Les Métamorphoses d’un havane noir et juteux… (original) (raw)

D’un monde à l’autre : une relecture du Pagne noir

Bernard Dadié, 1992

En 1955 paraît donc Le Pagne noir, contes africains , seize récits dont la majorité ont pour personnages des animaux, en particulier Kakou Ananzè l’Araignée, même si le second, qui donne son titre au recueil, a pour héroïne une orpheline – des contes que Dadié a choisi de recréer pour mieux en rendre la vivacité. Ces contes sont examinés ici pour en souiligner les caracteristiques et mettre en valeur la richesse de la littérature orale dont s'est inspiré l'écrivain ivoirien.

DU BESOIN DE TRADUIRE ET D’ANCRER L’EXPERIENCE NOIRE DANS L’HEXAGONE

Africultures, 2019

En France hexagonale, la nécessité d'indigéniser les approches à l'ethnicité, à la race et à la question noire se fait pressante. Le terme « indigéniser » doit être saisi dans son sens premier, c'est-à-dire celui d'un ancrage dans le sol français, le lieu de vie des populations noires dont il est question. Dans 20 Questions et Réponses sur l'Europe Noire 1 , Stephen Small souligne que les besoins et intérêts des populations noires n'ont jamais été un sujet de préoccupation majeure en France. Objet d'attention dans le passé, lorsqu'ils étaient considérés comme des atouts (corps remplissant les cales des bateaux négriers ou chair à canon dans les grandes guerres), les Noirs de/en France ne comptent plus guère aujourd'hui. Nos voix sont marginalisées, ignorées, étouffées et, comme le relève Pap Ndiaye dans La Condition Noire, bien que « les hommes et les femmes noirs soient visibles en tant qu'individus, ils sont invisibles en tant que groupe social, objet de recherche savante ou d'intérêt politique ». Après l'ancrage territorial, naît logiquement le besoin urgent d'ancrer la vie et l'expérience des Noirs en France dans la langue française, dans le quotidien et l'histoire de la France, dans la constitution de son identité nationale et dans sa relation avec le monde extérieur. Pour Small « tant que nous ne nous mobiliserons pas socialement, politiquement et intellectuellement pour insister sur nos priorités, produire et diffuser des connaissances critiques sur nos vies, nos corps et nos expériences, nos besoins seront ignorés, rejetés ». Nous y ajouterons que tant que nous, Français noirs et Noirs en France, ne travaillerons pas activement à l'ancrage de nos trajectoires dans la langue et dans l'histoire de notre pays, nos besoins et notre présence continueront à être négligés. Nous considérons la langue comme étant la première arène de ce combat.

Apulée et l'âne des Métamorphoses

Analyse comparée de la nouvelle grecque 'Lucius ou l'âne' et des 'Métamorphoses' d'Apulée, avec des remarques. Pour un résumé rapide de l'intrigue, voir la partie 2.2. Une évocation d'une part du sujet, sur le billet 'L'Âne et nous, et Apulée' du carnet Caramel.

Métamorphoses et significations d'un rituel

Publié in : Germaine Tillion d'Allègre au Panthéon Actes de la journée d'hommage à Germaine Tillion Allège 28 mars 2015 Editions de l'association Germaine Tillion mémoires d'Allègre, Allègre 2016, p. 23-48

