Fabry-Tehranchi, Irène. "L’illustration marginale d’un ouvrage profane : étude du manuscrit Paris, Bibliothèque nationale de France, français 95, xiiie siècle (1290)", Bulletin du centre d'études médiévales d'Auxerre (BUCEMA), 19 (1), 2015, p. 1-44. (original) (raw)
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Dir. A. Latimier, J. Pavlevski-Malingre et A. Servier.
L'examen des métamorphoses merveilleuses de Merlin et de leur mise en scène visuelle montre la solidarité qui existe entre l'iconographique principale et marginale de BNF fr. 95, un manuscrit de la fin du XIIIe siècle qui se caractérise par la présence d’illustrations marginales particulièrement riches se prête à l’exploration de différents types de marginalités et de leur spatialisation sur la page manuscrite. La question de l’illusion et le jeu sur les apparences dont relèvent les transformations à la fois ludiques et symboliques d’un Merlin polymorphe sont souvent renforcés et redoublés par la mise en scène divertissante ou moralisante des figures hybrides qui peuplent les marges de BNF fr. 95. Dans ce manuscrit, malgré leur diversité, les transformations de Merlin témoignent d'un attrait pour des figures marginales et dévaluées, malades et infirmes ou enfants et vieillards, qu’il introduit à la cour et qui se font le réceptacle paradoxal de la parole du prophète et conseiller des souverains bretons. Cette prédilection élargit l'horizon du roman arthurien et renforce la solidarité entre le texte et les images.
Antoine Vérard’s first edition of Merlin, its Vulgate sequel, and the Prophecies was published in 1498. This article examines the choice and placement of the illustrations, which are restricted to the first two volumes of Vérard’s edition, and compares them with the iconography of the Merlin manuscript tradition. It identifies the origins of Merlin’s woodcuts, copied from editions of Colard Mansion (Ovid’s Metamorphoses, 1484), Jean Bonhomme (Jacques Millet’s La destruction de Troye, 1484), and Jean de Vingle (Les Quatre fils Aymon, 1495), and analyses the adaptation or discordance between text and images produced by the re-use of engravings. The use of generic images in Vérard’s edition echoes the use of stereotyped miniatures in earlier Merlin manuscripts, although in some cases, there is an obvious discrepancy between text and images in the printed edition. The re-use of woodcuts, which is only partially commercially and technically motivated, can give more autonomy to the image, highlighting its structural function. It creates intertextual relationships between Merlin and other works of historical and epic fiction, shaping new experiences and responding to different reading expectations.
L'illustration du Brut en prose Moyen Anglais, Londres, Lambeth Palace 6, copié par un scribe anglais et richement enluminé dans l'atelier du maître d'Edouard IV à Bruges vers 1480, fait d'Arthur un personnage historique mais aussi une figure chevaleresque et mythique. Ce manuscrit témoigne de l'intérêt que continue de susciter Arthur dans les cercles aristocratiques et royaux anglais à la fin du XVe siècle, mais aussi de l'importance des échanges littéraires et artistiques qui existent alors entre l'Angleterre et le continent.
dir. C. Ferlampin-Acher
Dans les versions en vers de la légende tristanienne, centrées sur la Cornouaille et l'Irlande, le monde arthurien et le royaume de Logres ne tiennent qu'une place marginale. Or un des traits marquants du Tristan en prose est l'effort d'intégration de l'histoire de Tristan et Iseut, dont les amours reflètent celles de Lancelot et Guenièvre, à la mouvance d'Arthur et de ses chevaliers. Le Tristan en prose, écrit vers 1240 et légèrement postérieur à la fin de la rédaction du cycle du Lancelot-Graal, relève d'un même effort de rassemblement et de mise en cycle d'une matière profuse, même si ce faisant il provoque peut-être moins un effet d'unité que d'éclatement. Les textes et l'iconographie des manuscrits du Lancelot-Graal et celle du Tristan présentent de nombreux points de contact. Ainsi la version longue du Tristan (V II) est interpolée de la Queste del saint Graal des cycles Vulgate et Post-Vulgate ainsi que de la Mort Artu 1 . Les aventures chevaleresques de Tristan, côtoyant celles d'autres chevaliers comme Lancelot ou Galaad, prennent le pas sur son histoire d'amour avec la reine Iseult.
dir. E. Anheim, P. Chastang, F. Mora-Lebrun et A. Rochebouet.
