Philippe Rousselot, review (in french) : Luciano Canfora, La nature du pouvoir, Coll. Le goût des idées, Les Belles Lettres, Paris, 2010. (original) (raw)
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Le projet d'« Histoire splendide » qu'ébauche avec une désinvolture soulignée du crayon la lettre du « 16 April 74 », adressée depuis « London » à Jules Andrieu, est.défini.dans.les.termes.. d'«.une.spéculation.sur.. l'ignorance.où.. l'on.est.maintenant de l'histoire, (le seul bazar moral qu'on n'exploite pas maintenant 2) […] ». Cette « spéculation » à double entente concentre les enjeux économiques de « ce noble travail », que, par goût de la provocation autant que par nécessité, Rimbaud s'emploie à mettre au premier plan, ainsi que ses enjeux intellectuels : la pensée. s'exercera.sur.une.lacune.du.savoir.. commun,.dont.elle.tirera.résolument.profit,. mue.par.un.esprit.de.mystification.qui.traverse.la.lettre.de.part.en.part.et.trouve. dans l'oeuvre de multiples échos-du « maître en fantasmagories » de « Nuit de l'enfer » au bonimenteur de « Solde 3 ». Si les indications formelles, foisonnantes, dont le poète nourrit son projet, recouvrent un domaine plus large que celui du « poème en prose à la mode d'ici », sa formulation est contemporaine d'une période de mise au net vraisemblable des manuscrits des Illuminations 4. C'est à ce titre 1. Université Grenoble Alpes (Litt&Arts). 2. Pour détourner une formule dont use le Rimbaud de la première lettre dite « du voyant », le 13 mai 1871 : «-Mais, je vous en supplie, ne soulignez ni du crayon, ni trop de la pensée […] » (OEuvres complètes, éd. A. Guyaux, collab. A. Cervoni,
Astérion - Philosophie, histoire des idées, pensée politique, 2024
Pour décrire son approche dans cette étude, Delphine Antoine-Mahut utilise un apologue : lorsque nous retrouvons un objet du passé, par exemple la statue de Glaucus, nous reconnaissons les traits du personnage qu’elle représente, mais en même temps nous percevons ce que le temps et l’action de la mer ont déposé sur sa surface. Ce qui intéresse l’auteure n’est pas de mesurer l’écart entre ce que nous avons sous les yeux et la statue originale, mais de comprendre les événements qui l’ont rendue ce qu’elle est à présent. Hors de la métaphore, ce qui intéresse Antoine-Mahut, c’est d’analyser les différentes démarches que des auteurs contemporains, ou bien plus tardifs, ont entreprises afin de rendre canonique la philosophie de Descartes. Par rapport à d’autres travaux qui se sont penchés parfois sur les mêmes dossiers (je pense notamment au livre de Carlo Borghero, Interpretazioni, categorie, finzioni. Narrare la storia della filosofia, paru en 2017), l’approche d’Antoine-Mahut se concentre sur les enjeux philosophiques de ce processus de canonisation et établit un lien direct entre les contemporains de Descartes et le XIXe siècle français. Ce lien réside dans la présence constante de l’alternative entre un Descartes métaphysicien et un Descartes philosophe naturel, un Descartes rationaliste ou un Descartes empiriste. Derrière cette alternative se situe le problème du statut à donner à Henricus Regius, le professeur de médecine qui a introduit l’enseignement de la philosophie de Descartes à l’université d’Utrecht et qui a longtemps collaboré avec lui, avant de rompre la relation à la suite d’un différend sur la valeur de la métaphysique cartésienne.
L’étude part d’une des images les plus célèbres de l’art impérial d’époque justinienne, le médaillon d’or de Justinien SALVS ET GLORIA ROMANORVM le figurant au droit en armes, au revers caracolant à cheval précédé de la Victoire, pour examiner la mise en images d’un discours du pouvoir au travers d’autres œuvres figurées produites dans le temps de la Johannide (de 534, date de la victoire africaine de Bélisaire et de la reconquista militaire des « Romains » sur le royaume vandale jusqu’à 549/550, date d’achèvement par Corippe de la geste de Jean Troglita). L’étonnant médaillon d’or se détache du reste de la production monétaire d’époque justinienne et réactive des canons plastiques et des thèmes iconographiques - l’empereur combattant à cheval et le thème de sa Virtus militaire - datables de la fin du IIIe s.-début du IVe s. Cette réappropriation de thèmes iconographiques vieux de deux siècles et demi, que partage aussi le célèbre ivoire Barberini, témoigne de la mission que s’est fixée Justinien, revenir aux modèles de la Romanité en même temps que reconquérir militairement l’espace impérial romain. L’épopée virgilienne de Corippe va dans le même sens. Le même esprit de renovatio temporum est à l’œuvre lorsque le christianisme officiel se coule dans les modèles impériaux : sont particulièrement étudiés les thèmes iconographiques de l’auréole, héritée du nimbe du dieu Sol, et de l’offrande des couronnes, inspirée de la remise de l’aurum coronarium à l’empereur.
Civitas Europa, 2015
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