Rouveret, Alain. 2021. Dans le labyrinthe du langage. Langage et philosophie dans les grammaires de Chomsky (original) (raw)
Related papers
Entre philosophie et linguistique : Autour de "Philosophie et langage" de Paul Ricoeur
Études Ricoeuriennes/Ricoeur Studies, 2020
Quelle est la tâche - plutôt que la contribution - de la philosophie à l'égard du langage? Dans cet article, il s'agit de revisiter la réponse de Paul Ricoeur à cette question, à partir de son texte "Philosophie et langage." Ricoeur assigne à la philosophie la tâche de se réapproprier la triple médiation langagière: "chemin" du langage vers monde, "chemin" du langage vers le sujet et "chemin" du langage vers la communauté humaine. Partant de l'expérience concrète des sujets parlants, Ricoeur s'oppose à la clôture systémique présupposée par la conception structuraliste du langage, qui suspend la fonction de la référence dans la relation de signification. À partir d'une conception élargie de la référence-qui inclut la fonction poétique du langage-, le philosophe dégage de la notion de "monde du texte" la dimension ontologique constitutive du langage: dans sa fonction poétique, en effet, le langage révèle, selon lui, les possibilités multiples de notre mode d'existence. Nous montrons enfin que c'est à travers la notion d'attestation que Ricoeur établit une connexion entre la réouverture de la triple médiation du langage et l'élaboration de cette nouvelle ontologie. What is the task - rather than the contribution - of philosophy with regards to language? In this article, we revisit Paul Ricoeur's answer to this question in his text "Philosophie et langage." Ricoeur sets forth as the task of philosophy the recovery of a triple linguistic mediation: from language to the world, from language to the subject, and from language to the human community. Starting from the concrete experience of speaking subjects, Ricoeur opposes the systemic closure presupposed by the structuralistic view on language, which suspends the function of reference in the relation of meaning between two ideas. Provided with an enlarged conception of reference, one that includes the poetic function of language, the philosopher extricates from the notion of "the world of the text" the constitutive ontological dimension of language, since in its poetic function the latter reveals the multiple possibilities of our mode of existence. We point towards the connection between the reopening of that triple linguistic mediation and the call to an elaboration of a new ontology, one that Ricoeur accomplishes through the notion of attestation.
Le langage est-il un instinct? Une critique du nativisme de Chomsky à Pinker
2008
In this paper, I review the main arguments which purportedly establish that the language faculty is innate. In its modern guise, this linguistic nativism goes back to Chomsky, whose views on the matter I try to set in their intellectual context. I turn next to his famous stimulus poverty argument, that is, to his claim that what a child knows or comes to learn about her language far outstrips her linguistic experience. Chomsky’s arguments, I claim, hold up only insofar as one accepts his commitment to a formal (or configurational) view of grammar, and his downplaying of semantic clues. Thereafter, I discuss the evidence gathered by Pinker in his Language Instinct. I devote special attention to the various cases of language “invention” by children who (so is claimed) have been deprived of a normal linguistic input. In particular, I review the evidence which pertains to the creation of sign languages and creoles. It is pointed out that Pinker does not simply reiterate Chomsky’s theory...
Pourquoi écrire clairement ? Et en particulier, pourquoi écrire clairement en contexte argumentatif ? Au premier abord, la réponse à une telle question semble relever du truisme : pour faire comprendre sa position et pour permettre au débat de progresser. La clarté, de fait, est, selon la célèbre « maxime de manière » de Grice 1 , une exigence fondamentale du discours : tout locuteur souhaitant que son énoncé soit pleinement efficace doit -notamment -« éviter l'obscurité dans l'expression ». De manière analogue, selon les pragma-dialecticiens F. H. van Eemeren et R. Grootendorst, pour être valides, les énoncés formulés dans le cadre d'un débat ne doivent être « ni vagues ni incompréhensibles, ni confus ni alambiqués, mais au contraire [se prêter à] une interprétation aussi précise que possible » 2 . Norme rationnelle et principe de coopération linguistique, la clarté doit, dans cette perspective, assurer le bon déroulement de l'échange linguistique : c'est assez dire que « dans l'usage ordinaire de la langue, disons l'usage conversationnel, la clarté a valeur régulatrice » 3 . Or c'est précisément un autre usage de la langue que nous voudrions évoquer ici à travers l'exemple de Bossuet -usage dans lequel la clarté prend une valeur toute différente, au sein d'un univers mental dans lequel la vérité, dotée de la force intrinsèque de l'évidence, est censée s'imposer d'elle-même, mettant par là fin au débat.
2021
À la fin de la deuxième partie du cours « Le langage » de 1966-67, Ricoeur propose une reprise systématique de la notion d'emploi. Son importance s'explique par le fait que c'est sur cette notion que se focalise la question sémantique telle qu'elle se pose tant dans la philosophie analytique, représentée en l'occurrence par Peter F. Strawson dans « On Referring » 1 , que dans la linguistique structurale telle que la reformule Benveniste dans ses Problèmes de linguistique générale I (parus en 1966) 2 , mais aussi dans sa conférence « La forme et le sens dans le langage », donnée en 1966 dans le cadre du XIII e Congrès des Sociétés de philosophie de langue française tenu du 2 au 6 août à Genève 3. Placée à la jonction de la partie consacrée à la parole et de celle traitant des opérations du discours, elle forme en quelque sorte le point nodal du cours de 1966-67. Or, cette reprise systématique de la notion d'emploi, Ricoeur la mène au gré d'une reformulation du schématisme transcendantal kantien, qu'il lit comme une théorie
Le langage au pouvoir. Foucault, lecteur de Brisset
Phantasia
Cet article est consacré à une analyse des différentes strates de la lecture que Foucault opère de quelques textes de Jean-Pierre Brisset. Nous montrons notamment comment cette lecture stratifiée nous donne à percevoir quelque chose de la question du langage, et même de cet être du langage dont il est tant question dans les dits et écrits littéraires de Foucault au début des années soixante. Mais nous montrons également comment cette lecture nous fait accéder à d’autres dimensions, peut-être insoupçonnées, du délire brissetien, - des dimensions par lesquelles ce délire communique avec l’ordre des discours et avec le pouvoir qui s’y loge.