Adhérents de partis et votants aux primaires: différents profils, différents comportements de vote? Le cas Italien (original) (raw)

13ème Congrès de l’Association française de science politique (AFSP) 22-24 juin 2015

Le degré d’inclusivité des modes de sélection des candidats aux élections (présidentielles, locales, législatives) et des modes de désignation du leader du parti est en train d’augmenter non seulement aux Etats-Unis, mais aussi dans plusieurs pays Européens. Les adhérents, les militants et parfois les électeurs ou les sympathisants sont aujourd’hui intégrés dans ces procédures de sélection et ont la possibilité, sinon de décider, du moins d’influencer la procédure en faisant entendre leur voix (Treille et Faucher-King, 2003 ; Cross et Katz, 2013). Dans le cas des primaires dites ouvertes, tant les adhérents que les sympathisants sont intégrés au processus de sélection, sans que l'adhésion partisane soit un prérequis. Certains auteurs soulignent que, dans les partis qui ont adopté ces procédures très inclusives de désignation des leaders et des candidats, ces changements organisationnels semblent affecter les structures partisanes en réduisant les marges pour différencier clairement entre le rôle et le profil des adhérents et ceux des sympathisants (Katz, 2001 ; Bolleyer, 2009). Notre papier se propose donc de se pencher de façon tant empirique que théorique sur cette question et d’explorer en particulier les profils, attitudes et motivations des deux groupes de participants aux primaires ouvertes, les adhérents et les votants/sympathisants. Cette réflexion nous amène aux questionnements suivants: qui sont les participants aux primaires? Est-ce que la sociologie électorale des votants diffère de celle des adhérents de partis ? De plus, la littérature américaine a montré l’existence d’un lien entre le caractère inclusif des procédures de sélection des candidats et le positionnement idéologique des votants (Norrander, 1989 ; Kaufmann et al., 2005). Les votants aux primaires semblent être idéologiquement plus polarisés que l’électorat général mais moins que les adhérents de parti. Toutefois, la nature de cette relation est plutôt controversée. D’ailleurs, les différences entre adhérents et votants/sympathisants seront explorées non seulement en termes de profil sociodémographique et politique, mais aussi en termes de comportement et de motivations de vote. Afin d’explorer empiriquement ces questionnements et les hypothèses formulées par la littérature américaine nous nous focalisons sur un cas d’étude spécifique, c’est-à-dire les partis de gauche en Italie et le Parti Démocrate plus spécifiquement. Ce parti a utilisé des primaires ouvertes pour désigner son leader et sélectionner les candidats aux élections depuis sa fondation en 2007. Nous développerons nos analyses à partir d’une base de données empirique originale élaborée sur base de données d’enquête ‘sortie des urnes’ lors des élections primaires de 2012 pour désigner le candidat premier ministre de la coalition de centre-gauche guidée par le PD et lors des élections primaires de 2013 pour sélectionner le leader du PD.