L’autre monde, là-bas (original) (raw)

Le monde vu par un autre

2021

Il est coutumier de considérer que le cinéma permet de dévoiler le monde tel que perçu par autrui, comme l'affirme par exemple Sandro Bernardi selon qui « la possibilité de voir [un] film est fondée sur l'hypothèse paradoxale que l'on pourrait 'voir avec les yeux d'un autre' » (Bernardi 95). Hypothèse qui suscite pourtant plusieurs interrogations : comment le médium s'y prend-il pour offrir une telle expérience ? Et peut-on véritablement voir le monde à travers un point de vue qui n'est pas le nôtre ? Une représentation directe de la subjectivité d'autrui est toujours vouée à l'incomplétude ; art représentationnel, le cinéma ne peut pleinement figurer des états mentaux qui, par définition, échappent à l'objectif de la caméra. C'est donc un paradoxe cinématographique que de chercher à représenter l'intériorité en l'objectivant via la captation d'un profilmique, comme l'explique Dominique Château (134), selon qui le médium fait face à une irreprésentabilité fondamentale de l'intériorité d'autrui ; l'auteur rappelle que cette irreprésentabilité peut néanmoins être contournée, certes de façon imparfaite, grâce à notre faculté à représenter nos états mentaux et à se représenter ceux d'autrui : « nous communiquons avec le ressenti de l'autre non seulement à travers son extériorisation dans les signes (cris, mimiques, sueur, parole, etc.), mais, par approximation, à travers l'expérience que nous en faisons nous-mêmes. Toute représentation suppose cette manière d'expérience plus ou moins proche » (71). 2 Le monde vu par un autre

Les ailleurs du hic et nunc

Nouveaux cahiers de Marge, 2021

Je pars, tes souvenirs en papier dans mon sac, les miens en .jpg, ta mémoire sur ma carte mémoire #Madeleineproject pic.twitter.com/wrlqdVwNz4 *** Ceci est un dialogue. Les deux voix représentent deux approches à la fois distinctes et complémentaires du dispositif énonciatif mis en oeuvre par Clara Beaudoux dans Madeleine project, fiction documentaire twittéraire 1 en cinq saisons, dont les deux premières saisons ont été publiées sous forme de livre aux Éditions du sous-sol, collection « Feuilleton Non-fiction » en mai 2016. 1. Stéphane Bataillon, « Twittérature, la littérature sur Twitter : un état des lieux », novembre 2011, en ligne sur https://www.stephanebataillon.com/twitterature-twitter-et-la-litterature/ 2. Clara Beaudoux, Madeleine project, LGF, coll « Documents », 2017. Les ailleurs du hic et nunc : Poétique de l'absence sur Twitter dans le Madeleine project de Clara Beaudoux Cahiers de Marge-Numéro 2-Octobre 2020 L'enquête autour de l'absente L'enquête autour de l'absence, cette expression me fait penser à la formule liminaire de la saison 2 : « Alors je reviens vous raconter mon enquête, et ma présence dans son absence. » (p. 143). Cette phrase condense bien une partie des enjeux que tu évoques : le JE omniprésent (« je », « mon », « ma ») mais aussi le VOUS des destinataires, des followers, et cette idée de l'absence de Madeleine, absence à l'intérieur de laquelle s'intègre la présence de Clara Beaudoux : « ma présence dans son absence ». Cette formule me frappe parce qu'elle évoque moins l'idée de restitution, de compensation d'une absence que d'une pénétration du JE dans cette absence. On reviendra sur les statuts respectifs des différents destinataires si tu veux bien ; je voudrais d'abord insister sur cet enjeu fondamental du « live » ou de « l'effet de live » que tu évoques, qui me paraît directement lié à la question de la photo numérique qui permet-plus que la photo argentique-cet « effet de live » en raison de la fiction qu'elle met en place de tweets (avec photos) prétendument postés depuis la cave, dans le hic et nunc de la découverte et de l'écriture. L'incipit est significatif : Voilà plus de deux ans que je veux raconter cette histoire. Alors je vais tenter de le faire ici cette semaine (p. 9)

