Genevois àLyon, Lyonnais àGenève : itinéraires de migrants et de convertis (xviie siècle) (original) (raw)
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Conversions religieuses et mobilité sociale. Quelques cas entre Genève et Lyon au XVIIe siècle
in Bellavitis A., Croq L., Martinat M. (eds), Mobilité et transmission dans les sociétés de l'Europe moderne, Rennes, PUR, p. 139-157, 2009
Beaucoup a été écrit, surtout dans ces dernières années, à propos de la conversion religieuse, tant dans le domaine de la sociologie que dans celui de l'histoire. Pour ce qui concerne les conversions entre diverses confessions chrétiennes dans la période moderne, le XVIe siècle a tout particulièrement retenu l'attention des historiens, du fait de la rupture provoquée par la Réforme Protestante et les conséquences spirituelles, sociales et politiques que celle-ci a provoquées. L'une des questions, d'ailleurs passionnante, soulevée par de nombreuses études, a été celle de voir comment les individus, confrontés à une nouvelle doctrine, pouvaient changer leurs esprits et adhérer aux nouveaux postulats, rapidement transformés en Églises -ce qui par ailleurs, comme Natalie Davis l'a brillamment démontré, a entraîné des déceptions et des retours à la confession originaire 1 . Pour ce qui concerne le XVIIe siècle, la réaction catholique et la fermeture confessionnelle ont largement influencé les études des parcours individuels aboutissant à la conversion. Dans des contextes où deux confessions concurrentes cohabitent mais en position inégale -c'est le cas de la France sous le régime de l'édit de Nantes -la question qui semble dominer les études est celle de la sincérité de l'acte de conversion : la conversion de tel individu correspond-elle à un « réel » changement de croyance, ou bien est-elle le résultat d'un choix de convenance personnelle, de stratégie individuelle ou familiale qui a peu à voir avec le spirituel ? Quelle qu'elle soit la réponse ou les arguments portés à l'appui de l'une ou l'autre interprétation des conversions individuelles et collectives, les historiens ont généralement séparé les motivations pratiques des convictions purement religieuses, ou intellectuelles. Pour ma part, je pense qu'il s'agit là d'une distinction mal posée. Pouvoir distinguer, dans la prise d'une décision, les composantes qui relèvent de domaines différents et séparés de la conscience individuelle -le spirituel, l'économique, le politique…implique une vision qui me semble simplificatrice des choix et des actions humaines. De plus, dans le cas spécifique des choix religieux, cette position théorique reflète à mon avis une sensibilité plutôt contemporaine, qui place la religion rigoureusement dans la sphère privée, et qui ne correspond pas forcément à la perception que les hommes et les femmes du XVIIe siècle pouvaient en avoir 2 . Dans un monde où il est « naturel » d'être part d'un ou plusieurs ensembles sociaux l'appartenance à une communauté religieuse n'est peut-être pas nécessairement perçue uniquement comme une condition spirituelle, mais comme l'une des inscriptions fondamentales qui accompagnent la vie individuelle et familiale et qui peuvent sous certaines conditions être modifiées. Sans doute, pour mieux comprendre les imbrications entre conversion religieuse et conditions de vie, il faut considérer le contexte plus général des ressources dont les individus disposent dans la construction de leurs existences, en fonction des situations sociales données à chacun à un moment particulier. Les cas que je présenterai dans les pages qui suivent permettent de montrer quelques-unes des imbrications existant entre le changement d'appartenance religieuse et les parcours de vie 1 N. Davis, « Grève et salut à Lyon », in Eadem, Les cultures du peuple. Rituels, savoirs et résistances au 16 e siècle, Paris, Aubier, 1979, p. 15-39 2 Dans un article consacré à la conversion de Turenne, Susan Rosa souligne la tension existant entre les explications religieuses et utilitaristes des conversions au XVIIe siècle, tant chez les contemporains que chez les historiens. Mais elle n'aboutit pas à une remise en question du schéma général d'interprétation, quant plutôt à un renversement de lecture de la conversion elle-même : les avantages matériels de la conversion ne sauraient effacer la « sincérité » spirituelle, intellectuelle de l'acte. Je partage avec cette position l'idée que constater les bénéfices matériels de la conversion ne doit pas nécessairement réduire le poids des convictions plus intimes, relevant du contenu de la croyance ; je m'en éloigne toutefois dans la mesure où la réponse se concentre sur le repérage d'une 'sincérité' qui ne relèverait que de la présence d'une conviction idéologique forte. Je ne pense pas qu'il soit pertinent de séparer ainsi la « convenance personnelle » de l'intimité de la foi : cette distinction me semble anachronique, relevant, comme je l'ai dit, plus d'une sensibilité de nos jours que de celle de l'époque que l'on étudie.
