Le work-in de l’Upper Clyde Shipbuilders (1971-1972) : d’un mouvement de la classe ouvrière en Écosse à la réémergence d’une question nationale écossaise (original) (raw)

Le work-in de l’Upper Clyde Shipbuilders (1971-1972) : d’un mouvement de la classe ouvrière en Écosse à la réémergence d’une question nationale écossaise

2024, Le Joint français, printemps 1972. Les échos d’une grève en Bretagne

En Écosse, un mouvement social ouvrier a eu un effet déterminant sur la question nationale écossaise : le work-in de l’Upper Clyde Shipbuilders, à Glasgow, en 1971-1972. L’une des luttes ouvrières les plus marquantes de l’histoire écossaise (Foster & Woolfson, 1986 ; Thompson & Hart, 1972), le work-in a permis de sauver les chantiers navals pendant un certain temps et a provoqué la volte-face du gouvernement Heath en matière de politique économique (Collins, 2000). Ce chapitre explique que ce mouvement social a également été un catalyseur direct pour la réactualisation de la question nationale écossaise, plus spécifiquement parmi les acteurs sociaux de gauche. Il démontre tout d’abord que cette lutte localisée est territorialisée au niveau écossais de deux manières différentes : au niveau des réseaux et au niveau des discours. L'article analyse pour cela les acteurs et les réseaux qui « écossisent » ce mouvement social et les cadres cognitifs (Benford & Snow, 2000) qu’ils imaginent pour généraliser discursivement une lutte locale, notamment le cadre de l’injustice régionale. Il étudie ensuite l’impact d’une telle « écossisation » d’une lutte ouvrière. À court terme, elle a permis la cristallisation d’une société civile écossaise revendicative, clairement visible lors de l’Assemblée écossaise du 14 février 1972. À plus long terme, elle a également provoqué un réinvestissement de la gauche écossaise sur la question nationale écossaise, du CPGB au STUC et même au Parti travailliste.