L'épisode de la construction de Stonehenge interroge l'inclusion de la merveille dans les récits à caractère historique écrits en latin et en français entre le XIIe et le XVe siècle. L'autorité du prophète Merlin contribue paradoxalement à renforcer la crédibilité d'un récit étiologique concernant ce monument doté d'une fonction à la fois mémorielle et funéraire. Stonehenge constitue par son existence même un signe extraordinaire propre à susciter des explications surnaturelles, mais différentes stratégies d'écriture permettent de mettre en sourdine cet élément. The episode of the construction of Stonehenge questions the inclusion of the marvellous in French and Latin historical accounts ranging from the 12th to the 15th c. Paradoxically, the authority of the prophet Merlin reinforces the credibility of an etiological account concerning this monument endowed with a memorial and funerary function. Stonehenge is an extraordinary sign leading to supernatural explanations, yet different writing strategies enable to tone down this element.
Dir. H. Tétrel et G. Veysseyre.
London, Lambeth Palace, 6 is a 15th century manuscript and one of many witnesses of the Middle English Prose Brut. This trilingual codex tells how Brutus founded Great Britain after the fall of Troy and goes up to 1436. It was copied by an English scribe, contains passages in Latin, marginal instructions in French and was richly illuminated in Bruges c. 1480 by Edward IV’s Master and his assistants. Violent deaths play a significant part in the history of Great Britain and in this codex, their visual depiction highlights the social, political and religious instability of the kingdom.
Le ms. lorrain Paris, BnF, fr. 344, datant de la fin du xiiie siècle, conserve l’intégralité du cycle du Graal et présente une version abrégée de la fin de la Suite Vulgate du Merlin. Le remaniement de la fin de la continuation met entre parenthèses les épisodes plus romanesques de la version commune et construit la cohérence de l’œuvre autour de la figure d’Arthur, souverain légitime et habile chef de guerre, confronté à la dissidence de ses barons. De la fin du fo 182 au fo 184v° sont évoqués le départ des rois Ban et Bohort pour le continent, l’ambassade du roi Loth et de ses fils, et la lutte contre les Saxons de la coalition chrétienne rassemblée à Logres pour la fête de la sainte Croix. Cet article montre comment l’abrégement et l’illustration de la fin du texte dans le fr. 344 témoignent d’une forte inflexion idéologique, exaltant la souveraineté d’Arthur en insistant sur le ralliement puis la contrition et la soumission de ses vassaux révoltés. The ms. Paris, BnF, fr. 344 was produced in Lorraine at the end of the thirteenth century and contains the whole Lancelot-Grail cycle. It presents an abridged version of the end of the Vulgate Sequel to Merlin. The rewriting of the end of the sequel glosses over the romantic episodes of the common version and focuses on the figure of Arthur, a legitimate sovereign and skilful war leader confronted by his barons’ dissidence. From the end of f° 182 to f° 184v°, BnF, fr. 344, narrates the departure of Kings Ban and Bohort for the Continent, the embassy of King Loth and his sons, and the fight against the Saxons of the Christian coalition gathered at Logres for the feast of the Holy Cross. This article shows the ideological implications of the abridgement and the illustration used at the end of the Vulgate Sequel in ms. fr. 344, as it exalts Arthur’s kingship and insists on the rallying, penance and submission of his rebelled vassals.
La Suite Vulgate, une œuvre d'orientation à la fois romanesque et historique, interroge la pertinence des constructions et catégories génériques dans la littérature médiévale. Afin de mieux cerner le statut de cette œuvre hybride, cet article explore les questions de l'écriture de l'histoire, la terminologie à travers laquelle l'œuvre s'auto-désigne, son rapport à la temporalité, et le mode de représentation de l'histoire que propose le texte.