Réviser le passé/revisiter le présent (original) (raw)
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Meta: Journal des traducteurs, 1987
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Traduire, 2010
La situation d'un traducteur dans une organisation internationale (OI) présente, a priori, peu de points communs avec celle d'un traducteur en libéral. Sauf que tous deux exercent un même métier ! Dans les pages qui suivent, Jean-François Allain rend compte d'une expérience menée au Conseil de l'Europe pour transformer la révision, traditionnellement conçue-ou vécue-dans les OI comme une relation hiérarchique d'autorité et un exercice de « correction » parfois redouté, en un véritable travail de collaboration. Cette transformation des pratiques-et des mentalités-comporte une dimension psychologique (confiance en l'autre, confiance en soi), pédagogique (apprentissage mutuel) et professionnelle (gain de qualité) dont les enseignements sont transposables à d'autres situations et intéresseront notamment les traducteurs soucieux de sortir de leur « bulle ». Elle remplace avantageusement l'autorévision et, dans 80 % des cas, rend inutile la révision au sens traditionnel du terme.
Regarder vers l'avenir -tirer les leçons du passé
Biotope City Journal, 2024
Le développement d'Amsterdam au 17e siècle comme paradigme de l'urbanisme bleu-vert et un exemple réussi à Vienne aujourd'hui Rien ne semble plus archaïque que ce titre à une époque de changements rapides. Mais ce serait faire preuve de cécité historique. Comme le montre l'histoire de l'Europe, les changements rapides des cadres de la vie sociale et personnelle n'ont pas été rares - et une réaction à ces changements a parfois été la mise en place de planifications orientées vers l'avenir, imposées par des interventions à grande échelle et qui ont ensuite fait leurs preuves pendant des siècles. Le regard souvent tourné vers l'avenir, notamment dans le domaine de l'architecture, de l'infrastructure et du développement urbain, est étonnant. À bien des égards, cela pourrait également servir de modèle pour les extensions urbaines actuelles. Le Biotope City Wienerberg à Vienne en est un exemple réussi.
Dénouer les nœuds du passé pour renouer avec l'histoire
Biografistyka Pedagogiczna, 2019
Bien des productions autobiographiques au carrefour de la littérature et de la science sont assimilables au métier à tisser de nos vies. C'est tout du moins ce que montrent les récits d'Annie Ernaux, de Didier Eribon et de Pierre Bourdieu. Ces écrits relevant des genres littéraire ou scientifique révèlent du côté de ces trois auteurs un projet existentiel assez similaire. Il s'agit pour chacun d'entre eux de poursuivre une ambition émancipatrice en nouant, dénouant et renouant les fils d'une histoire située à la frontière de l'individuel et du collectif. C'est sans doute l'une des voies royales pour faire advenir la figure énigmatique et fragile d'un sujet sous l'emprise d'une double structure : inconsciente et sociale.
Surveiller, normaliser, réprimer
European Journal of Turkish Studies. Social Sciences on Contemporary Turkey, 2008
En rupture avec les courants philosophiques postulant un individu a-historique, un des développements les plus fertiles de la pensée contemporaine a placé la production des individus au centre de ses questionnements. Ce dossier 1 a pour vocation de s'interroger sur les dimensions spécifiques de ce processus au sein des institutions qui surveillent, normalisent, répriment les individus, qu'ils soient engagés dans une institution ou au contraire objet du travail de celle-ci. À partir de techniques « qui relèvent de la surveillance, du diagnostic, de la transformation éventuelle des individus » (Foucault 2004 : 7), le travail institutionnel que nous analysons vise à enrayer ou prévenir les comportements déviants au sens de Howard Becker pour qui « la déviance n'est pas une qualité de l'acte commis par une personne, mais plutôt une conséquence de l'application, par les autres, de normes et de sanctions à un "transgresseur" » (Becker 1985 : 32. souligné par l'auteur). 2 La diversité des institutions analysées (armée, police, organisation politique, consulat), par ailleurs toutes inscrites dans un « contexte turc » 2 , s'avère ici heuristique en ce qu'elle permet de comparer différents niveaux de coercition et de tester des hypothèses plus générales sur les homologies et les transferts de pratiques entre institutions. Certaines sont régaliennes (police, armée, consulat), d'autres illégales (PKK) ; certaines sont ouvertes avec un faible pouvoir coercitif (consulat) d'autres totales (armée, PKK), c'est-à-dire coupées du monde extérieur et régulant « explicitement et minutieusement » les modalités de la vie recluse des individus y étant engagés. (Goffman 1968 : 41). Enfin, les études présentées ne sont pas des monographies : elles se concentrent sur un dispositif (la torture), sur la socialisation des agents d'une Surveiller, normaliser, réprimer
Récits et mises en texte du passé
2015
Introduction L'intelligibilité du passé n'a pas toujours eu partie liée avec le récit. La mise en intrigue est aujourd'hui souvent assimilée à l'expérience et au savoir historiques comme tels, mais un léger effort de mémoire disciplinaire suffit à rappeler combien cette évidence est récente-et sa justification encore précaire. L'examen de ce consensus historiographique, actuellement si prégnant, n'est pas de la seule compétence des historiens ; il incombe également aux didacticiens de l'histoire dont les objets se voient depuis peu traversés par une demande sociale de récits scolaires. La réhabilitation en cours de la narration dans la recherche et dans l'enseignement engage en effet les ambitions et les finalités que l'on assigne aussi bien à l'histoire savante qu'aux rapports au passé transmis dans les classes. Le refus du récit Au début du XX e siècle, les historiens positivistes comme Charles Seignobos, Charles-Victor Langlois ou même Gustave Lanson, pour ne prendre que l'exemple de la France, se sont revendiqués des sciences naturelles et expérimentales pour défendre le strict établissement méthodique des faits isolés, la « critique des sources », rejetant du même coup le travail du tissage narratif dans l'enfer des tentations littéraires. Mais il leur fallait malgré tout produire un certain enchaînement de ces faits pour présenter le passé : la simple chronologie compensa alors leur indifférence pour le récit. L'École des Annales, apparue dans les années 1930 et dont l'influence fut mondiale durant la seconde moitié du XX e siècle, opta très vite dans ses tropismes majeurs, à côté d'une ouverture au comparatisme entre espaces géographiques prônée par Marc Bloch, pour l'histoire immobile conceptualisée par Fernand Braudel ou pour l'histoire sérielle défendue par Pierre Chaunu. Les immenses stases géologiques des environnements humains, la longue durée des mentalités collectives et la rémanence de représentations sociales sur plusieurs siècles n'offraient guère de prises au narratif ; les courbes de prix, les variations démographiques et les inventaires de biens légués après décès dessinaient pour leur part des enchaînements croisés de variables et de matrices qu'aucune mise en intrigue n'aurait alors pu prétendre épuiser. Le récit était une conséquence possible de ces enquêtes, et non leur prérequis, leur ambition ou leur visée.