Introduction | La laïcité comme mode de gouvernance des religions (original) (raw)
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expresses the legitimation of the topic and that reveals the different conceptions on secularism in the Burkinabè society. Not only Muslim claims lead to a co-production of public action, but it also confirmed the development of an Islamic revival and the emergence of a Muslim civil society in Burkina Faso.
La laïcité, un produit de l’histoire et un outil au service des droits humains
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Au regard de son importance dans les débats qui ont fait l'histoire de la France en tant que République, on pourrait affirmer, à l'instar de Valentine Zuber, que la laïcité « est devenue le quatrième terme de la devise républicaine ». Deux cents ans d'histoire républicaine furent mus par une âpre lutte politique pour la laïcité. Ce concept, pourrons-nous dire, est désormais sanctifié, fédérant l'entièreté de l'hémisphère politique. D'aucun n'oserait alors remettre en question sa sacro-sainteté. La laïcité, dans sa conception universaliste et humaniste, héritée de l'esprit de 1789, est conçue comme régulatrice de l'ordre sociopolitique et repose sur quatre principes phares. Deux de ces principes concernent ses finalités, c'est-à-dire la garantie de la liberté de conscience et la protection contre toute forme de discrimination religieuse. Deux concernent les méthodes employées pour garantir ces mêmes finalités. Il s'agit de la neutralité de l'instance étatique vis-à-vis des cultes et de la séparation institutionnelle entre l'État et les Églises. En d'autres termes, la laïcité garantit ce que le philosophe Isaiah Berlin nommait les « libertés négatives » individuelles-l'absence d'entrave confessionnelle du sujet-par le biais d'une institution nationale et collective-l'État de droit. Ainsi Alfred Stepan parle de « double tolérance » : si le religieux perd sa primauté de la gestion de l'instance étatique, cette dernière ne doit pas interférer dans les affaires des croyants. Mais au-delà de ces principes phares naissent une diversité de conceptions. L'histoire de la France républicaine fut façonnée par un affrontement de laïcités plurielles. De 1789 à 1905, deux visions antagonistes se livrent batailles. La « laïcité séparatiste », 5 prônant une séparation stricte des institutions ecclésiastiques et étatiques, s'oppose à une « laïcité partenariale » concrétisant la coopération étroite entre les deux entités. L'année 1905 voit le triomphe de la conception universaliste et séparatiste de la laïcité. Cette conception fut, dès lors, dominante. En 1989, avec ce que l’on a communément nommé « l’affaire du foulard », s’opère un tournant. Une conception identitaire de la laïcité vint s’opposer à l’hégémonie de la laïcité universaliste.