Recension de l'ouvrage:Marie-Jo Thiel (dir.), "L’automne de la vie. Enjeux éthiques du vieillissement", Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg, 2012, coll. « Chemins d’éthique », 414 p (original) (raw)
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Depuis le début des années 2010, plusieurs études ont démontré qu’il est possible de ralentir le vieillissement des êtres vivants par au moins deux processus identifiés : un ralentissement du métabolisme obtenu par une restriction calorique et un rallongement des télomères (extrémités des chromosomes dont la longueur détermine la vitesse de vieillissement cellulaire) par une activité physique régulière. L’idée de la possibilité de ce ralentissement, présentée comme une grande découverte du XXIe siècle, a en réalité été formulée dès l’Antiquité. Très tôt, les Anciens se sont demandés si la durée de la vie était prédéterminée, ou s’il était possible de l’allonger en modifiant certaines pratiques. Il s’agit là d’une question capitale pour les êtres humains, puisqu’elle touche aux sujets fondamentaux de la prédestination et du libre-arbitre, qui intéressent à la fois la philosophie et la médecine. Certains des comportements humains,qu’ils relèvent de choix éthiques ou diététiques, peuvent-ils ralentir le vieillissement et allonger ainsi la durée de l’existence ? L’idée selon laquelle le vieillissement d’un organisme est susceptible d’accélération ou de ralentissement est bien présente dans la pensée antique, principalement dans la littérature médicale, mais aussi, surtout chez les Romains, dans la littérature non technique. S’agit-il simplement d’une autre manière de dire « allonger la durée de vie » ou avons-nous véritablement la formulation de cette idée qui nous semble si moderne de la variabilité de la vitesse du vieillissement de l’organisme ? L’utilisation des adverbes que nous venons de relever vient confirmer clairement la seconde hypothèse. Les adverbes utilisés, en grec ou en latin, ne renvoient pas à un axe spatial, mais temporel : il s’agit bien de l’expression d’une vitesse du vieillissement variable selon les individus. Au contraire, l’idée d’allongement de l’espérance de vie, elle aussi présente chez les Anciens, est formulée à travers des expressions qui relèvent de la spatialisation du temps. Il ne s’agit donc pas seulement de vivre plus longtemps, mais de ralentir le vieillissement, c’est-à-dire de prolonger la période de la vie en meilleure santé, de retarder autant que possible la dégénérescence sénile. Afin de mieux comprendre cette théorie de la variabilité de la vitesse du vieillissement dans la pensée antique, nous avons analysé les passages traitant de ce sujet chez les auteurs médicaux grecs et latins (le Corpus hippocratique, le traité De la médecine de Celse et l’oeuvre de Galien), mais aussi chez les auteurs non médicaux qui ont traité de matière médicale, tout particulièrement Aristote, Sénèque et Pline l’Ancien. Nous tâcherons ici de démontrer que cette théorie répond à des préoccupations tout autant médicales que philosophiques, à la croisée des mécanismes physiologiques et des préoccupations morales.
2016
La vieillesse comme naufrage ou plutôt comme promotion de l’autonomie de la personne âgée ? Des dérapages normatifs peuvent avoir lieu de nos jours. Les personnes âgées interrogent les plus jeunes. Nous tentons ici une alternative : accepter la dépendance sans infantilisation. Le champ sémantique du grand âge a évolué. Le vocabulaire biblique déjà avait évolué sur ce thème. Le Premier Testament oscille entre l’autorité du vieillard et la sagesse des aînés. Ainsi les livres sapientiaux ont- ils beaucoup à nous apprendre aujourd’hui sur nos vies qui cheminent ou sur la transmission inter-générationnelle, ou encore la frontière vie/mort jusqu’à la figure culminante de Jésus, dont la mort aura été si précoce. Is old age synonymous with the collapse or should it rather signal the fostering of elderly people’s autonomy ? Normative standards can sometimes get out of control today. The elderly community turns to the younger generation for answers. Here, we would like to offer an alternative, one which accepts dependence without infantilization. The semantic field of old age has changed ; as had already the biblical lexicon. The First Testament alternates between references to an elderly authority and the wisdom of the aged. Accordingly, the Sapiental Books can be a special resource for us, as we plod daily along, about inter-generational transmission or even about the frontier between life and death up to the culminating figure of Jesus who died happened so prematurely.
Genèses, 2014
Cet article interroge le vieillissement à partir de l’agenda/journal d’un homme de quatre-vingt-sept ans, ancien employé des ressources humaines, rédigé alors qu’il vivait à domicile puis en maison de retraite. Partant d’une critique des approches du vieillissement en termes d’expérience, il propose d’analyser les écrits de l’enquêté en les replaçant dans leurs contextes sociaux et en les rapportant à la situation d’enquête, afin de comprendre les marges de manœuvre des personnes âgées au regard des cadres qui les contraignent. This article examines aging using the calendar/journal of an 87-yearold man, a former human resources employee, begun while he was living in his own home and continuing after his move to a retirement home. Beginning with a critique of approaches to experience of aging, the article analyzes the informant’s writings by resituating them in their social contexts and connecting them to the survey situation, in order to understand the range of possibilities available to the elderly in relation to the frames that constrain them.
