Écrire l'Histoire de la marge au centre… ensemble (original) (raw)
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Ecrire l'histoire de l'art de la marge
2016
Cette these sur travaux vise a reconstituer la coherence d’une trajectoire de recherche caracterisee simultanement par : 1) le souci d’inclure l’histoire de l’art dans un cadre interdisciplinaire qui fait une place de choix a la dimension sociale et communicationnelle des formes sans toutefois l’y reduire ; 2) le projet d’interroger a nouveaux frais les rapports entre centre et peripherie artistiques a travers les textes les plus significatifs d’une carriere attachee a la conservation et la monstration. C’est la raison pour laquelle le memoire s’ouvre sur une reevaluation de la portee heuristique des notions de centre et de peripherie. L’article fondateur d’Enrico Castelnuovo et Carlo Ginzburg est l’objet d’une relecture informee par la logique de recherche que les divers travaux revelent. Dans un deuxieme temps la grille analytique ainsi renouvelee est appliquee a un objet, la Provence. Cette region est a la fois un objet esthetique et un lieu de production. Son paradoxe est d’etre...
Rencontre avec Michelle Perrot, l'historienne des marges
2001
“ L’histoire sociale classique s’intéresse aux structures fondamentales, au cœur des sociétés beaucoup plus qu’à leurs marges ”, constate Michelle Perrot dans la préface des "Ombres de l’histoire". A contre-courant, l’historienne a consacré sa thèse d’Etat aux ouvriers en grève en France de 1871 à 1890, trouvé chez Michel Foucault des points d’appui pour son travail sur l’univers carcéral et contribué, en collaboration avec Georges Duby, à la reconnaissance de l’histoire spécifique des femmes. Chez elle, à deux pas du jardin du Luxembourg à Paris, elle nous a accordé un long et passionnant entretien, qui évoque ces différents champs de recherche.
La France des marges : une géohistoire des marges
La France des marges, 2016
La constitution du territoire français est un processus historique spécifique. Par conséquent, les phénomènes de marges et de marginalités doivent être compris comme le produit d'une histoire où décisions politiques, innovations techniques, opportunités économiques et représentations culturelles ont généré des configurations spatiales particulières. L'objectif de ce chapitre n'est pas de refaire une histoire des marges et des marginalités, mais de montrer comment se sont constituées des logiques spatiales distinctives amenant à des agencements singuliers à l'échelle nationale. Ainsi, seront présentées quelques grandes configurations qui peuvent entrer en résonance avec les enjeux contemporains. Poser la question des marges et des marginalités en France demande de définir ce qu'est la France. La constitution d'un État-nation lié à un territoire clairement délimité est récente. Michel Foucher (1991) décrit comment ce processus est étroitement lié à la création de frontières linéaires et constitue un modèle géopolitique français : un territoire centralisé autour d'une capitale qui concentre les fonctions politiques, économiques et culturelles. Ce processus idéologique est véritablement mis en oeuvre durant la révolution française lors des débats parlementaires notamment entre les Girondins et les Montagnards de 1791 à 1793. Les Girondins défendent alors le concept de frontières naturelles notamment à travers Danton qui déclare en janvier 1793 « Les limites de la France sont marquées par la nature. Nous les atteindrons toutes, des quatre coins de l'horizon : à l'Océan, au Rhin, aux Alpes, aux Pyrénées. » Ces limites présentées comme naturelles permettent alors de générer une identité dite nationale : forger une nouvelle société autour de valeurs communes issues de la révolution. En effet, la nation est un concept qui est en plein débat. Pour plusieurs philosophes, dont Adam Smith, la nation est définie par une même langue et une même monnaie, soit un ensemble d'institutions communes permettant la libre circulation de l'information mais aussi la construction d'un intérêt commun. L'abbé Grégoire partage la même approche et donc en définit les limites territoriales : « C'est surtout vers nos frontières que les dialectes, communs aux peuples des limites opposées, établissent avec nos ennemis des relations dangereuses, tandis que dans l'étendue de la République, tant de jargons sont autant de barrières qui gênent les mouvements du commerce et atténuent les relations sociales ». L'unification administrative souhaitée depuis la fin du XVIIe siècle n'advient que par la Révolution française. Le nouveau contexte politique a permis aux premiers députés de l'assemblée constituante de prendre des décisions radicales : la fin des privilèges le 4 août 1789 amène à la fin des spécificités juridiques territoriales et la départementalisation autour de logiques nouvelles une stricte hiérarchie urbaine entre la capitale, les préfectures et les autres villes. Le principe d'une monnaie unique en 1795 impose la cohésion nationale. Cette nouvelle logique administrative est renforcée par le Consulat (1799-1804) et le Premier Empire (1804-1815), ce qui se traduit par une unification accélérée du territoire. Cette victoire de la centralisation s'est faite non pas par la raison mais par la force. De nombreux députés opposés à ce processus et favorables à une logique fédérale furent éliminés, forcés à l'exil ou exécutés durant la période révolutionnaire. Toutes les oppositions locales marquées par de puissants mouvements de révoltes furent matés. Pour autant, l'esprit de résistance n'a pas disparu et persistent alors des logiques de marges.
