L'éthique sur le terrain de l'adaptation aux changements climatiques (original) (raw)

Éthique et adaptation aux changements climatiques : un outil à l’usage des acteurs de terrain

2021

La coordination des efforts d’adaptation aux changements climatiques est un défi pour l’agir humain. En effet, les processus d’adaptation impliquent souvent une réflexion éthique, c’est-à-dire une réflexion argumentée, rationnelle et critique afin d’agir pour le mieux en situation complexe. Les décisions raisonnées par un ensemble de parties prenantes s’en trouvent enrichies, comme c’est le cas lors de délibérations territoriales d’où peut émerger une pluralité de valeurs et d’intérêts sujets à des compromis politiques potentiels. La question de l’adaptation aux changements climatiques ne se rapporte pas uniquement à une simple liste de mesures applicables et une description d’événements biogéophysiques. Elle inclut également un volet évaluatif au sens où cette préoccupation présuppose un examen sur divers éléments appréciatifs et prescriptifs. L’éthique joue un rôle fondamental dans les questions de politique climatique (Gardiner 2004; 2011), qu’il soit question d’atténuation ou d’adaptation aux changements climatiques, car les considérations éthiques sont au cœur des processus décisionnels : « les jugements de valeur éthiques sous-tendent presque toutes les décisions liées au changement climatique » (IPCC 2014a, 215, traduit de l'anglais).

Adaptation et résilience: critique de la nouvelle éthique de la politique environnementale internationale

Ethique publique, 2014

la présente contribution se propose de traiter de la possible émergence d’une nouvelle norme internationale en matière de politique environnementale qui viendrait renforcer la norme actuelle de l’environnementalisme libéral. dans un contexte marqué par un pessimisme croissant quant à la possibilité pour nos sociétés d’éviter les effets les plus nuisibles du changement environnemental, et du changement climatique en particulier, le langage des organisations internationales chargées de la gouvernance de l’environnement marque un tournant « adaptatif ». le but de la politique environnementale internationale serait désormais moins de lutter contre les changements environnementaux que de créer les conditions dans lesquelles les individus, les régions, les systèmes socioécologiques, voire les états, pourraient non seulement « vivre avec » ce changement, mais même en tirer profit. l’émergence de la « résilience » comme éthique est la condition de cette nouvelle manière productive de concevoir les rapports entre changement environnemental et société.

Ethique climatique

Humains. Un dictionnaire d’anthropologie prospective, 2023

L’éthique climatique est un champ de recherche issu de l’éthique appliquée et de la philosophie politique analytique. Elle commence à se développer au début des années 1990 sous l’impulsion de Dale Jamieson (1992) et de ses réflexions sur l’inadéquation entre notre système de valeurs et les problèmes environnementaux globaux ainsi que sous l’impulsion de Henry Shue (1993) et de sa distinction entre émissions de subsistance et émissions de luxe. Depuis, l’éthique climatique vise à remplir deux objectifs principaux : justifier les devoirs de justice climatique des États et clarifier la responsabilité des individus dans la lutte contre le changement climatique.

Apprentissage adaptatif de comportements éthiques

2020

L'utilisation croissante d'algorithmes d'Intelligence Artificielle (IA) dans des applications impactant des humains requiert de doter ces systemes d'un comportement pouvant etre juge ethique selon des valeurs humaines. Bien que plusieurs approches existent, la question de l'adaptation au contexte, aux preferences et principes ethiques des utilisateurs, reste posee. Nous proposons de traiter cette question par l'Apprentissage par Renforcement Multi-Agent de tels comportements dans des situations differentes. Nous utilisons des tables de Q-Valeurs et des Cartes Auto-Organisatrices Dynamiques pour permettre l'apprentissage adaptatif de la representation de l'etat de l'environnement, ainsi que des fonctions de recompense pour guider l'ethique du comportement. Cette proposition est evaluee sur un simulateur de repartition d'energie dans des Smart Grids que nous avons developpe. Plusieurs fonctions de recompense visant a declencher des comportem...

