Brinker, Virginie, Pascal Vacher, David El Kenz & Daniel Derivois (dir.). 2020. Violences historiques : quelles représentations de l’Après ? Regards croisés sur les dimensions juridiques, littéraires et psychiques de la réparation. (original) (raw)

La violence en tant que thème postcolonial dans le roman « Meursault contre-enquête » de Kamel Daoud

2021

this is an open access article distributed under the Creative Commons License CC BY 4.0 Résumé La présente recherche porte sur l'analyse des raisons humaines dans la commise des actes de violence via le roman Meursault contre-enquête (Kamal Daoud, 2013). Nous allons étudier les causes et les phénomènes liés à une société hétérogène qui poussent les individus à devenir des meurtriers potentiels en Algérie colonisée et occupée par les Français. Ces phénomènes qui sont à l'issu des violences passent par des crimes invisibles mais seront restés sans punition par la loi française, tels qui constituent le thème principal de ce roman. Nous nous intéresserons à démontrer parallèlement comment en Algérie musulmane, ayant ses doctrines religieuses, les individus perdent leur vie pour commettre du meurtre. Ce dernier comprendra aussi en soi l'objet principal de notre étude que nous définissons sous le titre de « la violence en tant que thème postcolonial ». Kamel Daoud a utilisé son génie littéraire en tant qu'écrivain et journaliste pour bien exprimer le phénomène de la violence à partir de son roman « Meursault contre-enquête », où les évènements se déroulent autour d'un jeune homme Algérien qui est tué par un soldat français au bord de la mer durant sa promenade avec ses amis. Son cadavre a disparu et le crime restait invisible sans punition. Cette étude comprend quatre parties : la première est basée sur l'histoire et la conception de la violence en tant que phénomène né en Algérie après l'occupation française de 1830 et qui s'est continué jusqu'a 1962, causant des meurtres et des actes terroristes. La deuxième partie offre une étude de l'image de la victime à travers le personnage du défunt Moussa l'arabe dont le mort reste anonyme la troisième partie traite la souffrance de la famille du défunt à travers les personnages de la mère et du frère. Enfin, la dernière partie va répondre à la question de la naissance des représailles en raison de l'injustice ce qui a amené les personnages à devenir criminels et victimes à la fois.

Réflexions sur les fondements historiques d’une réponse morale à la violence

L'historien est forcément mal-à-l'aise lorsqu'il s'agit de formuler des idées sur le présent. L'histoire n'est jamais une somme de leçons du passé dont l'étude déboucherait de manière mécanique sur des solutions pour le présent. La méthode même de l'historien se détache d'une telle croyance. Pourtant, l'historien n'est pas privé de droits civiques. Dans le cadre de notre discussion de ce soir, je voudrais tenter d'avancer quelques idées, destinées à nous faire collectivement réfléchir aux valeurs qui sont les nôtres, que nous défendons et que nous transmettons à nos enfants. Mon idée principale est que nous vivons aujourd'hui le moment d'un fort repli sur ce que nous considérons comme les valeurs fondamentales de la civilisation européenne et que ce repli ne nous aide pas à penser le monde. C'est au contraire à mon avis par une vision critique et historicisée des fondements de cette civilisation que nous éviterons l'écueil d'un combat incompréhensible par ceux qui ne se sentent pas concernés par ces valeurs, voire agressés par elles. En somme, et c'est le sens de tout travail avec la jeunesse, il ne suffit pas de parler uniquement aux convaincus pour convaincre. Il faut surtout comprendre les racines du doute, voire du rejet. Cela a été le sens de ma contribution au programme de l'OFAJ-DFJW 'Transmed : penser les marges de l'Europe'. Je voudrais ce soir reprendre certaines de ces conclusions et les étendre aux domaines imposés par une actualité tragique. L'idée est que les impasses actuelles dans la pensée des marges de l'Europe, et notamment de la Méditerranée, ont des racines historiques précises, et souvent impensées, qui touchent toute une sédimentation d'ambiguïtés idéologiques qui ont contribué au façonnement de l'idée même d'Europe. Nos valeurs, en somme, ne sont pas neutres.

Contexte de violence sociale, formes d'expression du traumatisme et mobilisation aux deux rives de la méditerranée Une expérience dans l’après-coup.

