Sopdou et le roi - Principe de composition axiale dans la pyramide d'Ounas (original) (raw)

Abstract

Loading...

Loading Preview

Sorry, preview is currently unavailable. You can download the paper by clicking the button above.

References (24)

  1. ' efficacité qu'il incarne, l' appel à Sopdou apparaît, plus que tout autre, vital pour l'établissement du pouvoir royal universel.
  2. II. Axe du pASSAge de l'ANtichAmBre Au couloir de Sortie : ANtichAmBre, pAroi Nord [fig. 4] Il s' agit ici du Spr. 306, § 480d (col. 588), col. 22. Le texte décrit l' ascension au ciel du roi. Les paroles de Geb sont ainsi rapportées ( § 480b-d) (fig. 2, 4) : ' autres pyramides au § 994a-e (Spr. 480) (Pépy I er et Pépy II) 5 : Les buttes d'Horus, les buttes de Seth et les champs de roseaux Adorent Pépy comme Douaou, Comme Iahes à la tête du pays du Sud, Comme Dedoun à la tête du pays nubien, Comme Sopdou sous ses acacias.
  3. Les § 1476a-c (Spr. 572) chez Pépy et Mérenrê 6 reprennent enfin le même texte ; mais, au lieu de seulement comparer le roi aux divinités, ils l'identifient à elles et, en dernier lieu, à Sopdou ( § 1476c) : (…) Pépy est Sopdou sous ses acacias (Pépy I er ).
  4. …) Tu es Sopdou sous ses acacias (Mérenrê).
  5. A. Piankoff, op. cit., pl. 5-6 ;
  6. R. Faulkner, op. cit., p. 168 ; J.P. Allen, op. cit., p. 281. Ce texte est gravé sur la face ouest de l'antichambre, dans les deux pyramides.
  7. A. Piankoff, loc. cit. ; R. Faulkner, op. cit., p. 227 ; J.P. Allen, op. cit., p. 180. Ce texte est gravé dans le vestibule des deux pyramides, sur la face ouest chez Pépy, sur la face est chez Mérenrê.
  8. J. Yoyotte, « Le roi Mer-djefa-rê et le dieu Sopdou - un monument de la XIV e dynastie », BSFE 114, 1989, p. 17-63 ;
  9. I.W. Schumacher, Der Gott Sopdu, der Herr der Fremdländer, OBO 79, 1988. Voir aussi Chr. Leitz, Lexikon der Ägyptischen Götter und Götterbezeichnungen, VI, OLA 115, 2002, p. 289-291.
  10. L. Borchardt, Das Grabdenkmal des Königs S'aȝḥu-Reʿ, II, Die Wandbilder, Leipzig, 1913, pl. VIII. Comme la tête manque, il est difficile d'affirmer s'il s'agit d'un sphinx ou d'un griffon (cf. LÄ V, 1984, col. 1143, s. v. « Sphinx »).
  11. L. Borchardt, op. cit..w, c' est-à-dire qu'il a les « dents pointues, acérées ». Il est clair que son nom évoque à la fois un dieu spd, « efficace », et redoutable justement par ses dents. Son autre caractéristique est qu'il est dépeint « sous ses arbres-ksb.t », l'Acacia tortilis 19 , de même que le dieu crocodile Sobek qui, lui, les parcourt 20 . Le lien entre l' acacia, le faucon et le crocodile se situe peut-être dans le caractère pointu (et redoutable) des épines de l' arbre, du bec de l' oiseau ou des dents du saurien 21 . Pour chaque prédateur, crocodile 22 et faucon 23 , l' attitude décrite, en relation avec les acacias, est différente. L'immobilité du faucon « sous ses arbres-ksb.t » est souli- gnée, en accord avec sa représentation figée dans le signe G 13, renvoyant à une posture d' animal aux aguets, lui qui a une vue perçante et est extrêmement rapide et redoutable lorsqu'il voit une proie. L' oiseau utilise l' acacia et d' autres espèces d' arbres comme poste d' affût, reposoir diurne ou nocturne, plus que comme site d' aménagement de son nid. Il montre ce comportement plutôt lors de son vagabondage internuptial dans les plaines colonisées par une végétation arborée clair- semée/discontinue (type savane), loin de l' escarpement rocheux où il s' est reproduit 24 . On peut penser que le dieu faucon Sopdou se place ainsi symboliquement sous l' auspice de ce végétal très répandu autrefois 25 , ce qui serait une façon supplémentaire d' expliquer son lien avec les acacias. Figure belliqueuse et souverainement efficace, comme on vient de le montrer, le dieu possède en outre dans les Textes des Pyramides une dimension astrale qui n' apparaît pas dans d' autres contextes. Dans un article écrit en hommage à Jean Leclant 26 , j' avais mis en évidence la façon dont les anciens Égyptiens évoquaient le lever héliaque de l'étoile Sirius, Spd, dans les Textes des Pyramides, son apparition après une période d'invisibilité, épiphanie vitale car ce lever était annonciateur du début de la crue. Il était apparu que la figure divine de Spdw était une des fa- çons d'évoquer l' astre, sous l' angle de son éclat incomparable (il s' agit de l'étoile la plus brillante du ciel nocturne) précisément au moment de ce lever, lorsqu'il apparaît à l' aube et demeure seul visible dans l'éclat grandissant du soleil levant. Revenons sur les éléments étayant cette dimension astrale de Sopdou. Le § 1863b (Spr. 659) permet d' affirmer que le dieu Sopdou était une évocation de l' astre Spd, l'étoile Sirius 27 . Ce texte substitue en effet, chez Pépy II, le nom de Spdw à celui de Spd inscrit chez Pépy I er avec le simple triangle effilé : Jnk sn=k Spd (var. : Spdw) js Je suis ton frère et Sirius-Spd (var. : Sopdou).