Quand la marge passe au centre : le cas des périphéries de Sanaa (Yémen)
in B. Florin, O. Legros, N. Semmoud, F. Troin (dir.), Marges urbaines et néolibéralisme en Méditerranée. Tours : PUFR, p. 213-231, 2014
Il peut sembler paradoxal d'évoquer la question de la marginalité dans les sociétés urbaines où les politiques d'aménagement du territoire sont encore embryonnaires. En effet, dans de nombreux pays en développement, la planification n'a que peu d'impact sur la fabrique des villes. Dès lors, les formes produites par les pratiques considérées comme informelles ou irrégulières constituent quasiment la règle : c'est en partie le cas à Sanaa, capitale du Yémen. Ce constat s'inspire des thèses avancées par les économistes et géographes du développement qui appréhendent la marginalité comme un « phénomène majoritaire » (Vant, 1986, p. 18). Dans le cadre de ses enquêtes en milieu suburbain africain, M. Vernière proposait même de renverser le problème : « il serait sans doute plus simple de chercher ce qui, des paysages et des hommes, n'est pas marginal » (Vernière, 1973, p. 587). Pour autant, au fil de la croissance de Sanaa -et plus largement de l'histoire contemporaine du Yémenles inégalités entre les groupes sociaux se sont creusées et un processus de fragmentation, lié à l'éclatement des territoires, a vu le jour en ville . Par conséquent, au-delà du débat dichotomique régulier/irrégulier, formel/informel, un processus de marginalisation, entendu comme une mise à l'écart d'un « territoire organisé, fonctionnant suivant des règles mises en place progressivement » (Prost, 2004, p. 177), s'accentue à Sanaa. Il est principalement fondé sur le degré de sécurité d'occupation du sol et de légitimité à faire partie du système territorial. À Sanaa, la marginalité concerne au premier chef les migrants d'origine rurale, contraints de s'établir en périphérie dans des conditions souvent précaires. Cependant, ce phénomène peut aussi caractériser un ensemble d'habitations, dont on ne peut nier l'existence en tant que quartier, mais qui ne répond pas aux normes du système (non respect du droit), ou n'est pas « fonctionnellement » intégré à la ville (déficit presque total d'équipements). Quel champ d'action s'ouvre alors aux populations cumulant les caractéristiques de l'éloignement physique des espaces urbains bien équipés et du statut social a priori défavorisé ? La mise à l'écart des structures spatiales et sociales dominantes est-elle définitive dans cette capitale en pleine recomposition ? C'est à ces questions que nous tâcherons de répondre dans cet article. Dans un premier temps, nous prendrons soin d'exposer les principales causes de la formation des marges spatiales et sociales à Sanaa. Nous consacrerons un deuxième temps de l'analyse aux reconfigurations territoriales à l'oeuvre et aux stratégies d'acteurs publics et privés observées dans les marges urbaines. Dans un troisième temps, à travers l'exemple de quelques trajectoires individuelles, nous observerons comment les occupants de ces quartiers, migrants pour l'essentiel, s'insèrent dans le champ local des sociabilités. Le rapprochement de ces modes d'analyse devrait démontrer qu'un processus d'intégration socio-spatiale des marges a actuellement cours à Sanaa, principalement selon des logiques sociales et économiques bien plus qu'urbanistiques.
Synthèse, Conclusions, Perspectives : les marges françaises, une géographie de la déconstruction ?
Bulletin de l'Association de géographes français, 2017
and urban poles and, on the contrary, it initiates centers of contestation and innovation. The margin is therefore an eminently political geographical object. It defines itself in space but does not find borders and limits, while it is hard mobilize the usual tools of the discipline: transition, areola, gradient, relative, hidden, fractals ; marginal places seem to be kept at a distance. Margins require a plurality of approaches and perceptions of the territory as methodology. The theme so allows to study the frictions between the shape of the world and the way of living in it. It opens on a study of emotions, feelings, and sometimes resentment.