Éditorial. La violence à l’épreuve de la description (original) (raw)

L’écriture contemporaine de la violence extrême : à propos d’un malentendu entre littérature et historiographie.

Fabula / Les colloques, Littérature et histoire en débats, URL : http://www.fabula.org/colloques/document2086.php, 2013

Partant du constat souvent répété d’un rapprochement contemporain entre historiographie et littérature, j’examine ici les formes et les limites de ce rapprochement dans les champs où il se manifeste avec le plus de force, l’écriture de la violence extrême et la mémoire des vies infâmes. Observer la parenté des démarches permet de mettre en évidence un certain malentendu entre les disciplines et les discours, particulièrement lorsque ceux-ci font l’épreuve des limites de toute entreprise de restitution vive du passé.

« Peut-on parler de violence sans agression morale ? »

PEUT-ON PARLER DE VIOLEN- CE SANS AGRESSION MORALE? Luís Roberto Cardoso de Oliveira Mots-clés: Violence; Agression morale; Insulte; Droits; Identité. L’article défend l’idée qu’il ne serait pas adéquat de classifier les actes d’agression qui n’ont pas une composante morale comme étant de la violence. En dépit d’un caractère éminemment symbolique et non matériel, leur objectivité comme une expression de la violence serait beaucoup plus palpable que celle d’une agression physique au sens strict. L’agres- sion morale est alors définie comme une insulte, qui aurait deux caractéristiques fondamentales : (1) il s’agit d’une agres- sion objective, qui ne peut être adéqua- tement traduite en évidences matérielles; et, (2) elle implique toujours en une dé- valorisation ou une négation de l’identité de l’interlocuteur. L’article aborde égale- ment les difficultés du pouvoir judiciaire à traiter ce genre d’agression dans laquelle le droit positif prévaut, ce qui produit une grande insatisfaction et qui, parfois, contribue à aggraver le conflit. IS THERE VIOLENCE WITHOUT MORAL AGGRESSION? Luís Roberto Cardoso de Oliveira Keywords: Violence; Moral aggression; Insult; Rights; Identity. The article submits that it is not adequate to classify as violence acts of aggression that do not carry a moral component. Des- pite having an eminently symbolic and immaterial character, such moral compo- nent would carry a much greater objec- tivity as an expression of violence than a physical aggression in the strict sense of the term. Moral aggressions are then defi- ned as an insult, which convey two basic characteristics: (1) it is an objective injury to rights, which cannot be adequately translated into material evidence; and, (2) it always implies some devaluation or negation of the identity of the interlo- cutor. The paper also addresses the dif- ficulties of the judiciary in dealing with such aggressions where positive law pre- vails, producing discontentment among the parties and often aggravating the conflict.

Les mots de la violence

Hypothèses, 2013

Distribution électronique Cairn.info pour Éditions de la Sorbonne. Distribution électronique Cairn.info pour Éditions de la Sorbonne. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Article disponible en ligne à l'adresse Article disponible en ligne à l'adresse https://www.cairn.info/revue-hypotheses-2013-1-page-235.htm Découvrir le sommaire de ce numéro, suivre la revue par email, s'abonner... Flashez ce QR Code pour accéder à la page de ce numéro sur Cairn.info. Discours sur la violence Journée d'études du Collège franco-allemand Francfort-sur-le-Main, 22 novembre 2012 coordonnée par

Récits d’une violence ordinaire

Développement humain, handicap et changement social, 2022

Article original • Original Article Résumé Les déclarations politiques autour de l'emploi des personnes handicapées se multiplient aujourd'hui, mais nous manquons d'informations sur la vie professionnelle des personnes sourdes. À partir de données qualitatives sur l'expérience professionnelle de 51 salariés sourds français, nous analysons les sources de violences quotidiennes qu'ils vivent dans leur travail, et exposons la diversité des stratégies qu'ils mettent en place. Nous montrons que sans prise en compte structurelle de leurs pratiques de communication, cette recherche de solutions peut elle-même susciter souffrances et conflits.

Pour une sémiotique de la violence

Actes Sémiotiques 125/2021, 2021

La violence est au foyer de la scène culturelle du sens. Dans les Métamorphoses, Ovide en raconte l'origine. Lorsque les Géants, cherchant à s'emparer du royaume céleste, eurent entassé des montagnes pour y accéder, le père des cieux les fracassa de sa foudre, elles écrasèrent les Géants et leur sang imbiba Gaïa, la Terre. Celle-ci donna vie à des flots de sang encore chauds et, de peur que disparaisse toute trace de sa race, en forma des êtres à face humaine. Mais cette génération aussi méprisa les dieux et, particulièrement avide de carnage et de cruauté, elle se livra à la violence ; on reconnaissait qu'elle avait été créée avec du sang. 1 De ce sang, les arts se sont nourris ; ils ont élaboré d'innombrables représentations de la violence et des chercheurs comme Pierre Clastres ou René Girard l'ont identifiée comme l'un des moteurs fondamentaux de l'histoire culturelle. Force archaïque en ce qu'elle est à la fois originaire et toujours présente, la violence est chaque jour objet des discours médiatiques. Les sciences sociales bien entendu s'en occupent, mais toujours comme s'il s'agissait d'un phénomène en soi évident, que chacun est capable de reconnaître comme une « donnée de fait », sans que l'on interroge plus avant sa définition. Avec toutes les évidences intuitives que le mot suscite, son spectre sémantique est très large : il mêle les traits modaux du « pouvoir » et de la « force » (en allemand réunis, sous l'expression Gewalt) avec les figures actantielles du contrôle, de la domination et de la soumission, ainsi que la manifestation de phénomènes passionnels extrêmes-de la haine à l'épouvante-avec l'irruption soudaine et impérieuse de la Mort. La sémiotique, pour sa part, a souvent analysé des situations et des scènes violentes, ou qui impliquent la violence, en traitant le sens de phénomènes aussi bien collectifs tels que le terrorisme, la guerre, les luttes sociales, que privés comme « la scène de ménage ». Elle a considéré la présence implicite de la violence dans les stratégies narratives qui caractérisent la dimension polémique de la circulation des valeurs : c'est ce que révèlent plusieurs entrées du dictionnaire de Greimas et Courtés, Sémiotique. Dictionnaire raisonné de la théorie du langage, « agresseur », « appropriation », « punition »..., de même que la manifestation de cette violence appelée par certaines passions telles que