Le plurilinguisme imparfait de l’administration fédérale suisse (original) (raw)

2011, Les Cahiers de l'Orient

Le plurilinguisme imparfait de l' administration fédérale suisse Par Yannis Papadopoulos * F ormellement, l'administration fédérale suisse est trilingue (allemand, français, italien) : chaque employé peut travailler dans la langue officielle de son choix, tout comme chaque administré peut communiquer dans sa propre langue. Une recherche récente 1 , financée par le Fonds national de la recherche scientifique suisse, a étudié l'application de cette règle générale. Dans l'ensemble, la représentation (passive) des groupes linguistiques au sein de l'administration fédérale correspond assez bien à leurs proportions dans le pays. Mais elle varie fortement d'un département et office fédéral à un autre, de même que selon les niveaux hiérarchiques, et ces différences tendent à persister. Ainsi, le groupe linguistique le plus minoritaire, les italophones (à peine plus de 7 % de la population résidente, y inclus les étrangers), accède proportionnellement le moins aux postes à responsabilité. Si l'on pense à des mesures de la représentativité active, près de 9 actes législatifs les plus importants sur 10 (à l'exception des traités internationaux) sont rédigés à l'origine en allemand, et l'italien est absent comme langue de rédaction originale. Les italophones doivent utiliser une autre langue officielle, et doivent donc posséder des compétences linguistiques plus élevées que les germanophones ou les francophones. Deux offices fédéraux, l'office A plutôt « bon élève » et l'office B plutôt « mauvais élève » en matière de représentation des minorités dans son personnel, 2 ont accepté d'accueillir nos collaboratrices en tant que stagiaires pour y faire de l'observation « sur le terrain » des pratiques linguistiques concrètes du personnel. Elles ont aussi pu avoir accès aux listes de candidatures pour les postes ouverts. En termes relatifs, les candidatures francophones ne sont pas proportionnellement moins nombreuses que les candidatures germanophones (les