Médecins étrangers et continuité de soins en milieu hospitalier : enjeux pour la Champagne-Ardenne (original) (raw)
La démographie médicale est un problème majeur pour la réflexion des politiques de santé en France. Les médias, destinés au grand public ou aux professionnels, se font régulièrement l’écho d’une sous médicalisation de la France. Affirmation péremptoire qu’il convient de moduler. En fait, il n’y a jamais eu autant de médecins en France à l’heure actuelle. Comment expliquer cette carence ressentie ? Or, le nombre de médecins exerçant à temps plein diminue en raison de l’impact combiné de plusieurs facteurs : baisse du nombre de médecins formés entre 1971 et 2001, réglementation du travail hebdomadaire (semaine des 35 heures en France), et directive européenne relative au temps de travail hebdomadaire (Directive 93/104/EEC). De plus, la féminisation de la profession médicale (60 % de l’ensemble des étudiants en médecine en 2002) ainsi que le changement d’attitudes des jeunes diplômés conduira nécessairement à une réduction significative du temps de travail actuel des professionnels de santé . En France, le nombre total de médecins reste donc relativement élevé, soit 3,4 pour 1 000 habitants, comparable à d’autres pays européens (Allemagne 3,4/°°, Danemark 3,2/°°, Finlande 2,6 /°°, Royaume Uni 2,2 /°°). De plus, la pyramide des âges très évasée vers le haut, annonce des départs massifs à la retraite dans les années à venir. Cependant, l’Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONDPS) créé en 2003 par le Ministère de la santé, œuvrant en lien avec sa représentation régionale, publie des données permettant d’apprécier l’offre de soins. Deux rapports de 2005 et de 2006 prédisent une diminution du nombre de praticiens plus marquée entre 2008 et 2015 . Les inégalités de répartition territoriale, déjà importantes, iront en s’aggravant. On sait que la distribution sur le territoire français obéit au tropisme solaire bien connu des professions libérales. Le nord de la France est démographiquement déficitaire en médecins par rapport au sud, et la Champagne-Ardenne n’échappe pas à cette tendance. Cette distribution, loin d’être homogène, concentre les médecins dans les zones citadines, à telle enseigne que l’arrière-pays niçois est une zone aussi désertique que le Santerre picard. Dans ce contexte, il nous a été demandé d’étudier la question de la démographie médicale en milieu hospitalier. L’exploration préalable du champ d’enquête avait empiriquement identifié très rapidement la situation des médecins dits « étrangers » dans le cadre de la continuité des soins.