants feel less constrained by a long-standing religious tradition and talk more openly about their doubts and their strategies to neutralize them than in the case of secular ceremonies. Drawing on Simon Coleman’s analysis of pilgrimage and ritual (2009, 2013) she suggests that uncertainty may play an important role not only in rituals created in the context of ‘New Age’ spirituality but also in other contemporary rituals created in plural and increasingly secularized Western contexts.

Guérison et rédemption dans le rituel taoïste ancien

Comptes Rendus Des Seances De L Academie Des Inscriptions Belles Lettres, 2005

La communication que j'ai l'honneur de présenter devant vous porte sur l'histoire médiévale des religions chinoises. L'analyse systématique des textes du taoïsme ancien, entamée il y a quelques années seulement, a ouvert des perspectives inattendues. Nous aborderons ici ce qui concerne les croyances mortuaires relatives à la guérison. Les manuels liturgiques que j'ai eu l'occasion d'examiner récemment ne s'accordent guère avec plusieurs théories bien connues de la pensée chinoise au sujet du rapport aux ancêtres et à la vie après la mort. En revanche, la position de ces textes liturgiques rejoint tout à fait les croyances exprimées dans les documents funéraires retrouvés par des archéologues dans les tombes de la période entre le IIIe siècle av. et le Ier siècle ap. notre ère, c'est-à-dire comprise entre l'époque des Royaumes combattants et celle des Han. Cette observation nous amène à nous interroger sur les raisons d'une telle divergence entre pratiques rituelles et doctrine transmise. La tradition liturgique en question émane de la communauté dite des Maîtres célestes, la première organisation ecclésiastique du taoïsme, qui perdure de nos jours. Fondée dans la région du Sichuan, dans le Sud-Ouest de la Chine traditionnelle, elle trouve ses origines au IIe siècle de notre ère, dans les prophéties de la fin du monde provoquées par le déclin de l'empire des Han. Zhang Daoling WMfê, le fondateur du taoïsme des Maîtres célestes, est le premier à présider à un culte taoïste pourvu d'une théologie, d'une cosmologie et d'une doctrine sur le salut, toutes universelles. Le mouvement des Maîtres célestes originel est contemporai n de la propagation de l'église chrétienne primitive dans le pourtour méditerranéen et de l'établissement le long des routes du commerce des premières communautés bouddhistes en Chine. Comme ces dernières, le taoïsme des Maîtres célestes comporte une dimension messianique et se préoccupe essentiellement de 1. Voir à titre d'exemple l'étude de Paul Demiéville sur la médecine et la guérison dans le bouddhisme, « Byô », Hôbôgirin : dictionnaire encyclopédique du bouddhisme d'après les sources chinoises et japonaises, publié par l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 3, Paris-Kyôtô, 1937, p. 224-270. * * * M. Jacques Gernet, Mme Colette Caillât et Mme Jacqueline de Romilly interviennent après cette communication.

L’iEsthétique. Nouveaux dandys, nouveaux rituels

Esprit, 20 sept. 2013.

En 1950, le sociologue américain David Riesman publiait La foule solitaire, sans se douter peut-être que l’évolution de la consommation culturelle et le progrès technique rendraient le titre qu’il avait choisi encore plus actuel un demi-siècle plus tard. Il suffit en effet de fréquenter les grandes villes pour y voir désormais quantité de personnes en quelque sorte retranchées les unes des autres par les écouteurs ou les casques qu’elles portent. Ces flots de passants écoutant de la musique « seuls ensemble » constituent l’un des signes qui dénotent l’existence d’un phénomène que nous proposons d’appeler l’iEsthétique, par allusion aux machines et aux programmes informatiques qui, entres autres caractéristiques, en représentent bien l’essence - sans toutefois en faire le tour. Car l’iEsthétique est avant tout une façon de se comporter face aux œuvres d’art, qui s’appuie à la fois sur le progrès technique, le déclin des frontières strictes entre les différentes formes d’art et les habitudes dominantes de commerce personnel avec les œuvres.

"De la Mère des dieux à la Mère de Dieu : adaptation d’éléments rituels antiques en contexte campanien moderne"

C. Prêtre, Ph. Charlier, " « C'est un peu de moi que je vous abandonne ». Maladies, gestes et objets (votifs) de l’Antiquité à nos jours", 2022

L’étude de cultes contemporains à certaines Madones de Campanie a permis de mettre en évidence des marqueurs rituels qui plongent leurs racines dans les pratiques dévotionnelles à Cybèle après son arrivée à Rome en tant que Mère des dieux en 204 av. J.-C. Il s’agira donc de retracer le parcours des gestes et des objets de l’Antiquité à nos jours pour essayer de comprendre s’il s’agit d’un phénomène de persistance diachronique entretenue par différents types de transmission ou plutôt d’une réactivation volontaire destinée à légitimer des éléments originaux ne correspondant pas au canon habituel du culte catholique.