Des autrices dramatiques parisiennes dans l’espace public du XIXᵉ siècle (1789-1914) (original) (raw)
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Parisian Women Playwrights in Nineteenth century’s Public Sphere (1789-1914)
2020
Le XIXᵉ siècle correspond en France au temps de l’avènement républicain et à celui de l’affirmation d’une démocratie libérale et laïque, appuyée sur deux piliers principaux : le suffrage universel masculin et l’affirmation des libertés rendant possible l’exercice démocratique. La République exclut pourtant, à la fin du siècle, les populations nouvellement intégrées à l’Empire colonial et toutes les femmes. Malgré leur absence de citoyenneté civique (pas le droit de voter, de se faire élire et donc de représenter ou de se faire représenter, ni le droit de défendre en étant avocate), des femmes exercent, par le biais d’œuvres de l’esprit, notamment théâtrales, leur liberté de conscience et leur liberté d’expression proclamées par les articles 10 et 11 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789. À partir de vingt-et-un cas d’autrices dramatiques ayant eu à Paris des pièces représentées entre 1789 et 1914, est explorée la façon dont elles utilisent le théâtre comme un...
Écrivains : modes d'emploi. De Voltaire à bleuOrange, catalogue de l'exposition du Musée Royal de Mariemont (novembre 2012-février 2013), Morlanwez, Musée Royal de Mariemont, 2012., 2012
De tout temps, les écrivains ont entretenu des liens complexes avec la politique, faits d'une fascination réciproque, marquée par la crainte comme par l'envie : écrivains antiques au service du prince, chroniqueurs médiévaux et dénonciateurs de régimes absolus sont légion. Mais, aux XIX e et XX e siècles, les relations entre écrivains et politique se diversifient considérablement, et revêtent, à bien des égards, des formes inédites. L'avènement des États-nations, la lente démocratisation des régimes, l'apparition de régimes totalitaires et l'expérience des deux guerres mondiales déterminent en profondeur le rôle et la fonction assignés aux écrivains, en particulier en ce qui touche à leur rôle dans l'espace public.
Écritures publiques, publics de l’écriture : histoire d’une médiation
2006
Le propos ici n'est pas de revenir sur le débat entre anthropologues et historiens sur le rôle de l'écriture dans le façonnement de la pensée humaine et des sociétés 2 . Mais plutôt de tenter de montrer la difficulté de prendre un objet d'étude sur un temps long, avec le risque de voir sa définition fluctuée. Tout d'abord en énonçant une évidence, il faut remarquer que le support et les formes même de l'écriture varient à travers les âges. En empruntant un raccourci grossier, des premiers pictogrammes à l'écran des ordinateurs, les historiens n'ont pas un rapport identique à l'écriture selon leur période : épigraphie, calligraphie ou paléographie, manuscrit ou imprimé, etc… La « matérialité » de l'écriture implique un usage qu'il conviendrait de définir. Par ailleurs, « l'écriture » en tant qu'objet d'analyse n'a pas été étudié avec une curiosité égale selon les différentes périodes historiques. Ainsi Jesper Svenbro a centré ses recherches sur l'écriture dans la Grèce antique, délaissant la lecture 3 . A l'inverse, Roger Chartier dans ses travaux donne une place privilégiée à celle-ci, interface entre un texte et un public 4 . De même, chez les sociologues, la séparation opérée entre oral et écrit a pu relégué au second plan les pratiques de l'écriture. Espaces domestiques ou espaces professionnels engendrent des pratiques d'écriture. R. Chartier en a inventorié quelques pratiques dans les sociétés modernes, les incluant ou non dans la sphère de la littérature. Celles qui en sont exclues se définissent par leur banalité, leur quotidienneté, demeurent « sans qualité » (littéraire s'entend). Cette catégorisation s'applique facilement à des écritures médiévales, modernes ou contemporaines 5 . La réflexion actuellement porte sur un autre type d'écriture : l'écriture domestique 6 . Peut-elle être l'antithèse exacte d'une écriture participant à la
À quelles conditions la poésie peut-elle bien prétendre se mêler de problèmes publics ordinaires ? Christophe Hanna propose de démonter ce qui soustrait la poésie à l'espace public et de remonter un cadre approprié pour l'y inscrire activement. Il s'agit d'une poésie de dispositifs, qui livre des ressources critiques sur les discours et les représentations qui traversent l'espace public.
Women in French Studies Journal, 2024
En 1889, la poète, romancière, dramaturge, traductrice, journaliste et éditrice Letizia de Rute, précédemment connue sous les noms de Princesse Marie Laetizia Studholmine Wyse-Bonaparte, Madame de Solms, Madame Rattazzi, et aussi sous le nom de Baron Stock, éditeur et fondateur officiel de La nouvelle revue internationale (1888–1908), fréquente pendant six mois l’Exposition universelle qui se tient à Paris. Entre mai et novembre 1889, Rute publiera sous plusieurs pseudonymes dans cette revue, une série de dix-neuf articles bimensuels intitulés « Lettres sur l’Exposition » et « À vol d’oiseau ». À travers ces textes se révèle le regard d’une femme qui perçoit et représente des cultures et des identités multiples au sein d’un espace public témoignant de changements liés à l’expansion coloniale sous la IIIe République française. Sans réfuter la responsabilité des femmes européennes dans le processus impérial, cette analyse porte ainsi sur trois aspects des écrits de Rute : son fort désir d’aller à la rencontre de « l’autre », son regard ambigu vis-à-vis des étrangers et leurs pratiques culturelles – c’est-à-dire comment elle a soutenu et s’est opposée à des idées impérialistes –, et enfin la façon dont son écriture polyphonique véhiculée par de multiples pseudonymes lui permet d’émerger en tant que femme journaliste et de contribuer à la critique naissante des manifestations culturelles de cette fin de siècle.