Revue de l’histoire des religions, 2015
Refuge et migrations à Genève au miroir de polémistes, missionnaires et voyageurs (xvi e-xvii e siècles) Les témoignages de voyage présentent une lecture confessionnelle des usages de Genève et de son rayonnement international comme cité du refuge religieux. Les récits mettent cependant en lumière le lien complexe entre la ville et sa réalité territoriale, qui se modii e en fonction de la frontière politique, dépend de la dynamique socio-économique et des courants migratoires, et qui s'entretient par les relations familiales. Ils constatent i nalement que ce lien trouble les barrières confessionnelles et entraîne des conséquences signii catives sur le plan des croyances. Vers la i n de l'époque confessionnelle, les représentations polémiques de la migration religieuse et de la conversion servent ainsi un discours du retournement des apparences, qui met en question le lien établi entre lieux institutionnels et « bon choix » religieux. Refuge and Migrations in Geneva in the Mirror of Polemicists, Missionaries and Travellers (16 th-17 th Centuries)
Genève, refuge et migrations (XVIe-XVIIe siècles)
Revue de l'histoire des religions, 2015
Travellers’ narratives offer a confessional reading of Geneva’s customs and of its international reputation as a city of religious refuge. However, these documents highlight the complex link between the city and its territorial reality, a relationship which changes depending on political boundaries, on socio-economic dynamics and on migration lows, and which is woven by family relationships. They eventually state that this link ends up blurring confessional boundaries and leads to signiicant consequences in terms of beliefs. At the end of the confessional age, polemical representations of religious migration and conversion also serve a discourse of the reversal of appearances that calls into question the link between institutional spaces and the “right” religious choice
Genève, refuge et migrations (XVIe-XVIIe siècles), Revue de l’histoire des religions , 2015
Travellers’ narratives offer a confessional reading of Geneva’s customs and of its international reputation as a city of religious refuge. However, these documents highlight the complex link between the city and its territorial reality, a relationship which changes depending on political boundaries, on socio-economic dynamics and on migration flows, and which is woven by family relationships. They eventually state that this link ends up blurring confessional boundaries and leads to significant consequences in terms of beliefs. At the end of the confessional age, polemical representations of religious migration and conversion also serve a discourse of the reversal of appearances that calls into question the link between institutional spaces and the “right” religious choice.
2004
The aim of this paper is to improve our understanding of the social intergenerational mobility in Geneva during the 19th century. We provide an indepth study of data collected from the marriage registrations acts. These documents provide us information on the spouses, but also on their parents and the witnesses. Our analysis focuses on the transitions between six social statuses defined from the professions found in the marriage Records. Since we collected all acts for married men with a name beginning with letter B, we have also in our dataset the act for the marriage of the father when he get himself also married in Geneva. This led us to split our population into those who have a father married in Geneva and those who have not. The first subpopulation corresponds to people that are established in Geneva since more than one generation, while the others are newcomers. We first show that these two subpopulations considerably differ both in their social structure and in their father-...
Histoire, Economie et Société, 2018
Diplomatic relations involve the organisation of legitimate mobility of the negotiators as well as the regulation of forms of hospitality where legal rules are reinforced by usages. In the 18th century, the Résidents de France in the Republic of Geneva faced a number of constraints related to the journeys between Paris and the legation, constraints that were both material and symbolic in nature. In addition to travel expenses and difficulties to make progress given the poor state of the roads, the ceremonial of crossing the border expressed in a ritualised manner the interaction between two sovereign states that differed in terms of political and religious identity. Part of the exchange of diplomatic gifts, the commensality at the end of the journey mobilised economic resources and specific knowledge, while conveying the prestige of the hosts and the hierarchic ranks of the invitees. At the same time, however, the institution of commensality needs to be viewed from a persepctive that construes diplomacy as a system of cultural interactions.
Du vagabond à l'étranger: les métamorphoses de la gémellité (France, XIXe s)
Desvois F. et Morag Munro-Landi (dir), Le Vagabond en Occident. Sur la route, dans la rue : le vagabond, vol : Du Moyen Âge au XIXe siècle, L’Harmattan, 2012, p.119-132
Le présent travail vise à mettre en perspective deux figures à la fois très proches et distinctes, situées au coeur de deux systèmes de représentations 2 à la fois particuliers, spécifiques, et poreux : l'étranger et le vagabond. Il s'agit donc d'analyser ces systèmes de représentations, d'en souligner l'évolution dans la France du XIX e siècle, une évolution d'ailleurs incertaine, qui ne lève jamais tout à fait ambivalences et ambiguïtés. D'une certaine manière, donc, le vagabond et l'étranger présentent une forme de gémellité, à la fois constante mais toujours incomplète ou inachevée. C'est cette dynamique originale que nous souhaitons saisir ici.