  12. Il s'agit plus précisément de l'Acacia tortilis (Forsk.) Hayne (N. Baum, « Essai d'identification de l'arbre ou arbuste ksbt des anciens Égyptiens », VarAeg 3, 1987, p. 195-205).
  13. Je remercie J.-P. Corteggiani pour cette suggestion.
  14. J. Yoyotte, « Crocodile », dans P. Vernus, J. Yoyotte, Bestiaire des pharaons, Paris, 2005, p. 209-240.
  15. P. Vernus, « Faucon », dans P. Vernus, J. Yoyotte, op. cit., p. 369-377.
  16. Je suis reconnaissante, pour ces informations sur les liens entre faucon et acacia, à A. Czajkowski, biologiste, directeur d'Oiseaux migrateurs du paléarctique occidental. Voir aussi V. Salewski, V. Martignoli, « A Ground Nest of the Lanner Falcon Falco biarmicus in Mauritania », Malimbus 27, 2005, p. 113-116.
  17. Cf. N. Baum, op. cit., p. 201.
  18. N. Beaux, « Sirius, étoile et jeune Horus », dans C. Berger, G. Clerc, N. Grimal (éd.), Hommages à Jean Leclant, BdE 106/1, 1994, p. 61-72.
  19. N. Beaux, op. cit., p. 69-70.
  20. Comme on l' a mentionné, le nom de Spdw n' est jamais écrit avec ce seul signe du triangle dans les Textes des Pyramides. Il s' agit donc bien chez Pépy I er de Spd et non de Spdw. D' autre part, Spd, au § 458a (Spr. 302), apparaît chez Ounas avec le déterminatif de l'étoile. Il est donc clair que « Spd » est une étoile et que dans le § 1863b l' astre Spd et le dieu Spdw sont équivalents. Spdw est donc également vu comme l' astre Spd, mais dans quelle perspective ? Les mentions de Spdw se font dans un contexte résolument solaire, on l' a vu en particulier dans la litanie inscrite dans l' axe du passage de la chambre funéraire vers l' antichambre, litanie commençant par une invocation à Rê et culminant par une double invocation axiale à Sopdou. Le roi est assimilé 28 ou associé à Sopdou, qui est son père 29 ou son frère 30 . Ce contexte solaire, lié à des textes d' ascension, fait surgir l'image de l'éclat salvateur de l'étoile, seul astre visible dans la lumière répandue à l' aube par le soleil, et tisse une métaphore stellaire évoquant l' apparition radieuse, puissante, efficace, du souverain, métaphore nouée autour du radical spd, « efficace, acéré, pointu » que l' on retrouve dans le nom de l' astre Spd et celui du dieu Spdw : Pr=k r=sn ȝḫ=tj spd=tj m ms t(w)t, m ms t(w)t m rn=k pw n Spdw Tu t'élèveras vers eux puissant, efficace, comme un parfait enfant, comme un parfait enfant, En ce tien nom de Sopdou ( § 1534bc -Spr. 578) 31 .
  21. Mais revenons à la face nord de l' antichambre, celle sous laquelle doit passer le roi pour atteindre, par le couloir, la sortie de la pyramide. Cette face débute avec le § 458a (Spr. 302) : Sbš p.t ʿnḫ Spd n Wnjs js ʿnḫ sȝ Spd.t Que le ciel s'éclaircisse, que Sirius-Spd vive, car Ounas est le vivant, le fils de Canis major-Spd.t ! Gravé sur la première colonne de la face nord de l' antichambre, ce texte indique donc, dès le début, que le thème de Sirius est fondamental pour la résurrection du roi. L' aube naissante et l'assimilation du roi à l'étoile sont évoquées, invocation nouant Ounas et l'astre en une même incantation de vie, appelant le souverain à apparaître en son lever héliaque au sein de la constellation Canis major (Spd.t). Or, c' est justement ce thème qui est repris au milieu de la face, au-dessus du passage vers la sortie, dans le texte que nous avons déjà mentionné, § 480d (Spr. 306) : il s' agit de son ascension au ciel, le roi est adoré comme Sopdou, et nous ne sommes plus dans l'invocation mais dans l' acclamation de l' astre rayonnant et ascendant.
  22. § 201c-d (Spr. 222) (Ounas, chambre funéraire, paroi est ; Pépy II, chambre funéraire, paroi sud ; Neith, chambre funéraire, paroi sud).
  23. § 1863b (Spr. 659) (Pépy I er , chambre funéraire, paroi est ; Pépy II, chambre funéraire, paroi est).
  24. Pépy I er , vestibule, paroi ouest. Il faut comprendre le terme de t(w)t comme à la fois, « plaisant, agréable » et surtout « complet, achevé », donc « parfait ».