« Daniel Boyarin – La partition du judaïsme et du christianisme, traduit de l’anglais par J. Rastoin avec la collaboration de C. et M. Rastoin, Paris, Le Cerf, 2011, 447 pages (« Patrimoines-Judaïsme ») », Revue des études juives, 171, 3-4, 2012, p. 419-425 (original) (raw)

« Daniel Boyarin – Le Christ juif. A la recherche des origines, traduit de l’anglais par M. Rastoin avec la collaboration de C. Rastoin, préf. de Ph. Barbarin, Paris, Le Cerf, 2013, 190 pages (« Initiations ») », Revue des études juives, 173, 3-4, 2014, p. 431-434

Le "modèle" et les "faits": Daniel Boyarin théoricien de la partition entre christianisme et judaïsme

This article proposes an analysis of the work which the American scholar Daniel Boyarin devoted to relations between Jews and Christians in Late Antiquity. According to Boyarin's hypothesis, before the Christianization of the Roman Empire, Judaism and Christianity were not autonomous entities with distinct characters and defined identity, but part of a single system of circulation. Inside this system discursive elements moved from one group to another, crossing borders. In this article, the author endeavours not only to present Boyarin's thinking and its effects, but also to place them in their historical, cultural and academic context.

Daniel Boyarin, “Midrashim dans le Nouveau Testament: deux notes sur la ‘judaïté’ dans la Lettre aux Hébreux et l’Apocalypse,” in Marie-Anne Vannier, ed., Judaïsme et christianisme dans les commentaires patristiques des Psaumes (Bern: Peter Lang, 2015), 9-23

Je suis loin d'être un spécialiste de la Lettre aux Hébreux et mon propos dans ce bref essai est d'offrir une lecture naïve -peut-être trop naïve pour certains -de certains aspects du texte dans la perspective d'un simple outsider, un chercheur hébreu, sinon un chercheur sur la Lettre aux Hébreux ! Je ne cherche pas à prendre la place des experts du Nouveau Testament mais à compléter leurs interprétations en « augmentant le volume » et, plus précisément, en me centrant davantage sur la nature midrashique d'un passage crucial de l'Épitre. Ma modeste suggestion est que la Lettre aux Hébreux résonne dans un paysage sonore bien plus « juif » qu'on ne l'affirme habituellement. À la première lecture de l'Épître, mon impression, immédiate et forte, fut qu'il s'agissait d'un midrash, midrash dans le style, et midrashique dans la structuration même de son contenu. J'aimerais ici, dans ce bref article, mettre un peu de chair sur les os de cette impression.

« La relation entre judaïsme et christianisme : asymétrie, histoire dialogique et pluralisme religieux », paru dans Olivier Rota et Danielle Delmaire (éd.), Les Représentations juives du christianisme, XIXe et XXe siècles, Tsafon, HS n° 8, 2015, p. 185-196.

Ce à quoi nous invitent les études historiennes les plus récentes, c'est à considérer la synchronie des constructions juives et chrétiennes, et leur interconnexion fondamentale. Cependant, transposée sur un plan théologique, la perspective produite par l'histoire dialogique nous apprend que le judaïsme et le christianisme ne se réduisent pas à la construction synchrone de leur asymétrie. Les perspectives géométriques effacent ce qui fait l'originalité de leur relation : leur parenté et leur gémellité, lesquels disent beaucoup plus sur la nature de leur relation, puisque « judaïsme » et « christianisme » sont les enfants d’un même judaïsme antique. Nés à une même période, ils se sont construits dans un processus de différenciation qui rend impossible toute comparaison et, ce faisant, désamorce les oppositions essentielles.

« Le judéo-christianisme ancien. Présentation au regard du judaïsme et du christianisme », dans Connaissance des Pères 117 (2010), p. 2-10.

