Phénoménologie de la possibilité : Husserl et Heidegger, Paris, PUF, coll. "Épiméthée", 2016 (original) (raw)

Résumé : Cet ouvrage issu de notre travail de thèse propose de caractériser le projet philosophique de Husserl et de Heidegger comme une phénoménologie de la possibilité. De ce « benjamin des grands concepts » qu’est le possible, la phénoménologie n’a eu de cesse de faire usage, jusqu’à susciter la méfiance de ceux qui déplorent son ambiguïté extrême ou y voient l’outil d’une subversion. Néanmoins, trop rarement a été posée la question de savoir ce que la phénoménologie entend au juste par possibilité. Le concept de possibilité dont use la phénoménologie est-il le concept philosophique traditionnel, qui repose le plus souvent sur l’identification du possible au concevable, ou bien y a-t-il quelque chose comme un concept phénoménologique de possibilité qui ne se confond ni avec le concept métaphysique ni avec le concept modal ? Notre objectif a été de tenter de reconstruire ce concept en partant de Husserl et de Heidegger pour faire apparaître la manière dont la phénoménologie a renouvelé la compréhension du possible : non seulement elle renverse le primat traditionnel de l’effectif sur le possible, mais elle accomplit, plus loin encore, le dépassement de leur opposition statique pour mettre au jour leur co-appartenance dynamique. Si donc, pour la phénoménologie (selon le mot célèbre de Heidegger), « plus haut que l’effectivité se tient la possibilité », c’est pour autant qu’elle découvre l’entrelacement de l’effectif et du possible dans le réel. Ainsi, loin d’avoir entériné la pensée métaphysique de la possibilité, la phénoménologie, telle qu’elle a été mise en place par Husserl et continuée par Heidegger, a profondément modifié la compréhension traditionnelle du possible. En parlant d’une pensée phénoménologique de la possibilité, nous ne nous contentons cependant pas d’affirmer qu’il existe un concept phénoménologique de possibilité, qui ne se confond ni avec le concept métaphysique, ni avec le concept modal. En effet, à notre tâche première de mettre au jour la pensée phénoménologique de la possibilité avec Husserl et Heidegger s’ajoute une tâche d’un autre ordre, consistant, non plus à montrer que le concept de possibilité a reçu, de la part de la phénoménologie, un traitement particulier, voire insigne, mais à prouver que la phénoménologie s’est elle-même jouée, pour une grande partie et en ses moments décisifs, dans l’infléchissement de la pensée de la possibilité. Notre deuxième objectif général dans cet ouvrage est donc de montrer que, avec Husserl et Heidegger, la phénoménologie a pris d’emblée le visage d’une phénoménologie de la possibilité, c’est-à-dire d’une phénoménologie qui atteste la phénoménalité du possible en l’inscrivant au cœur de l’expérience et de l’existence.