Commémorer les martyrs révolutionnaires (Espagne et États italiens, 1830-1848) (original) (raw)

Les prêtres libéraux, acteurs des cultes des martyrs révolutionnaires (États italiens, années 1840-années 1860)

De la parole du prédicateur au discours politique. Jalons pour une histoire de la critique religieuse du politique (Vincent Flauraud and Ludovic Viallet eds.), 2022

In the mid-19th century, the tributes given to revolutionary martyrs were one of the most powerful tools of liberal politicisation in most pre-unitary Italian states. Their growing mobilisation was part of a wider context of secularised transfers of religious notions for the needs of mass mobilisation, such as catechisms or the Marian cult. The aim here is to study from its protagonists’ point of view a process already well known in its rhetorical and literary aspects, even though it is one of the main discursive media of the Italian cultural nation. The role of the so-called "liberal" priests, in the sense that they defended against the monarchical authorities the claims of political and economic freedom, was from this point of view decisive, revealed both by the very numerous police and judiciary sources and, in some states, by the few published sermons available, particularly at the time of the revolution of 1848 (Papal State and Tuscany). Focusing mainly on this episode, the contribution highlights three fundamental dimensions of the use of political martyrs by liberal priests: their insertion in public celebrations with a strong religious tone, the deployment of a rhetoric of revenge, carried by pulpit preaching, and the implementation of tools of assistance aimed primarily at "living martyrs", a category that emerged in Italian political discourse from the 1840s onwards.

Les mémoires de la mémoire anarchiste espagnole

Mémoire et culture dans le monde luso-hispanophone, Nicole Fourtané et Michèle Guiraud (dir.), Nancy, Presses universitaires de Nancy (col. Le monde luso-hispanophone), Nancy, vol. 1, 2008

Publié dans : Mémoire et culture dans le monde luso-hispanophone, Nicole Fourtané et Michèle Guiraud (dir.), Nancy, Presses universitaires de Nancy (col. Le monde luso-hispanophone), vol. 1, 2008, p. 89-99

Expérience de guerre et militantisme républicain en Italie (1914–1926)

European Review of History: Revue europeenne d'histoire, 2006

Sté fanie Prezioso La Première Guerre mondiale a longtemps été considérée en Italie comme un élément positif de la constitution du nouvel Etat, la première épreuve victorieuse de la nation, l'entrée de l'Italie à plein titre dans le giron des grandes puissances. La légitimité revendiquée de celle que certains de ses protagonistes appellent 'notre guerre' reposait sur l'idée que l'Italie avait parachevé son unité nationale en libérant les territoires encore sous le joug de l'Autriche-Hongrie. Le personnage symbolique de cette vision de la guerre, Cesare Battisti, socialiste de Trente, meurt pendu pour désertion. Le 'sacrifice' se constitue ainsi comme élément clef de la participation nécessaire du peuple italien en armes à la création de la nation. Cette représentation de la Première Guerre mondiale était sensiblement la même, après-guerre, dans le camp fasciste et dans l'aile interventionniste de l'antifascisme (en particulier républicain). S'il faut, à mon avis, relativiser l'opinion de l'historien Olivier Janz qui soutient que cette interprétation a pu de ce fait survivre aux deux guerres mondiales, il n'en reste pas moins qu'elle a eu une longue fortune historiographique. 1 Ce n'est, en effet, qu'à la fin des années 1960 que les historiens critiques tentent de réinterpréter l'histoire de la guerre et de l'Italie en guerre, notamment autour des écrits de Piero Melograni, Giorgio Rochat et Mario Isnenghi. 2 Ce dernier focalise son attention sur l'interventionnisme comme lieu de théâtralisation de la politique, mais également comme moment phare de la participation 'choisie' ou 'subie' du peuple italien, dans son ensemble, à la sphère publique. 3 Les manifestations, les meetings politiques et les combats souvent violents entre les partisans de la neutralité de l'Italie dans le conflitnotamment les socialistes et les catholiques-et les mouvements belligènes-en particulier les anarcho-syndicalistes, les républicains et, dès novembre 1914, un tout nouveau venu sur la scène politique interventionniste, Benito Mussolini-sortent de fait le débat des sphères politiques jusque-là restreintes pour l'amener sur la place publique, une place italienne qui, pour la première fois depuis l'Unité, devient tricolore. 4 L'intérêt des travaux de Mario Isnenghi est donc de s'arrêter sur cette période de non-intervention de l'Italie qui, tout en révélant l'hostilité à l'interventionnisme et à l'entrée en guerre de la majorité de la population italienne, interroge les potentialités politiques multiples des mouvements interventionnistes. 5

Échos de la Révolution française en Italie

Nous avons tous en mémoire la magnifique page d'introduction stendhalienne à La Chartreuse de Parme : Le 15 mai 1796, le général Bonaparte fit son entrée dans Milan à la tête de cette jeune armée qui venait de passer le pont de Lodi, et d'apprendre au monde qu'après tant de siècles César et Alexandre avaient un successeur. Les miracles de bravoure et de génie dont l'Italie fut témoin en quelques mois réveillèrent un peuple endormi : huit jours encore avant l'arrivée des Français, les Milanais ne voyaient en eux qu'un ramassis de brigands, habitués à fuir toujours devant les troupes de Sa Majesté Impériale et Royale : c'était du moins que leur répétait trois fois la semaine un petit journal grand comme la main, imprimé sur du papier sale … Bientôt surgirent des moeurs nouvelles et passionnées. Un peuple tout entier s'aperçut, le 15 mai 1796, que tout ce qu'il avait respecté jusque-là était souverainement ridicule et quelquefois odieux. Le départ du dernier régiment de l'Autriche marqua la chute des idées anciennes : exposer sa vie devint à la mode ; on vit que pour être heureux après des siècles de sensations affadissantes, il fallait aimer la patrie d'un amour réel et chercher les actions héroïques. On était plongé dans une nuit profonde par la continuation du despotisme jaloux de Charles Quint et de Philippe II ; on renversa leurs statues, et tout à coup l'on se trouva inondé de lumière. Depuis une cinquantaine d'années, et à mesure que l'Encyclopédie et Voltaire éclataient en France, les moines criaient au bon peuple de Milan, qu'apprendre à lire ou quelque chose au monde était une peine fort inutile, et qu'en payant bien exactement la dîme à son curé, et lui racontant fidèlement tous ses petits péchés, on était à peu près sûr d'avoir une belle place en paradis.