The Genealogy of a « Justly Balanced Islam” in Indonesia : History and Scope of the Institutionalization of an Ambiguous Concept (original) (raw)

détracteurs comme allant à l'encontre de la charia et de l'orthodoxie musulmane 59. Le soufisme panthéiste avait autrefois été le maḏhab officiel du Sultanat. Ses adeptes, tels Kamaluddin Ashi et Saiful Rijal, en avaient ensuite hérité et continué à promouvoir la domination du soufisme waḥdat al-wujûd, influencé par le soufisme d'Ibn Arabi, après la disparition de Fansuri et Sumatrani. Cependant, lorsque Sultan Iskandar II accéda au pouvoir, l'école soufie panthéiste fut remplacée par l'école soufie de la charia propagée par Nuruddin Raniri. Les disciples de Fansuri et Sumatrani, tels que Kamaluddin Ashi, furent condamnés à mort, et leurs livres sur le soufisme panthéiste furent brûlés 60. À la place, l'école soufie chariatique propagée par Nuruddin Raniri, originaire du Gujarat en Inde, devint « une école ou idéologie officielle », à laquelle les politiques religieuses, sociales et politiques de l'État faisaient constamment référence. Cependant, le conflit entre les deux écoles perdura. Sous le règne de Sultane Safiyattudin, veuve d'Iskandar II, en août 1643, Saiful Rijal, disciple de Kamaluddin Ashi, saisit l'opportunité de s'opposer au soufisme de la charia propagé par Raniri. Dans un débat théologique entre les deux courants soufis, Raniri fut vaincu par cheikh Saiful Rijal, ce qui entraîna sa destitution de toutes ses fonctions religieuses 61. Cette querelle entre les deux écoles soufies perdura longtemps, au gré du soutien et de l'intervention du pouvoir politique. Ce conflit religieux et politique fut finalement apaisé par Abdurrauf Sinkili, membre de la confrérie soufie Shattariyah 62. Sous le mandat de la sultanah d'Aceh, Safiyyat al-Din, il a écrit son Mir'at al-Ṭullâb (Miroir des élèves) dans lequel il a cherché une voie médiane entre l'école panthéiste de Hamzah Fansuri et ses disciples et l'école orthodoxes de Raniri. Il a paraphrasé la poésie sur le waḥdat al-wujûd de Hamzah Fansuri sans citer son nom. Mais, il n'a pas contredit les sept grades soufis de Cheikh Burhanpuri, influant le courant soufi panthéiste de Fansuri et Sumatrani refusé par Raniri et ses disciples 63. Au 59. Le soufisme panthéiste (waḥdat al-wujûd) est une doctrine qui affirme que l'homme et l'univers sont des manifestations intégrales de Dieu. Dans cette acception, Dieu est compris comme étant présent et Un avec ses créatures, comme en témoigne la déclaration de Mansur Al-Ḥallâj : « ana al-Haq », je suis la Vérité (Dieu). En plus d'Al-Ḥallâj, ce courant du soufisme se réfère également aux enseignements d'Ibn Arabi concernant le waḥdat al-wujûd et le waḥdat al-adyân, l'unité des religions qui implique une compréhension du pluralisme religieux. Ainsi ces soufis expliquent-ils l'univers en termes d'une série d'émanations néo-platoniciennes et considèrent chacune de ces émanations comme un aspect de Dieu lui-même. Ce sont précisément ces concepts qui ont conduit leurs opposants, parmi lesquels Raniri, à les accuser de panthéisme et donc d'être égarés. Les enseignements et la doctrine de Fansuri et Sumatrani étaient qualifiés d'« hérétiques » ou « hétérodoxes » en opposition au soufisme « orthodoxe » tel qu'incarné par Al-Raniry et Al-Singkili. Voir : Azyumardi Azra.