Littérature queer. Le refus du ghetto et des regroupements vaseux (original) (raw)
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La littérature montréalaise et les ghettos
Voix et Images, 1991
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Des îles et des lunes. Hétérotopies queer dans la fiction contemporaine
Genre, sexualité & société, 2023
À partir de quatre œuvres de fiction, cet article interroge les usages politiques des hétérotopies queer. Les œuvres étudiées produisent en leur sein des contre-espaces opposés aux normes hétéropatriarcales que sous-tendent des technologies disciplinaires. La notion d’hétérotopie, telle que développée par Michel Foucault, permet de saisir le lien qu’établissent ces contre-espaces fictionnels entre spatialité, imaginaire et contestation politique. Ces hétérotopies queer, qui permettent d’expérimenter des identités et des pratiques alternatives, font en effet signe vers une autre organisation politique du monde, de nouveaux rapports, plus libres et plus harmonieux, entre les êtres, les corps et les genres. Si elles ont souvent une dimension ambiguë et précaire, soulignée par les œuvres elles-mêmes, elles peuvent cependant avoir des effets politiques concrets, notamment à travers les moyens propres de la fiction, qui permettent d’agir sur les affects individuels du lecteur et sur les imaginaires sociaux.
Banlieue et dystopie en littérature urbaine : les cas de Zone cinglée et de René
Les rapports entre ville et banlieue sont au cœur de la littérature urbaine, mouvance littéraire apparue suite aux émeutes urbaines de 2005. Cette littérature aborde des thèmes variés dont la gestion de l’espace urbain et la vie quotidienne dans la périphérie de Paris. Deux romans récents Zone cinglée (2009) et René (2012) offrent une vision pessimiste de l’avenir des banlieues en insistant sur les dangers d’un urbanisme mal géré et sur les problèmes liés à la ségrégation urbaine qui est, dans les deux romans, poussée à l’extrême. La dystopie, genre qui se développe en littérature et au cinéma dans des contextes politiques souvent troubles, permet aux deux écrivains de faire un constat alarmant sur les conditions de vie dans certaines banlieues tout en alertant le lecteur quant à d’éventuels dérapages de la société française actuelle.
L’écriture de l’enfermement et son déploiement dans les Rencontres littéraires
Voix Plurielles, 2014
L'écriture de l'enfermement et son déploiement dans les Rencontres littéraires Sophie COUSINEAU et Sylvie FRIGON, Université d'Ottawa À quand remonte l'écriture en prison ? Rivkah Zim identifie ses premiers balbutiements au Moyen-âge lorsque l'enfermement précédait la détermination de la peine. Elle s'actualise avec Socrate et Jésus qui réaffirment leur autorité en écrivant depuis le huis clos. Aux seizième et dix-septième siècles, l'écriture est mobilisée par les dissidents religieux et politiques. Ce n'est pas en soi une pratique courante ou généralisée. Elle connaît néanmoins un essor quand la prison devient lieu de châtiment et atteint son apogée au vingtième siècle. Ioan Davies y recense plus d'auteurs que l'ensemble des siècles antérieurs combinés. Quant au parcours des initiatives culturelles et artistiques en prison, dans lequel les ateliers en création littéraire s'inscrivent, il est bref et relatif. En effet, son origine peut être retracée aux années quatre-vingts et elle concerne surtout certains pays de l'Europe et de l'Amérique du Nord. Elle s'inscrit dans la mouvance des droits humains où les initiatives culturelles en prison sont réclamées comme droits à l'intérieur des prisons. En France et aux États-Unis, ces initiatives culturelles et artistiques sont synonymes d'outils de réinsertion (Finio), propulsées en France par une note et deux protocoles. Elles prennent majoritairement la forme d'interventions spontanées, locales et ponctuelles (Rostaing et Toureau). Le développement de cette dynamique est néanmoins marqué par une lente institutionnalisation en Europe (Martin). Il n'en demeure pas moins que la forme la plus prolifique de la culture en prison soit la bibliothèque de ces établissements (Mans). Somme toute, la mouvance du dedans (carcéral) au dehors (social) connaît ses débuts dans les années 1980 et atteint un point culminant au tournant du siècle. Artistes et professionnels infiltrent ces lieux avec des initiatives ponctuelles mobilisant divers médiums : arts visuels, théâtre, danse, écriture. En ce qui concerne la dernière forme, deux courants sont à dissocier : les ateliers en création littéraire et l'art-thérapie. Les premiers visent une familiarisation avec les genres et les formes littéraires, voire à susciter un goût pour l'écriture. Le second est en parallèle avec le projet de réinsertion et Voix plurielles 11.1 (2014) 199 le courant néo-libéral : l'art-thérapie prétend responsabiliser ceux qui prennent la plume, agir à titre de gestion de crise, offrir une occasion de commencer et terminer un projet, de s'exprimer autrement que par les voies institutionnelles (Descroisselles-Savoie). Ce projet collaboratif mené sous la direction de Sylvie Frigon se réclame du
Les espaces hétéroglossiques comme stratégie littéraire de résistance dans Harraga de Boualem Sansal
Articles, 2020
Un certain nombre de monographies et d’ouvrages collectifs se sont penchés dans un passé récent sur les nombreuses fictions romanesques et cinématographiques qui ont été consacrées aux harragas (les brûleurs de frontières et de papiers) et à la harga (la brûlure). Le geste sacrificiel posé par ces candidats à l’émigration clandestine qui tentent dans l’exil de se réapproprier leur destin a provoqué, par sa radicalité, un mouvement de contestation des discours de représentation officiels et traditionnels à travers l’écriture. Harraga de Boualem Sansal (2005) porte cette double particularité de décentrer et d’élargir la portée de ce phénomène en mettant en scène un personnage principal féminin, Lamia, en observatrice d’un pays « en guerre contre lui-même » (Sansal, Harraga : 285). À la suite d’Alfonso de Toro, nous voulons proposer ici une lecture critique de ce roman qui vise à mettre en évidence la « dialogicité déconstructionniste » (Alfonso de Toro, 2009) de sa structure et ouvre ...