Entretien avec Catherine Dasté (original) (raw)

Agôn. Revue des arts de la scène

Rencontre avec le théâtre SONIA PAVLIK : Pouvez-vous revenir sur votre rencontre avec l'art théâtral ? CATHERINE DASTÉ : Comme vous le savez, je suis née dans une famille de théâtre. Et puis il se trouve que quand ma mère était enceinte de moi, j'ai joué… dans son ventre ! Lorsque je suis née, ma mère était en effet comédienne, c'était à la fin des Copiaus, en octobre 1929. Ma mère s'est occupée de moi, mais elle a tout de suite joué. Lors de ma première année, elle est partie en tournée, alors je suis restée à Pernand-Vergelesses, dans la maison Copeau, avec une nourrice qui me gardait. Assez vite, ma mère a pensé qu'elle ne pouvait pas bien s'occuper de moi en étant comédienne. Elle m'a confié à 20 mois au frère de mon père et à sa femme qui habitaient au Havre. Elle était à Paris. J'ai été confiée et je me souviens de ça. Mes parents étaient alors séparés. Ma mère vivait un grand amour avec André Obey 1 , mon père venait me voir tous les huit jours. J'ai été très bien accueillie, pas malheureuse du tout, même si j'ai quand même souffert de l'éloignement. Mais tous les étés, pour trois mois, j'allais à la maison Copeau avec mes cousines. J'adorais y aller. J'ai eu le privilège d'être dans cette maison merveilleuse et de bénéficier de beaucoup de lectures de la part de mes deux grands-parents. Ma grandmère me lisait Dickens, tout Dickens, et mon grand-père, L'Iliade et L'Odyssée, ainsi que d'autres grands auteurs comme Dostoïevski. Il lisait très bien. J'étais plutôt rebelle, mais j'avoue que j'étais complètement fascinée par les lectures de mon grand-père. Ensuite, ma mère m'a repris quand j'avais 8 ans et demi. A partir de ce moment-là, j'ai décidé que je ne serais jamais comédienne et que j'aurais 10 enfants. J'étais imprégnée d'une famille de théâtre et je la rejetais. Mais un jour, je suis allée voir un Nô japonais, monté par ma mère, La Rivière Sumida de Zeami Motokyo, où elle jouait également. Mes parents n'avaient pas reconstitué les codes du Nô japonais tel qu'il est joué au Japon. Le texte poétique était bien une traduction... Mais ils avaient repris la pièce et l'avaient réinventée à leur façon. Et le jeu n'était pas du tout naturaliste, un peu dansé… Entretien avec Catherine Dasté Agôn , Entretiens