Ce que j’appelle « dialectisation » permanente renvoie, par exemple à ce que chacun d’entre vous se préoccupe de ce que les partenaires d’une autre culture peuvent avoir à faire valoir dans leurs regards, dans leurs modes d’approche, dans une démarche pratique qui, naturellement, peut être différente de la vôtre. C’est cela, je crois, qui peut rendre une rencontre féconde. Extrait du discours de Francis Janson aux rencontres franco-algériennes de juin 1998 à Marseille. Résumé Les événements qui ont marqué l’Algérie et qui ont généré une violence sans précédent, on laissé des séquelles sur le plan psychique et somatique chez les algériens. Les traumatismes vécus n’ont pas toujours trouvé la prise en charge nécessaire du fait de l’impréparation et du dénuement en formation, des personnels soignants : psychologues, psychiatres, médecins, personnels de santé. Cette situation a alimenté bien des débats du fait de la complexité des questions qui se sont posées depuis. Ces débats, s’ils n’ont pas toujours débouché sur des solutions immédiates, ont néanmoins permis la naissance d’un formidable élan de mobilisation sur le plan de l’intervention médicale, psychiatrique psychologique toutes spécialités confondues et sur les plans juridiques et règlementaires. Que ce soit dans l’intervention d’urgence ou dans la prise en charge à plus ou moins long terme, il a fallu que les algériens réfléchissent ensemble, apprennent à se former pour former à leur tour. Quel challenge périlleux lorsque l’urgence s’imposant, le temps a fait souvent défaut ! Des efforts importants ont été consentis dans la formation à la prise en charge des intervenants que les évènements ont placé, à leur corps défendant, sous les feux de la rampe. La notion de traumatisme a ainsi été fouillée analysée, décryptée et diverses formations à l’aide psychologique ont été proposées par des pays comme la France, la Belgique, la Hollande et des organisations comme l’UNICEF, Handicap international, Médecins du monde, terre des hommes. pour ne citer que celles-là. Il s’agissait aussi d’un échanges d’expériences, parce qu’il y a eu entretemps, sur le terrain, la capitalisation d’un savoir qui a permis cet échange. La rencontre de Marseille entre autres expériences de partenariat, en est un exemple. La mobilisation de la société s’est traduite par la multiplication de l’aide et de la formation à l’aide aux victimes, de la part d’associations ou d’institutions comme la société algérienne de psychologie (SARP) , la fondation BOUCEBCI, l'association de psychologie d'Alger (APA), l'Institut national de Santé publique ( INSP), l’institut national de formation et de recherche spécialisée (INCOFORS) et bien d'autres encore. On a observé la création de structures plus récentes comme le Centre de thérapie familiale de Dély Brahim sur les hauts d’Alger, des structures algériennes dont l’intervention a été et reste utile et précieuse. L’objectif de cette contribution est de partager une expérience unique en Algérie où l’effort consenti aux deux rives de la méditerranée à permis de prendre en charge une société en souffrance qui garde les traces de traumatismes multiples vécus à son corps défendant. Mots clé Violences sociales, mobilisation, partenariat, méditerranée, traumatisme, formation

"Faut-il témoigner du passé violent?" (in Gensburger Sarah & Lefranc Sandrine, eds., La mémoire collective en question(s), Paris, PUF, 2023, p. 485-493)

Gensburger, Sarah & Lefranc, Sandrine, eds., La mémoire collective en question(s), 2023

Le terme « bosnien » désigne les habitants de la Bosnie-Herzégovine dans leur ensemble, tandis que le terme « bosniaque » désigne les seuls Bosniens de tradition musulmane.

« La transfiguration de la violence dans l’œuvre de Jaime Ávila, Juan Manuel Echavarría, Oscar Muñoz et Miguel Ángel Rojas », Première journée de l’Ecole Doctorale d’Histoire de l’Art : « Les mésaventures de Vénus : les notions de beauté du XIXe et XXe siècle. Editions de la Sorbonne, Paris (2009)

En effet, la Colombie est le théâtre d'un conflit armée complexe 1 qui dure depuis plus d'un demi-siècle 2 . Différents acteurs sont au coeur de ce conflit (l'armée, la guérilla et les paramilitaires). Les affrontements qui dans leur majorité ne frappent pas directement l'ennemi mais la population, notamment dans la frange rurale, ont conduit les analystes à qualifier de guerre civile non déclarée le conflit du pays. Cette violence se trouve à l'origine de différents traumatismes, comme celui des déplacés. Il s'agit des paysans, des Indiens mais aussi des populations issues des communautés noires, obligés d'abandonner leurs terres, alimentant les ceintures de misère des grandes villes.

Sociologie de l'après violence : banaliser l'objet, repenser les conditions du débat (Argumentaire JE 21 novembre 2018)

Cette rencontre a pour but de réfléchir ensemble aux conditions méthodologiques et institutionnelles qui donnent vie à une sociologie des situations d'après-violence politique. Quel est l'objet d'une telle sociologie ? Ce périmètre d'analyse se caractérise d'abord par la temporalité étudiée. Il ne s'agit non pas de rendre compte du "passage" à la violence (C.Browning, 1992 ; H.Welzer, 2008), ou d'analyser la violence "en situation" (R.Collins, 2008), mais d'étudier les mobilisations collectives, interventions expertes et politiques publiques qui se déploient au lendemain d'un conflit violent (guerres civiles, répressions dictatoriales, crimes de masse). Dans ce cadre, et ensuite, le sociologue est soucieux d'opérer une rupture méthodologique. Celle de considérer que le fait violent ne fixe pas, par lui-même, des critères à partir desquels il doit être interprété. Refusant de dresser un continuum entre l'effectivité de l'acte violent et les manières dont il va être socialement traité (Latté, 2012), le sociologue de l'après-violence préfère porter son attention sur des jeux sociaux qui se déploient après-coup. Son objet est d'analyser les activités des différents médiateurs qui "qualifient" la violence et ses effets, de repérer les multiples normes (morales, juridiques, scientifiques, médicales, psychologiques...) qui sous-tendent ce travail d'interprétation, de sorte à mieux retracer les logiques qui innervent le traitement (militant, expert, institutionnel) de la violence perpétrée. Ce faisant, et enfin, le sociologue de l'aprèsviolence s'intéresse à un processus proprement politique : l'institution conflictuelle d'un ordre politique, qui prétend conjurer la violence et réguler les conduites des gouverné.e.s.