Le motif de la noyade chez Maeterlinck (original) (raw)
Les traumatismes aquatiques d'Oostacker Maeterlinck ne se souciait guère des événements anecdotiques de son existence. Il nous a pourtant livrénotamment à la fin de sa vie, dans ses Bulles bleues-ses « souvenirs heureux », ne sélectionnant qu'un modeste nombre d'épisodes remontant en général à la petite enfance. Or l'un de ces événements semble l'avoir particulièrement marqué, puisqu'on peut en signaler au moins une triple émergence dans le souvenir direct. Dans l'oeuvre proprement dite, c'est d'abord Le Sablier(1936) qui offre ce témoignage : QJli de nous n'a frôlé la mort? Pour moi, dans mon enfance, je crois l'avoir vue d'aussi près qu'il sepeut, sans être sa proie... j'espère la retrouver aussi clémente, aussi prompte, aussi douce. Notre maisonde campagneà Oostacker [...] étaitsituéele longdu canal de TerneuQn [...] Attirés par l'eau, comme tous les enfants, nous rôdions sans cesse au bord de la nappe liquide qui représentait l'infini [...] Un après-midi de juillet, ma soeur, mon frère et moi y prenions nos ébats en compagnie d'un ami. [...] M'aventurant assez loin de cette berge,je suis pris d'une crampe, pousse un cri et coule à pic. Mon ami sepréciPite à mon secours. Sous l'eau, je saisis sa jambe, la tire à moi, sens que tout cède et la lâche. Avais-je l'obscurepensée qu'il était inutile d'entrainer mon ami dans la mort? [...]En tout cas,j'ai l'idée de regagnerla rive en rampant le long de la pente,. puis tout s'effondre, s'abolit,je perds connaissance[...] Mon père [...] voit se dérouler le drame et s'écrie: "R se noie! [...r R s'élance pour descendre. Un jeune charpentier [...] le devance. {R] [...] sejette dans le canal, m'agriPpe et me ramène sur la rive. je reviens à moi dans mon lit, étonné, un peu malade, ayant avalé et rendu pas mal d'eau,. mais pour le reste en assez bon point.]e fus donc à peu près mort.je crois que si je l'avais été tout à fait, je n'aurais pas éProuvéautre chose. j'avais franchi la grande porte sans m'en apercevoir. J'avais vu, un moment, une sorte de ruissellement prodigieux. Aucune souffrance, pas le temps d'une angoisse. Les yeux se ferment, les bras s'agitent et l'on n'existe plus. (Nous soulignons). Ce texte est repris, à quelques variantes près, dans Bulles bleues. Que Maeterlinck ait cru bon de donner deux versions quasi similaires de ce souvenir à douze années de distance témoigne de l'importance qu'il lui accordait. Et