Tordre les théories queer : pensées antiracistes et décoloniales (original) (raw)

Dé/faire les corporéités queers en contexte néolibéral

Communication, 2024

La présente étude se penche sur les dynamiques d’expression queer dans un contexte néolibéral deux artistes travesties de São Paulo. Elle explore en quoi leur profil Instagram et leur participation à l’événement Casa de Criadores agissent comme des plateformes intermédiaires entre leur créativité informelle et les structures formelles de la créativité qu’elles aspirent à intégrer. Bien que ces plateformes permettent une visibilité et promettent une reconnaissance sociale, elles posent également la question de la valorisation et de l’exploitation des ressources issues de leur vécu, pouvant perpétuer des formes de domination sociale. L’étude s’inscrit dans une réflexion sur les paradoxes de l’individuation capitaliste en recourant à la sémiotique visuelle en dialogue avec la philosophie et l’esthétique. This study examines the dynamics of queer expression in a neoliberal environment with tô transgender artists from São Paulo. It explores how their Instagram profiles and participation in the Casa de Criadores event act as intermediary platforms between their informal creativity and the formal structures of creativity they aspire to integrate. Although these platforms allow visibility and promise social recognition, they also raise the question of how the resources from their lived experience are valued and exploited, which can perpetuate forms of social dominance. The study is part of a reflection on the paradoxes of capitalist individualization, using visual semiotics in dialogue with philosophy and aesthetics.

Une histoire de la "pensée décoloniale"

Philosophie Magazine, 2021

Cinq épisodes d'une histoire de la pensée décoloniale : des origines latino-américaines aux sources françaises, des conflits internes au mouvement décolonial, des différences entre décolonial et postoclonial, et des différences entre les études décoloniales latino-américaines et le militantisme décolonial français.

Lacan et la théorie queer

Cliniques méditerranéennes, 2006

Dans Cliniques méditerranéennes Cliniques méditerranéennes 2006/2 (n 2006/2 (n o o 74) 74), pages 61 à 78 Éditions Érès Érès

Ni dieux, ni maîtres, ni futur? Contre le courant ultragauchiste de la théorie queer

Revue politiqueer, 2018

Dans une certaine mesure, la théorie queer jaillit de la négativité et s'en nourrit. La négativité en question peut être qualifiée d'affective en ce sens que la violence et l'oppression infligées aux sujets queers, ainsi que la colère et la résistance qu'elles provoquent, peuvent en général et dans un premier temps être caractérisées comme étant négatives. Mais alors quel est le statut philosophique et quelle est la fonction de cette négativité en théorie queer contemporaine ? Est-elle purement critique, purement réactive – voire autodestructrice – ou peut-elle indiquer dialectiquement le chemin d'un meilleur avenir queer ?[1] Le texte qui suit esquisse le bilan de la théorie queer contemporaine à la lumière de cette question de la négativité. Voici la position que nous défendons : il y a en théorie queer un courant ultragauchiste qui déploie la négativité d'une manière particulariste et antirévolutionnaire, tout d'abord pour des raisons de nihilisme actif – c'est-à-dire de cynisme/aventurisme – et en deuxième lieu pour des raisons d'angélisme moral. Cette étude est limitée par son caractère purement diagnostique, ainsi que par la nécessité de rassembler, d'une manière rigoureuse et systématique, des données non-anecdotiques pour concrétiser l'hypothèse qu'il y a, dans le militantisme queer, quelque chose qui ressemble à une dialectique de la liberté et de la terreur. Mais compte tenu de ces limites, il est tout à fait plausible de dire que les queers qui cherchent à se rallier au radicalisme politique font face à la question suivante : comment échapper au dilemme ultragauchiste, c'est-à-dire à l'alternative entre, d'une part, le nihilisme, et de l'autre, une sorte de libéralisme fondamentaliste ? Il n'est pas question ici d'éliminer la négativité des ouvrages et des interventions queers, mais plutôt d'examiner la manière dont cette négativité se manifeste aujourd'hui, ainsi que la manière dont les queers pourraient déployer une certaine négativité politique. Dans la mesure où cet essai offre un diagnostic du problème, il constitue un premier pas dans cette direction. Pour conclure, je proposerai certaines pistes s'appuyant sur les perspectives politiques ouvertes par Monique Wittig pour sortir de l'impasse. Je considère la négativité de ce texte même comme du mortier que nous pourrons utiliser pour bâtir la suite.

