Aglio, R. The dispersion, circulation and reuse of ceiling panels in France in the 19th and 20th centuries, "The Commerce & Circulation of Decorative Arts 1792-1914: Auctions, Dealers, Collectors and Museums", projet OBJECTive ANR, Université Lyon 2 (Lyon, Musée des Beaux-Arts, 25-27 settembre 2024) (original) (raw)
En France, l’achat et la vente de plafonds peints provenant de Crémone représentent un phénomène articulé qui impliqua de célèbres antiquaires et amateurs dans un enchevêtrement toujours à démêler qui se relie aux dynamiques de collection les plus larges du XIXème siècle et à la dispersion du patrimoine artistique italien. La redécouverte et le nouvel essor des closoirs, couverture typique des demeures entre Moyen Age et Renaissance dans la région méditerranéenne, eurent lieu à partir de la deuxième moitié du XIX siècle, moment de l’unification de l’Italie. Les closoirs, réapparus en grande quantité en occasion de la démolition d’anciens bâtiments, attirèrent surtout une clientèle étrangère divisant les propriétaires, les antiquaires et les acquéreurs entre indifférence et recherche approfondie, entre malentendus et compréhension du rôle structurel des petits panneaux. A cause d’une législation italienne vacante sur les biens culturels jusqu’à 1909, la dispersion mena à une correspondance labyrinthique entre Europe et États-Unis qui, au fur et à mesure, vit changer les exigences des acquéreurs. Ces derniers n’étant pas toujours intéressés à la fonction des artefacts, ils cherchaient plutôt des témoignages du passé à adapter à leur réalité, à travers un dialogue esthétique riche en dissonances dans lequel les closoirs finirent par être rognés, repeints, encadrés et réutilisés comme complément de mobilier. Apparemment, en France, toutes les modalités de réutilisation des closoirs se concentrèrent: des groupes remis en place dans de riches demeures de collectionneurs ou qui ont conflués dans les musées ; des artefacts dispersés devenus de petits portraits ; de petits groupes assemblés en meubles, armoires, consoles dans le cadre d’une production artisanale pas encore étudiée. En France, tout comme en Italie, Grande-Bretagne et États-Unis, il s’agit d’un phénomène de circulation qui dut prendre des caractéristiques d’un ampleur et d’une articulation bien plus grande que ce que les recherches ont attesté jusqu’à présent ; il s’agit d’une circulation qui pourrait être approfondie davantage grâce à l’étude systématique des catalogues, des collections privées et des ventes aux enchères à partir des dernières décennies du XIXème siècle.