La réforme de la formation des enseignants (original) (raw)

2008, Recherches et ressources en éducation et en formation

La réforme de la formation des enseignants, voulue par le gouvernement actuel et appuyée sur une argumentation basée sur les recommandations européennes, nous semble pouvoir être analysée de plusieurs points de vue : son inscription dans un processus d'évolution des dispositifs de formation des cadres de la fonction publique, marqué par une élévation du niveau de recrutement initial ; ses conséquences sur les institutions assurant la formation des enseignants ; les conséquences de son application aux Antilles et en Guyane. Nous aborderons moins deux autres aspects : les conséquences sociales de cette réforme, qui fait financer aux étudiants l'intégralité de leur formation ; le risque de voir se multiplier les enseignants contractuels, à coté ou à la place d'enseignants statutaires. Notre propos est plutôt (du moins ici !) de porter un regard sur les enjeux organisationnels et politiques de la réforme. Le point de vue adopté n'est pas celui d'un chercheur, historien ou philosophe de l'éducation, mais celui d'un acteur, engagé à l'heure où ces lignes sont écrites dans la construction des nouveaux dispositifs de formation. J'espère que l'on me pardonnera un éventuel manque de recul ou des prises de position non distanciées. Une réforme marquant la poursuite d'un processus Depuis la mise en place des écoles normales, la formation des enseignants du primaire a toujours possédé une double fonction qui « consistait d'une part dans la transmission d'un capital scolaire sanctionné par l'obtention d'un titre scolaire variable selon les réformes (…). D'autre part elle a toujours consisté dans la transmission d'une formation professionnelle jugée nécessaire à la pratique du métier d'instituteur » I. Cependant, le temps consacré dans le curriculum de l'enseignant du primaire à ces deux fonctions a fortement évolué, constamment au détriment de la partie la plus professionnelle de la formation, parallèlement à la montée des exigences de diplôme pour passer le concours. Ainsi, dans la formule en vigueur jusqu'au concours 2009 inclus, le cursus comporte les trois années de licence (grade nécessaire, sauf dérogation pour présenter le concours), typiquement préparées dans une université, une année de préparation au concours, typiquement effectuée en IUFM II et, après obtention du concours, une année de formation professionnelle, en tant que stagiaire rémunéré affecté en IUFM. Et encore, cette année est un peu écourtée par la nécessité d'organiser la validation et la certification des stagiaires. L'institution a elle-même reconnu l'insuffisance de cette période de formation initiale en ayant prévu des périodes « de formation initiale différée » III après la titularisation.