Figures de l'autorité. Image des forces de l'ordre dans le roman espagnol contemporain (original) (raw)
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Sur le partage de l’autorité : le cas spécifique de la fiction historique espagnole
dans Emmanuel Bouju (dir), L’autorité en littérature, Rennes, Presses Universitaires de Rennes (Collection « Interférences »), 2010, p. 345-355, 2010
Sur le partage de l'autorité : le cas spécifique de la fiction historique espagnole Isabelle TOUTON Je souhaite, avant toute chose, rappeler une évidence trop souvent passée sous silence : la première et la plus violente autorité est celle du monde de l'édition, autorité souvent passive, silencieuse, qui ne rend de comptes à personne -ni individuellement, ni collectivement -, poursuit son profit alors qu'elle détient le tout puissant pouvoir de faire advenir un auteur. Les éditeurs peuvent lire ou non les manuscrits qu'ils reçoivent par la poste, justifier leur choix, trop rarement, à l'auteur généralement destinataire des fameuses lettres types et, en ultime instance, publier ou non ce dernier. Sauf à croire, de façon romantique, que tout écrivain de valeur est destiné à rencontrer un éditeur-prince charmant, force est de constater qu'il existe de nombreux auteurs qui n'en sont pas, eussent-ils passé leur vie à écrire des chefs d'oeuvres… En France cette autorité éditoriale me paraît sans partage, les prix littéraires et bourses d'aide à la création n'examinant que les oeuvres déjà parues ; elle est peut-être légèrement nuancée en Espagne par l'existence de prix octroyés à des manuscrits, encore que la plupart soient décernés par des maisons d'éditions. En outre, l'extrême concentration espagnole de l'économie du livre et des médias renforce ce pouvoir -Prisa ou Planeta possèdent chaînes de radio et télévision, journaux et maisons éditions. Par ailleurs, les acteurs économiques et politiques jouent un rôle clé dans la canonisation, la diffusion des classiques contemporains et leur autorité symbolique dans le champ littérairepar exemple, tout roman consacré à un motif ou personnage associé à une Communauté Autonome et flattant ses sentiments nationalistes voit multipliées ses chances d'être publié, distribué, promu par des maisons d'éditions subventionnées par celle-ci.
Jouer d'autorité : la reconfiguration cartière du roman
Nouveaux mondes, nouveaux romans ?, 2018
Parce qu'il ne cesse d'être battu, mélangé, le jeu de cartes est l'incarnation d'une structure en reconfiguration permanente. Au fur et à mesure du placement des cartes les unes par rapport aux autres, c'est un monde unique qui se déploie. Cette puissance polymorphe du jeu de cartes explique que des écrivains aient été tentés de s'en emparer afin de renouveler la forme romanesque. Se faisant cartier, le roman devient dès lors capable de constituer une matrice aux potentialités narratives infinies. De tels rapprochements entre œuvre romanesque et jeu de cartes ont notamment eu lieu durant les années 1960, dans différents pays du monde occidental. Cet article envisage l'entrelacs entre jeu de cartes et structure romanesque dans deux œuvres en particulier : "Composition n° 1" de Marc Saporta (1962) et "Il castello dei destini incrociati" d'Italo Calvino (1969). En faisant procéder leur écriture des cartes à jouer, c'est-à-dire d'un principe de redéploiement des mondes possibles, Saporta et Calvino soulèvent la question de la finitude du texte, et donc celle de l'instance auctoriale.
De l'Auteur à l'auteur: Laïcisations de l’autorité sur scène (France et Espagne, 1580-1640)
Le Dramaturge sur un plateau. Quand l’auteur dramatique devient personnage, éd. Clotilde Thouret, Paris, Classique Garnier, 2018, p. 113-125
RÉSUMÉ – Dans des pièces de la fin de la Renaissance, l’auteur sur la scène renvoie à l’auteur dramatique ainsi qu’à l’auteur divin, et questionne l’ambiguïté qui subsiste entre autorité théologique et autorité dramatique. Si dans El gran teatro del mundo de Calderón, l’autor de la pièce permet d’exprimer par l’analogie la présence et le rôle de Dieu dans la création, dans les Genest de Lope de Vega et de Rotrou, l’auteur dramatique entre en concurrence avec l’auteur divin. ABSTRACT – In a few early modern Spanish and French plays, the playwright on stage represents the dramatist and the divine author, and thus addresses the fundamental ambiguity between theological and dramatic authority. In Calderón’s El gran teatro del mundo, the appearance on stage of the autor expresses through analogy the work of God in his creation, while in Lope de Vega’s and Jean de Rotrou’s adaptations of the martyr of saint Genesius, the playwright seems to be competing with the divine author.
2004
Je voudrais exprimer ma très sincère reconnaissance à Monsieur le professeur Marc Vitse, sans qui ce travail n'aurait jamais vu le jour. Il a dirigé cette recherche avec une généreuse bienveillance et une attention rare. Son exceptionnelle disponibilité, l'acuité de ses relectures, la qualité de ses remarques et la constance de ses encouragements m'ont été très précieux. Je remercie le département d'espagnol et le Cadist de l'Université de Toulouse II qui m'ont permis de mener mes recherches dans de bonnes conditions, ainsi que la Casa de Velázquez pour les deux bourses à Madrid qu'elle m'a octroyées. Je remercie tous les auteurs qui ont eu la gentillesse de m'accorder un entretien et ceux qui ont répondu à mes lettres. Mes remerciements vont, par ailleurs, à toutes les personnes qui ont bien voulu apporter leur collaboration à cette recherche, ceux qui m'ont envoyé leurs travaux et ceux qui m'ont donné des conseils bibliographiques : Merci à tous ceux qui m'ont aidée, d'une manière ou d'une autre, matériellement (relectures, hébergement, prêt de matériel, aide informatique, etc.) et moralement :
La géographie du pouvoir dans l'Espagne visigothique
Le royaume de Tolède, l'un des grands royaumes chrétiens formés après la fin de l'Empire romain d'Occident, naît dans un cadre profondément romanisé, la Péninsule ibérique et la Narbonnaise. En s'implantant en Hispanie à la chute du royaume de Toulouse, l'élite visigothique devait affirmer sa domination politique sur un territoire nouveau. Sa maîtrise de l'espace s'appuya largement sur les structures préexistantes, qu'elle revitalisa, sur la création d'agents territoriaux spécifiques et sur le recours à la collaboration des puissants laïcs et des évêques. La désagrégation politique souvent décrite pour cette période paraît largement infondée, à l'exception du nord-est du royaume, plusieurs fois soulevé par des troubles séparatistes. De fait, les séditions provenaient le plus souvent du centre lui-même, de l'entourage royal. C'est aussi autour du centre que toute la construction politique visigothique était organisée, à la fois matériellement (on observe un important mouvement de centralisation au milieu du Vlle siècle) et symboliquement, avec la montée progressive de Tolède, véritable a petite Rome ". À l'abri de frontières conçues comme hermétiques, le royaume s'identifiait à un sanctuaire, seul lieu où, sous la responsabilité de leur roi, tous les sujets hispano-gothiques pouvaient parvenir au salut dans ce monde et dans l'autre. Ainsi, sans sacrifier son efficacité au niveau administratif, la construction politique visigothique s'est aussi présentée comme un instrument de rédemption ici-bas, plusieurs décennies avant l'Empire carolingien