Utopies queer et dystopies lesbiennes

Skenegraphie

Propos recueillis et traduits de l'espagnol par Gabriela Cordone et Marie Rosier Le centre culturel La Fundición de Bilbao relevait le défi, il y a quelque temps, de mettre en scène Inundación, une pièce lesboféministe. Son auteure, la dramaturge argentine Mag De Santo, est aussi à l'origine du Manifeste pour la lesbianisation du théâtre, un texte qui revendique une pratique et une gestion du théâtre libératrices. À l'occasion de sa traduction en français, nous avons questionné Mag De Santo à propos de ce programme plus éthique qu'esthétique auquel nous voulons, toutes, croire. Le Manifeste pour la lesbianisation du théâtre contient diverses revendications dans lesquelles on devine des positionnements personnels, sociaux et politiques. Concrètement, comment est-il né ?

Quelle place pour le discours critique de la race dans le travail social antiraciste et décolonial

Intervention, 2022

Cet article analyse la place de la race dans les discours en travail social. Une recension critique de la littérature démontre que les enjeux raciaux sont abordés à travers quatre tendances : l'interculturalisme, l'analyse des inégalités, les pratiques d'intervention antiracistes et, enfin, l'intersectionnalité et l'antioppression. Néanmoins, ces tendances n'ont pas su faire de la race un objet d'analyse critique pour le travail social. Faisant usage des théories discursives de Foucault, cet article soutient que la théorie critique de la race (Critical Race Theory) peut apporter plusieurs pistes de réflexion pour s'engager dans un travail social antiraciste et décolonial.

Qui a peur de la théorie queer?

Presses de Sciences Po, 2018

Après l’adoption du mariage pour tous, les mouvements réactionnaires ont orchestré une vaste campagne contre la théorie du genre, dangereuse propagande venue tout droit des campus américains ! Bruno Perreau démontre que cette campagne s’attaque en réalité à la théorie queer, elle-même largement inspirée de textes français. Il propose, à partir de ce paradoxe, une enquête sur les liens entre identité, communauté et nation, aux antipodes du républicanisme ambiant. L’ouvrage présente les nombreuses facettes de la réponse à la théorie queer en France, de la Manif pour tous au militantisme gay, lesbien et trans, en passant par les séminaires de recherche, l’émergence de nouveaux médias, les politiques de traduction, le rôle des partis politiques ainsi que les débats autour du nationalisme et de l’intersectionnalité.

Marxisme queer : approches matérialistes des identités sexuelles

Maxime Cervulle, Nelly Quemener et Florian Vörös (dir.) "Matérialismes, culture et communication Tome 2 : Cultural Studies, théories féministes et décoloniales", 2016

Ce chapitre essaie de mettre au jour une constellation de débats liés au matérialisme, au marxisme et au mode de production capitaliste qui ont traversé les théories queer dès leur émergence. Ceux-ci n'ont cessé d'être des éléments de confrontation et d'échange importants pour les auteur·e·s queer. Il s'agira ainsi de repérer les convergences, mais aussi les divergences 1 , entre ces deux traditions. Dans une première partie nous nous concentrerons notamment sur les similitudes et différences dans la conception du matérialisme et dans la question de l'histoire chez Butler et chez Marx. Malgré les divergences, ces réflexions butleriennes ont ouvert la possibilité d'un dialogue avec le marxisme et d'une prise en compte de l'économie et du mode d'accumulation néolibéral dans les analyses queer des deux dernières décennies. Ce nouvel espace théorique dans la littérature queer, que Stephen Shapiro désigne comme un « tournant économique » (Shapiro, 2004), porte un intérêt renouvelé aux questions économiques et au marxisme, intérêt que Shapiro voyait comme une tentative de régénération. Si Maxime Cervulle et Nick Rees-Roberts ont qualifié ce renouveau théorique de « tournant matérialiste queer » (2010), ce chapitre s'efforce de montrer comment l'enjeux central du rapport entre les théories queer et marxistes, ce n'est pas tant celui du matérialisme qu'elles partagent d'une manière ou d'une autre, mais plutôt celle d'une convergence possible vers un véritable « marxisme queer ». Ainsi, nous nous concentrerons plus particulièrement sur la littérature queer qui ne se revendique pas forcement comme marxiste, pour en montrer les affinités et les distances théoriques avec le marxisme. Pour ce faire, nous fonderons directement ou indirectement sur les récentes études de Rosemary Hennessy (2000), de Kevin Floyd (2009), de Peter Drucker (2014) ou de Alain Sears (2005), ce qu'on appelle déjà « marxisme queer ».