Une élite administrative transatlantique ? Les intendants de France et de Nouvelle-France au 18e siècle. (original) (raw)
Related papers
2012
« Il y a des roys par élection, par conquestes et par succession. » Cette observation de Jean de Saulx rend bien compte de l’avènement de beaucoup de princes, mais laisse de côté quelques configurations politiques originales de la première modernité. En témoigne l’itinéraire d’Henri III de Bourbon, roi de Navarre, puis roi de France sous le nom d’Henri IV, ainsi que ceux d’István Bocskai et de Gábor Bethlen, princes de Transylvanie et rois élus de Hongrie. Héritier des couronnes comme Henri (1572, 1589) ou élus pour être couronnés comme Bocskai (1605) et Bethlen (1613, 1620), les trois princes protestants durent affronter les forces de la Maison de Habsbourg pour espérer prendre pleinement possession de leurs royaumes « par conquête » et de rétablir l’intégrité territoriale de leurs couronnes. Leurs parcours, grandement redevable à la manière dont ils savaient s’attacher des hommes, constituent les pages illustres de l’histoire de France et de Hongrie. Ce livre relit celles-ci en cherchant les ressemblances et les différences dans la manière dont les princes cités gouvernaient deux ensembles de petits États en quête de souveraineté dans le voisinage menaçant de grands empires. Fondée sur le dépouillement et la lecture critique de toutes les sources disponibles relatives au sujet, ce livre dévoile deux institutions « laïcisées » (ne comportant officiellement aucun membre ecclésiastique) à deux étapes différentes de la bureaucratisation. En dépit de différences structurelles liées à la configuration territoriale des États, il existait bien des ressemblances dans les pratiques gouvernementales des Conseils à cause des contraintes spatiotemporelles semblables et en raison des traits de caractère similaires des princes comparés: Henri de Navarre et ses homologues hongrois de Transylvanie gouvernèrent plus par leurs conseillers que par leurs Conseils. En d’autres termes, les princes firent rarement appel à la première des institutions de leurs États mais sollicitèrent souvent leurs grands serviteurs pour gérer directement les affaires politiques, militaires et diplomatiques. Dévoilant de nombreux aspects mal connus ou inconnus des Conseils du roi de Navarre et du prince de Transylvanie, ce livre contribue à bâtir un pont entre l’historiographie française et hongroise en abordant, sous un jour nouveau, l’époque de la formation de l’État moderne.
Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, 2005
Les marchands espagnols dans l'élite dirigeante du Conseil des bourgeois de Nantes au milieu du XVI e siècle Guy SAUPIN Professeur d'histoire moderne CRHIA-Université de Nantes Depuis le milieu du XIV e siècle, les bourgeois de Nantes ont été associés par les ducs de Bretagne à la gestion financière de la défense de la ville. En 1410, mais surtout en 1420, Jean V renforça cette participation en l'intégrant dans un conseil de bourgeois au côté des gens d'Église et de justice, l'ensemble étant placé sous l'autorité du capitaine, représentant suprême de l'autorité ducale 1. Au cours d'une longue évolution, difficile à dater faute d'archives, ce conseil a pris l'habitude de fonctionner en assemblée générale intéressant prioritairement l'élite urbaine. C'est ce qui ressort du dernier et seul registre de délibération conservé 2 , couvrant la période août 1555-février 1563. Les relations entre les grands marchands et le capitaine s'étant détériorées suite à l'autoritarisme nouveau affiché par le comte René de Sanzay, ces derniers parvinrent à obtenir du roi François II en janvier 1559 (1560) la création d'un corps de ville, avec un maire, dix échevins et un procureur du roi syndic, doté d'un pouvoir de police urbaine beaucoup plus fort 3. Cette remise en cause de l'équilibre institutionnel ancien dressa contre la nouvelle municipalité tous les autres corps dotés d'autorité, ce qui explique que le nouvel échevinage ne put être véritablement établi qu'en décembre 1564. Dans ce groupe de pression, des membres du groupe hispano-nantais, formé principalement d'immigrants venus de Vieille-Castille 4 , ont joué un rôle majeur.
A la table des élites bordelaises du XVIIIe siècle
2003
Philippe Meyzie À la table des élites bordelaises du XVIIIe siècle In: Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 115, N°241, 2003. La culture matérielle dans le Midi de la France à l'époque moderne. pp. 69-88. Citer ce document / Cite this document : Meyzie Philippe. À la table des élites bordelaises du XVIIIe siècle. In: Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 115, N°241, 2003. La culture matérielle dans le Midi de la France à l'époque moderne. pp. 69-88.
RAN, 2016
Les élites de Narbonne et les ordres supérieurs de l'Empire (I er siècle av. J.-C.-II e siècle ap. J.-C.) L 'ascension des élites provinciales de Gaule Narbonnaise et leur insertion dans les ordres dirigeants de l'Empire sont des phénomènes assimilés par R. Syme au « triomphe de la richesse, de l'énergie et de l'opportunisme » (Syme 1958, 608). Pour étudier ces processus, le savant anglo-saxon s'est attaché, entre autres, à définir la chronologie de cette intégration et à évaluer le rôle de la hiérarchie des statuts civiques de Narbonnaise dans le recrutement des élites impériales. Certaines de ses conclusions ont été revues et nuancées par l'historiographie de ces dernières années, et en particulier par les travaux de M. Christol sur l'importance des colonies ◤ Résumé : Un réexamen de la documentation épigraphique sur les sénateurs et les chevaliers originaires de Narbonne conduit à nuancer l'idée d'une faible participation de la capitale provinciale au recrutement des élites impériales au cours du Haut Empire. Ce constat est particulièrement frappant pour le milieu équestre narbonnais, plus important qu'on ne le pensait. Son ascension semble avoir reposé en partie sur ses mérites militaires et en partie sur des patrimoines constitués sur des activités économiques de nature diverse. En revanche, si l'impression d'une participation modeste au recrutement sénatorial persiste, une analyse plus fine des témoignages permet de mieux connaître les véritables raisons de l'élévation des familles narbonnaises. Il s'avère que leurs trajectoires reflètent les caractéristiques distinctives de Narbonne : une cité aux fortes traditions militaires, dotée de milieux d'affaires très dynamiques et liée à la vie intellectuelle de l'Urbs. Ainsi l'élite narbonnaise du haut Empire peut-elle illustrer concrètement ce « triomphe de la richesse, de l'énergie et l'opportunisme » des milieux provinciaux, si chers à R. Syme.