Argument sociologique et théories de l’interprétation : beaucoup d’interprétation, très peu de sociologie (original) (raw)

Schéma de l’interprétation et nombre d’interprétations adéquates

Semiotica, 1999

Nous aimerions presenter ici quelques propositions pour une theorie generate de Pinterpretation et une typologie des theories interpretatives. Dans un premier temps, on introduira les principaux elements d'un schema de Pinterpretation. Ensuite, on classera les theories en deux paradigmes, selon qu'elles mettent 1'accent sur la subjectivite ou sur Pobjectivite du processus interpretatif. Puis, approfondissant les systemes interpretatifs, ils'agira d'articuler plus finement le contenu des deux paradigmes en retenant, pour l'essentiel, les criteres du nombre et de la sorte de sens requis dans une interpretation adequate. Enfin, nous detaillerons l'une de ces classes specifiques produites par l'articulation des paradigmes, celle des theories du double sens. Un modele de l'interpretation Le schema de Pinterpretation (voir la Fig. 1), generalisation et developpement du schema de la communication de Rastier (1989: 47), dispose les principaux facteurs et relations de l'interpretation. 2 Nous presenterons lapidairement les elements essentiels de ce schema. L'emetteur et le recepteur Plusieurs theories proposent deux decouplages complementaires: distinguer Pinterprete empirique de Pinterprete comme instance semiotique et separer a priori Pinterprete et une classe specifique de Pontologie naive (par exemple les humains reels). Ainsi, dans le modele

L'interprétation dans son espace phénoménologique

Metodo. International Studies in Phenomenology and Philosophy, 2015

L’immanence de l’analyse (Greimas) a été une base méthodologique importante pour une éthique de l’interprétation, en retenant le texte comme la plateforme critique où les actes de communication doivent converger selon le principe régulateur de la consistance sémantique de l’entente ou du différend (Habermas, Eco). Le périmètre textuel devrait fonctionner comme le plan d’homogénéisation des tensions herméneutiques potentiellement hétérogènes. Toutefois, l’hétérogénéité ne peut qu’émerger de nouveau dans la textualité; par exemple, pendant l’expérience perceptive de l’oeuvre d’art, les signifiants peuvent devenir des interprétants du texte en démarrant d’autres articulations sémiotiques, détachées des grammaires qui ont permis l’accès prioritaire à la signification (Rastier). La délimitation de l’objet artistique est déjà une question interprétative, l’oeuvre habitant déjà un espace d’implémentation publique (Goodman) où elle est en relation avec d’autres identités culturelles. Par ailleurs, on connait bien la question classique de l’intertextualité, tout comme la présence d’une intentionnalité liée au cadre pratique de la production historique de l’oeuvre. Aujourd’hui, les développements des études sur l’oeuvre d’art peuvent dépasser la simple accumulation des problématiques et la parataxe d’applications disciplinaires, afin de repérer une syntaxe d’approches coordonnées. Cette visée a besoin avant tout d’interconnecter les distinctions entre perception, interprétation, analyse et usage de l’oeuvre d’art avec les différentes déterminations spatiales de cette dernière : l’énoncé, l’énonciation, l’intertexte, l’espace d’implémentation.

L’interprétationnisme radical

Articles, 2005

J’examine la thèse défendue par Donald Davidson selon laquelle un être ne peut avoir des pensées que s’il a été en communication linguistique avec quelqu’un d’autre par le passé. Cette thèse, que j’appelle « l’interprétationnisme radical », dérive de la thèseAselon laquelle il est nécessaire d’avoir les concepts de croyance et de vérité objective pour avoir des croyances, et de la thèseBvoulant que la communication linguistique soit requise pour l’acquisition du concept de vérité objective. En réponse àA, je préconise un point de vuecontextualiste, selon lequel les normes d’attribution de croyances dépendent du contexte conversationnel. Le contextualisme entraîne non pas queAest fausse, mais qu’elle doit être relative à un contexte. Je montre par ailleurs que contrairement à ce qu’affirmeB, l’interaction (linguistique) avec autrui n’est pas nécessaire pour acquérir le concept de vérité objective. Je conclus que les arguments de Davidson soutiennent au mieux l’interprétationnismemodé...

Le réalisme n'est-il qu'une théorie de l'interprétation?

J.-J. Sueur et P. Richard (eds.), La Transgression, Bruxelles, Larcier, 2013

Quelle place occupe la théorie réaliste de l’interprétation dans un conception réaliste de la science du droit ? On voudrait ici montrer que la théorie réaliste de l’interprétation juridique n’est pas seulement une théorie isolée qui conteste une représentation formaliste de l’interprétation et du jugement judiciaire mais qu’elle participe d’une conception de la science du droit à la fois descriptive et axiologiquement neutre. Ce faisant, on plaidera pour un « normativisme réaliste » (ou un «réalisme normativiste») qui entend dépasser la division entre normativisme et réalisme.

Deux conceptions de l’interprétation des récits de fiction

Philosophiques, 2005

Résumé Deux conceptions de l’interprétation des récits de fiction sont présentées : la conception « communicationnelle » de Currie et la conception « émotionnelle » de Velleman. Selon Currie, interpréter un récit de fiction requiert de rapporter les événements du récit aux intentions narratives de l’auteur (inféré). Cette conception suppose que l’interprète se représente le contexte pragmatique de production du récit et va à l’encontre d’un certain nombre de recherches empiriques montrant que le lecteur d’un récit de fiction ne construit que très rarement une représentation du contexte pragmatique de sa production. Selon Velleman, l’interprétation requiert de la part du lecteur ou du spectateur qu’il reconnaisse dans la séquence émotionnelle qu’il éprouve à la lecture ou au spectacle d’une fiction une séquence émotionnelle familière. Selon cette conception, les événements narrés sont interprétés en fonction de la manière dont ils « résonnent » émotionnellement dans l’esprit du lecte...