Culture et identité (original) (raw)
La cité bruit du débat qui oppose libéraux, républicains, " communautariens " et " multiculturalistes " : il s'agit de savoir quelle place accorder, dans des sociétés traversées par une grande variété de choix de vie, aux revendications de type ethnique. Pour en décider, il nous paraît nécessaire de déplacer le problème sur le terrain de l'analyse philosophique. Comment concevoir les relations entre la notion d'identité, entendue comme ce qui constitue le caractère irréductiblement spécifique d'un individu, et l'ensemble des comportements, des représentations et des valeurs traditionnels, transmis par des aires de civilisations qui se distinguent consciemment les unes des autres ? Dans quelle mesure l'identité at -elle besoin de la culture ? Chez les humains, l'identité est intériorisée : elle désigne à la fois le fait d'être soi et de se savoir soi. La notion d'identité renvoie donc à celles de subjectivité (dans le premier cas) et de réflexivité (dans le second). On pourrait dire également, en première approximation, qu'elle consiste en la capacité de s'identifier et par là de se reconnaître, aussi bien qu'en le fait d'être identifié et reconnu par autrui. L'identification humaine, qu'il s'agisse de l'autoidentification ou de l'identification par autrui, implique de surcroît un acte de langage : par exemple, et pour dire les choses de manière minimale, dans les deux cas l'attribution d'un nom propre entre dans le processus d'identification. Pour se constituer réflexivement et pour être reconnue par un tiers, la subjectivité a comme condition fondamentale de possibilité l'efficience du langage.