Vers une éthique climatique plus efficace : motivations et incitations

Cet article vise à justifier, puis à appliquer une éthique climatique centrée sur les intérêts des acteurs économiques. Après avoir expliqué pourquoi le changement climatique pose un problème important de motivation, je montre pour quelles raisons les incitations peuvent au moins partiellement y remédier. Je développe ensuite deux possibilités d’institutionnalisation de l’éthique des incitations. La première consiste en une taxe internationale augmentant progressivement le coût des émissions de dioxyde de carbone, un dispositif auquel il convient d’ajouter des subsides pour la recherche, le développement et le déploiement des énergies renouvelables. La seconde consiste en un marché global du carbone qui vise également à décourager l’utilisation des combustibles fossiles et à encourager l’utilisation de sources alternatives d’énergie. L’objectif est de montrer qu’une éthique climatique prenant en compte le problème de la motivation est plus efficace qu’une position qui se limite aux devoirs moraux incombant aux consommateurs et producteurs, soit de réduire leurs émissions. This paper tries to justify and apply a climate ethics based on the interests of the consumers and producers. First, I explain why climate change creates an important problem of motivation; then, I show how incentives can at least partially solve it ; finally, I develop two different ways to institutionalize an ethics of incentives. The first market mechanism I propose is an international carbon tax increasing gradually the cost of carbon dioxide emissions, a climate policy that should be linked to subsidies for the research, development and deployment of renewable energies. The second mechanism is a cap-and-trade system, whose aim is also to disincentivize the use of fossil fuels and to incentivize the use of other sources of energy. The overall objective is to show that a climate ethics addressing the problem of motivation is more efficient than an approach dealing only with the moral duties consumers and producers have to mitigate their emissions. Lien vers l'article: http://www.erudit.org/revue/ateliers/2014/v9/n2/1026675ar.pdf

Accompagner des citoyens dans des actions d'adaptation aux changements climatiques

Liaison Energie Francophonie, 2009

Depuis le début des temps, les humains se sont adaptés aux modifications de leur milieu, réagissant par changements génétiques, par ajustement corporel, par acclimatation et par des pratiques culturelles et technologiques (O'Neil, 2008). Les citoyens seront-ils en mesure de s'adapter aux changements prévus pour le 21 ième siècle : accroissement de la température globale, modifications dans les régimes de précipitations, événements extrêmes, bouleversements dans la production alimentaire, accessibilité limitée à l'eau, dommages à la santé humaine (multiplication des insectes vecteurs de maladie, augmentation des conditions de morbidité…), nécessité de modifier leur comportements en matière de consommation d'énergie (IPCC, 2007) ? L'adaptation est l'ajustement des systèmes socioécologiques en réponse à des changements environnementaux perçus ou attendus ainsi qu'à leurs impacts (Janssen et Ostrom, 2006). Présentement, on ignore si les citoyens pourront s'adapter aux changements climatiques, et comment, pourquoi et dans quelles conditions cette adaptation se réalisera. L'éducation relative à l'environnement, en raison de ses capacités de développer des attitudes, des connaissances et des compétences, représente un outil par excellence pour accompagner des citoyens dans l'implantation de mesures d'adaptation. L'éducation aux changements climatiques pourrait en effet faciliter le renforcement, chez les citoyens, de compétences d'adaptation telles la prise de conscience des perturbations actuelles et futures dans les écosystèmes locaux, la connaissance des changements climatiques et de leurs impacts, l'analyse de vulnérabilité, la pensée prospective, la gestion des risques, la résolution créative de problèmes, la prise de décision, les habiletés techniques et mathématiques, la planification à long terme… (Pruneau, Demers et Khattabi, 2008).

Politiques d’adaptation au changement climatique et injustices environnementales. Le pluralisme des relations à l’environnement dans la mise en forme de la contrainte adaptative

Cet article propose un cadre d’analyse des problématiques soulevées par les politiques d’adaptation au changement climatique, à partir d’une prise en compte de la variété de relations que l’être humain tisse avec son environnement. Ce pluralisme échappe aux politiques d’adaptation qui gouvernent « par l’objectif ». Cette pluralité, qui se manifeste dans les processus de mise en forme d’une contrainte adaptative, permet d’élargir l’analyse critique des politiques d’adaptation, au-delà de leurs impacts sur les inégalités écologiques et sociales. Il s’agit de prendre en compte des « injustices environnementales ordinaires », au sens de la faible attention portée par les politiques publiques aux modes pluriels qu’a un environnement de compter pour les personnes et les collectivités.

L'éthique pendant la pandémie

Les plus grandes institutions médicales et divers éthiciens préconisent une approche utilitariste en période de crise de santé publique, afin de maximiser les bénéfices pour la société, en conflit direct avec notre vision habituelle (kantienne) du respect des personnes en tant qu'individus. Un problème central de l'utilitarisme est qu'il n'y a pas de moyen clair d'évaluer les choix moraux, y compris dans les décisions médicales. En général, l'éthique médicale kantienne est respectée en médecine. Mais dans une pandémie, lorsque les ressources sont pauvres, des choix profonds de vie ou de mort doivent être faits. Dans ces situations, les principes de l'utilitarisme offrent la meilleure réponse, avec le passage d'un modèle de pensée centré sur le patient à un modèle de pensée centré sur la société. DOI: 10.13140/RG.2.2.34596.30088