Diagnostic et idéologie : l'exemple de l'alcoolisme (original) (raw)
Le champ des addictions, comme tout champ scientifique, est aussi un champ de bataille où les paradigmes s’affrontent tant au niveau des idées que des groupes. Après la victoire des « cliniciens » (promoteurs de la notion de dépendance) sur les théories de santé publique, de nouveaux concepts sont progressivement apparus comme « l’abus » (DSM) ou « l’usage nocif » (CMI). Corrélativement, la théorie médicale normative des « dommages » a pris de l’importance et elle cohabite avec celle des « symptômes » plus fonctionnelle. Aujourd’hui, certains experts, issus du domaine de la psychiatrie, défendent l’idée d’une prévention nécessaire des « usages à risque ». Ils adoptent, plus ou moins explicitement, le modèle du continuum qui postule une absence de rupture entre consommation, dommages et dépendance. En bref, les concepts évoluent et les préconisations de santé aussi … mais derrière ces changements apparents on peut se demander si on n’assiste pas à un retour des conceptions « hygiénistes » et des modèles fondés sur un rapport linéaire entre consommation et dommages. Une réflexion critique d’ordre scientifique, éthique et politique s’impose donc. C’est ce que le présent exposé tentera d’aborder à l’aide d’une analyse textuelle et sémantique de deux corpus constitués (1) des grilles diagnostiques de la dépendance et de l’abus (usage nocif) version DSM et CIM, (2) d’extraits de rapports officiels français consacrés aux substances psychoactives et à leurs usages.
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