Amener l’ailleurs chez soi

Ethnologies, 2009

Entre ici et là-bas, entre avant et après, la maison de la réussite du Pays d’Oas (Roumanie) apparaît comme la principale forme discursive par laquelle les gens traduisent l’expérience de plusieurs espaces en une appartenance locale gérée par des valeurs et pratiques anciennes (Clifford 1997). Puisque cette traduction n’est jamais définitivement accomplie, l’ailleurs, entendu comme Occident, la France notamment, est associé à la modernité réclamée par les Oseni en tant que nouvelle manière d’être et de vivre, et finit par être domestiqué (Goody 1979) dans et par le local. Ce qu’on voit aujourd’hui à Certeze, et plus généralement au Pays d’Oas, n’est pas une réflexion fidèle du va-et-vient des Oseni entre l’Europe et leur village, mais plutôt le résultat d’une incorporation de cette expérience à l’intérieur d’une autre, plus ancienne. Cette incorporation agit également en sens inverse, en déclenchant à son tour une mutation interne du local. La dynamique est si forte que le changemen...

Goûter l’ailleurs

2012

C’est en 2000 que j’ai fait la connaissance de Laurent Aubert, quelque temps avant de venir m’installer en Haute–Savoie… C’était lors d’un concert de la saison des Ateliers d’ethnomusicologie, dans la mémorable salle de l’Alhambra, à Genève. Je connaissais évidemment certains de ses travaux et les fameux Cahiers de musiques traditionnelles (devenus Cahiers d’ethnomusicologie en 2007). Mais sur un plan humain, ce que je retiens de cette première rencontre est la chaleur de son accueil, ce cara..

D’un monde à l’autre

2013

Quand les collègues de Michel Bats ont commencé à réfléchir à la façon de rendre hommage à sa carrière de chercheur, plusieurs projets ont vu le jour. À l'initiative d'Alain Bouet et de Florence Verdin, l'idée d'un ouvrage collectif a rapidement été lancée ; puis l'équipe de Lattes, à laquelle Michel était rattaché, a proposé de transformer ce projet d'ouvrage en colloque, réunissant toutes les personnes liées au parcours de Michel, collègues et élèves devenus des collègues, autour de la thématique des contacts et de l'acculturation en Méditerranée occidentale. Ce colloque réunissant une centaine de personnes a eu lieu à Hyères, en terre olbienne, du 15 au 18 septembre 2011 1. Mais en parallèle de la préparation du colloque, un autre projet avait vu le jour : ajouter un titre à la bibliographie de Michel Bats en publiant un volume réunissant ses principaux articles. L'idée de cet ouvrage est venue de Rosa Plana, professeur d'archéologie grecque à l'Université de Montpellier, et a suscité l'enthousiasme des proches collaborateurs de Michel

L’Autre Autrement

Laval théologique et philosophique

Plutôt qu’une action à poser ou une vertu à développer, l’hospitalité est présentée comme espace fondamental d’émergence de la vie spirituelle et de la contemplation. L’article propose une relecture du texte évangélique de Marthe et Marie (Lc 10,38-42), à la lumière des interprétations d’Eckhart et de Caputo.

L’ailleurs de la danse

Nous avons choisi d’aborder les notions de l’altérité et de l’ailleurs à travers le témoignage particulier d’une artiste afin de saisir dans sa démarche ce qui fait sens dans la rencontre et ce qui se dégage, de l’expérience d’autres lieux. Tout au long de notre entretien avec la chorégraphe Mathilde Monnier, nous avons tenu à mettre en évidence comment l’élaboration du processus de création accompagne la mise en forme d’une oeuvre quasianthropologique. De ce fait, il nous importe d’établir un dialogue entre l’artiste et la société en général, et de décrire le cheminement complexe qui a pour souci un déplacement de regards, une métamorphose, une implication. C’est dans ce chassé-croisé de la pensée, que nous avons invité l’artisane du mouvement à exprimer sa perception du monde.