L’été de la cigale : la mutation noire

Voix et Images, 1980

Des cinq romans d'Yvette Noubert publiés entre 1965 et 1977, un seul, L'Été de la cigale \ semble avoir été remarqué par la critique. Ce livre, où l'arrivée d'une Noire, Lorraine, trouble la conscience que les autres ont de leur identité et de leur insertion sociale, peut se lire comme une double métaphore; l'une, explicite, joue sur le contrepoint suivant: cigales périodiques / Lorraine; mutation zoologique / mutation spirituelle; l'autre, implicite et métatextuelle, suggère une relation entre le problème socio-historique des Noirs américains et celui des Canadiens français, relation confirmée par des textes extérieurs au corpus choisi, tels Nègres blancs d'Amérique de Pierre Vallières. Les implications de cette superposition n'entrent qu'indirectement dans la méthode topoanalytique, mais peuvent sans doute en élargir la portée, car le rapport des personnages à leur espace met en jeu des attitudes aussi bien idéologiques qu'affectives. Des deux groupes essentiels (Blancs. Noirs), les Blancs Bob et Cora Henderson-Fleming s'avèrent dans le roman impuissants à assumer la prise de conscience que leur impose leur belle-fille noire: à admettre que leur pratique affective et idéologique repose sur la création d'un espace de refuge imaginaire; après avoir fui la maison, Bob meurt dans un motel de crise cardiaque, tandis que Cora sombre dans l'alcool. Pour les domestiques noirs des Henderson, Sam et Abigail, le choc consécutif à l'intrusion de Lorraine dans un espace-prison qu'ils réussissaient à accepter par recours à l'imaginaire, déclenche un processus de révolte, et même, pour Abigail, le suicide. Seul le couple Lorraine-Tom parvient à se sauver, au double sens de l'expression. Le roman s'organise un peu à la manière d'une tragédie classique, dans un temps restreint (deux semaines environ, découpées en «Journées») et en un lieu central (la maison Henderson, d'où et vers laquelle rayonnent les espaces secondaires), autour dune crise brutale qui force le potentiel secret de chacun à se manifester. Comme chaque personnage témoigne, dans son rapport à l'espace, d'une attitude originale et décrit même une sorte de position modèle vis-à-vis d'attitudes affectives et idéologiques, il m'a paru adéquat de les analyser successivement.

"Métamorphoses de l’utérus, d'Hippocrate à Ambroise Paré"

Gesnerus 59, p. 167-186, 2002

The treatise Des monstres et prodiges (1579, 1585) by Ambroise Paré includes a vignette depicting a monstruous embryo in the form of a human head surrounded with snakes. This picture belongs to the iconographic tradition relating to the Graeco-Roman mythology of sexuality and procreation. It derives from the belief in the womb's animal nature, illustrated on magic Graeco-Roman and Byzantine gemstones, where the uterus is shown in turn as a cupping vessel, a scarab-beetle, an octopus or the head of Gorgo.

Métamorphoses du problème africain

Métamorphoses du problème Africain, 1990

Relantionships between french speaking Africa and its former colonial master have been structured for decade by a "colonial pact"; this essay analyses the end of this structre and the difficult years following - from the 60s to early 90s.

L'IMAGINAIRE DU MARAIS CHEZ APOLLONIOS DE RHODES ET QUINTUS DE SMYRNE

Pour peu que l'on s'intéresse à l'histoire de la sensibilité paysagère, on remarque que le marais semble être victime, de la part de l'époque moderne qui en configure la réception, d'un rejet quasiment unanime. Toutefois, malgré cette répulsion, nous avons pu observer des concrétions plus singulières, des propositions, littéraires et artistiques, peut-être minorées, qui permettent de nuancer le statut de locus horridus attribué au marais, et de relire cet espace à la lumière de configurations positives. Ces figures autres, nous les avons rencontrées aussi bien dans la littérature antique de l'époque hellénistique, que dans la peinture paysagère du XVIIe siècle, ou encore dans le cinéma contemporain. Si elles semblent former un intertexte, il n'est pas évident pour autant qu'elles soient des résurgences les unes des autres. Toutefois, ce qu'elles ne laissent pas de désigner, ce sont d'autres enjeux de sens pour le marais, des enjeux finalement très contemporains, très différents aussi de ceux que l'époque moderne assigne aux marais. Ce sont ces enjeux que nous allons tâcher de faire émerger. De ce croisement de figures et de réappropriations que nous allons mettre au jour, apparaît aussi l'idée que le marais pourrait être une figure du Neutre, selon la compréhension du terme que construisit, jadis, Roland Barthes. À la fois terre et mer, humide et sec, liquide et solide, le marais apparaît comme un tertium quid, un «troisième terme» traversant ces catégories, et ce faisant, déjouant la frontalité de leurs oppositions. Il apparaît en ce sens comme espace à même de penser l'inassignable. Dans cette perspective, il ne sera pas surprenant de constater que son exploitation tant poétique qu'artistique va souvent se faire le relais d'une interrogation sur la construction identitaire.