Sociétés Contemporaines, 2023
Les « bonnes pratiques » visant à diminuer notre empreinte écologique sont devenues des mots d’ordre du quotidien. Les pouvoirs publics institutionnalisent et normalisent les « éco-gestes », sur lesquels capitalisent des entreprises. Mais leur succès relatif invite à s’interroger sur les contradictions que leur multiplication engendre. Ces injonctions, héritées d’une institutionnalisation de différentes régulations de l’écologie, reposant tantôt sur les collectifs ou les individus, l’État ou le marché, produisent un empilement normatif problématique. L’institutionnalisation de « l’écologie des petits gestes » cohabite avec, voire se heurte à des logiques qui lui préexistent, mine l’action politique et militante écologiste, et étend l’emprise du marché sur les mondes associatifs et professionnels. Ce dossier l’illustre, en complément des travaux sur l’écologisation de l’action publique, le gouvernement des conduites ou encore la réception par les publics : l’activisme militant au sein des marches pour le climat se divise sur les « éco-gestes » (Giuseppe Cugnata, Maxime Gaborit et Yann Le Lann), les militants des circuits courts sont marginalisés face aux injonctions de la « consommation responsable » (Gabriel Montrieux), l’aide alimentaire est soumise à l’immixtion des impératifs de l’anti-gaspillage (Tom Beurois), et le compostage se trouve en proie à sa marchandisation (Maud Hetzel). Aussi l’écologie au quotidien aboutit-elle à fragmenter ou à déstabiliser les secteurs de l’action environnementale qu’elle prétend soutenir.
Pour une éthique problématique. Par K. Axelos. Paris, éd. de Minuit, 1972, 117 Pages
Dialogue, 1973
Un peu comme dans les systemes philosophiques classiques, M. Axelos fait suivre son grand livre Le jeu du monde (paru en 1969) d'un traite d'ethique, dont le but explicite est «d'inserer le jeu de Phomme dans le jeu du monde» (4 e page couverture). La these centrale est relativement simple: en ethique-comme d'ailleurs dans toutes les branches du savoir-il convient aujourd'hui de renoncer a 1'absolu. Les morales metaphysiques a preceptes dogmatiques-qu'elles soient idealistes ou materialistes, individualistes ou socialistes-ne sont plus de mise. II s'agit maintenant de considerer la vie et la mort comme un jeu dont les regies nous echappent (et nous echapperont toujours), mais que nous pouvons malgre tout essayer de jouer au meilleur de notre connaissance avec humour et ser6nite, ces deux derniers traits spdcifiant la tentative d'Axelos par opposition a toute morale du desespoir et a toute morale de la revoke contre l'absurde. Apres une serie de «preliminaires» sur les rapports de l'ethique avec la religion, la politique, l'art, la philosophic, la technique et les sciences (p. 9-32) et un premier chapitre consacr6 aux rapports de la pensee et de l'action (p. 33-53), l'auteur essaie de poser en termes nouveaux la question «que faire?» (ch. II, p. 55-69); il s'attaque ensuite a ce qui constitue selon lui le theme central de toute probtematique ethique, l'insertion du jeu de l'homme dans le jeu de l'univers (ch. Ill, p. 71-90): il nous faut d^finitivement apprendre que l'univers est un jeu que personne ne controle (pas meme P«archi-joueur celeste») et dont nous ne sommes que les pions: «reste par consequent a jouer et a se jouer», le tout dans un etat de «serenite fremissante» (p. 81); le quatrieme chapitre est consacr6 a des «perspectives historiques» (p. 91-107) concernant le destin de la civilisation; et le livre se termine par une «finale» (p. 109-117) dont l'essentiel peut sans doute se ramener a quelques conseils pratiques: «Penser plus radicalement, plus originellement et plus productivement. Agir plus souplement, plus ironiquement (...) Ne pas chercher un sens du monde ou de la vie, mais s'insdrer dans leur jeu (.. .) £tre et rester eveill6, constater avec humour les progres de la betise (...) Savoir accueillir ce qui vient vers nous, savoir perdre, savoir prendre conge de ce qui s'eloigne de nous» (p. 109-111). Ainsi, malgre le titre et les avertissements continuels sur le caractere «probl6matique» de l'ethique nouvelle («loin de tout moralisme», p. n) , l'ouvrage adopte en terminant le ton des moralistes classiques, celui de la maxime. Que ces conseils soient profitables ou non, il ne
Résumé Le vieillissement des individus, ainsi que celui des populations, doit être vu comme un phénomène très positif. L’arrivée des baby-boomers dans les âges de la retraite et de la vieillesse devra cependant être bien prise en main pour éviter des dérapages. À partir de l’exemple du Québec, on décrira comment faire pour éviter certains effets pervers de l’État providence face à une évolution démographique non envisagée lors de son établissement. Il y a donc lieu de revoir les modalités de nos programmes sociaux de santé et de retraite pour faciliter une gérance de la vie en société qui soit équitable pour toutes les générations. Abstract Aging populations: Inevitable but positive if managed with an emphasis on intergenerational ethics The aging of individuals, like that of populations, is a positive thing. Nonetheless, baby boomers’ move into retirement and old age will have to be managed carefully and appropriately. Taking Quebec as an example, we describe how certain possible perverse effects of the welfare state can be avoided by dealing with demographic changes not expected when it was set up. The terms and conditions of our health care and retirement programs should be reviewed so as to facilitate better social relations and ensure the situation remains equitable for all generations.