Sur les vers du boîtier funéraire dit “reliquaire” du cœur d'Anne de Bretagne (1514) (original) (raw)
2020, HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe)
Sur les vers du boîtier funéraire dit "reliquaire" du coeur d'Anne de Bretagne (1514) 1. Deux « huitains » avec deux morceaux de date ? En 1514 à la mort d'Anne, duchesse de Bretagne et, pour la seconde fois reine de France par mariage avec Louis XII, son coeur est placé dans un boîtier (« vaisseau ») en forme de coeur, en or rehaussé d'émail, surmonté d'une couronne, puis transporté de Blois à Nantes en grande pompe et « enterré » dans un tombeau ducal, dans la chapelle du couvent des Carmes 2. Il s'agissait donc d'un écrin « coeur » (image) ou boîtier funéraire, tombeau du coeur de chair, nullement d'un « reliquaire » comme on le désigne souvent même officiellement 3 depuis plus d'un siècle : on mettait les « reliques » d'un saint pour leur usage dans un culte, donc on ne les enterrait pas et Anne n'était pas alors considérée comme sainte ; et il ne suffit pas d'exhiber publiquement un boîtier funéraire extrait de sa tombe et vidé de son contenu (éventuelles « reliques ») pour le convertir en reliquaire. Actuellement confié au Musée Dobrée de cette ville 4 , ce boîtier porte sur ses deux faces externes des inscriptions en lettres romaines (non minuscules) disposées sur ses deux faces comme on le voit ci-dessous (dans une écriture où les graphies correspondant à nos modernes « v » et « u », ou « j » et « i », étaient encore équivalentes) 5. J'ai malhabilement transposé en « + » ou « ∆ » des quadruples ou triples points et signalé par « ∞ » un motif horizontal dont on reparlera (§2 ci-dessous). 1 Version légèrement retouchée en 2020 d'un texte de 2018. Remarques et critiques souhaitées d'autant plus bienvenues que j'effleure ici des domaines où ne je connais presque rien. Merci à Olivier Bettens, Jean-Charles Monferran et Pierre Maréchaux pour leurs remarques. 2 Tombeau aujourd'hui visible dans la cathédrale de Nantes. 3 Déjà au moins en 1819 L. Lévesque maire de Nantes le désigne comme « reliquaire » tout en disant qu'il « appartient au tombeau placé dans la cathédrale » (cité par Jean-François Caraës, « "Un coeur pour mémoire"… courte. À propos du reliquaire du coeur d'Anne de Bretagne » (http://www.societe-historique-nantes.fr/data/mediashare/gj/0kjqx8bdw7nwueicvhd1rr4zru5vsrorg.pdf consulté en juin 2018, p. 119). 4 Il y a été dérobé une nuit d'avril 2018 (avant d'être retrouvé par la police huit jours plus tard). Sur la destination de ce coeur en 1514, voir dernier paragraphe ci-dessous et Pamphyle Le May, Le Coeur mal gardé, Québec, 2018. 5 Les transcriptions publiées des paroles de l'écrin sont parfois assez approximatives, spécialement à l'égard de la ponctuation. Une transcription assez soigneuse avait été déjà publiée par F. de Guilhermy (1875) dans ses Inscriptions de la France du V e siècle au XVIII e , tome 2 Ancien diocèse de Paris, qui écrit (p. 165-167) : « Les inscriptions du coeur d'Anne ne sont pas inédites ; mais nous nous sommes attaché à les reproduire avec plus d'exactitude qu'on, ne l'a fait avant nous. ». La lettre « e » manque sur l'avers (coquille) à la seconde occurrence de « mieulx ». Je n'avais pas connaissance de l'ouvrage abondamment documenté de Jacques Santrot, ancien directeur du Musée Dobrée, Les Doubles funérailles d'Anne de Bretagne. Le corps et le coeur (janvier-mars 1514), Genève, Droz, 2017 quand j'ai rédigé les premières versions mises en ligne de la présente étude.