Il est courant de dire ou de lire que les origines du christianisme sont enveloppées d'ombres, sinon de légendes, et qu'elles relèvent d'une véritable nébuleuse. Les origines du christianisme sont effectivement difficiles à cerner car les informations permettant de les reconnaître ou de les reconstituer sont presque toutes rapportées dans des documents de provenance chrétienne qui sont postérieurs aux événements de quelques décennies ou plus : de ce fait, ils sont nécessairement marqués par de nombreuses relectures interprétatives. De plus, trop souvent l'approche des origines du christianisme n'a pas su ou pu éviter l'anachronisme, ce péché capital de l'historien moderne : c'est ainsi que les savants se sont quasiment préoccupés de doxa (c'est-à-dire des dogmes) et non pas de praxis (c'est-à-dire des rites), recherchant à tout prix dans les textes les plus anciens le fondement et la justification de développements doctrinaux bien largement postérieurs.

R. GOUNELLE – J. JOOSTEN (éds.), La Bible juive dans l’Antiquité, Prahins (CH), Editions du Zèbre (Histoire du Texte Biblique, 9), 2014, 271 pages.

Des bibliothèques entières ont été consacrées à l’influence de la Bible sur la théologie, les arts, la philosophie. Bien moins abondantes sont les études qui se penchent sur les conditions et les modalités de la transmission de ces Écritures depuis les temps les plus anciens jusqu’à l’ère moderne. Or, si l’on jette sur l’histoire du texte de l’« Ancien Testament » un regard englobant, l’impression première qui ressort est celle d’une extraordinaire diversité. Les divergences concernent au premier chef l’ordre et le nombre des livres reçus, mais aussi l’intégration, au sein du canon biblique, d’autres livres dotés d’autorité ou la transmission, à côté d’eux, de livres proches par le genre littéraire. Les formes dans laquelle les croyants lisaient les Écritures juives étaient également diverses ; les chrétiens distinguaient le texte de la Septante et celui du texte hébreu (auxquels ils associaient, à tort ou à raison, les traductions d’Aquila, de Symmaque et de Théodotion) et les ont comparées de façon plus ou moins systématique. Les conditions d’accès aux différentes formes des Écritures juives ont également été diverses : les testimonia, les manuscrits annotés et les formes alternatives du texte biblique citées dans des commentaires bibliques ont joué un rôle non négligeable dans l’évolution de l’exégèse et de la théologie des chrétiens de l’Antiquité. Le présent volume dresse l’état de la question et illustre les débats en cours sur la transmission et la réception des Écritures juives dans l’Antiquité. En donnant la parole aux meilleurs spécialistes actuels de l’histoire du texte biblique, il ouvre de nouvelles perspectives sur l’histoire du canon de la Bible, sur la transmission et l’utilisation des Hexaples comme des versions d’Aquila, de Symmaque et de Théodotion, ainsi que sur l’exploitation des Écritures juives en milieu juif et chrétien.

« Quelques remarques épistémologiques et méthodologiques sur le judaïsme et le christianisme de l’Antiquité classique et tardive », dans Laval théologique et philosophique 70 (2014), p. 413-423.

Section des sciences religieuses École pratique des Hautes études, Paris RÉSUMÉ : Dans ces quelques remarques épistémologiques et méthodologiques sur les problèmes que posent les études historiques du judaïsme et du christianisme antiques, on se penche notamment sur les phénomènes de continuité et de discontinuité dont les incidences peuvent être « redoutables » dans les élaborations idéologiques contemporaines. On donne surtout des propos généraux sur le judaïsme et le christianisme dans l'Antiquité classique et tardive au regard des résultats de la recherche actuelle. On parle aussi des rapports entre judaïsme et christianisme à l'époque où ce dernier n'est qu'un mouvement parmi d'autres dans le cadre du premier, et des questions de légitimités qui ont débouché sur des conflits engendrant la distinction ou la séparation et la mise en place progressive de deux religions. ABSTRACT : In these epistemological and methodological remarks on the problems posed by the historical studies of ancients Judaism and Christianity, one looks especially on the continuity and discontinuity phenomena whose impact can be "difficult" in the contemporary ideological elaborations. We give primarily general remarks on Judaism and Christianity in classical and late Antiquity with regard to the results of current research. We speak also on the relationship between Judaism and Christianity at the time where it is only one movement among others in the first, and on questions of legitimacy which resulted in conflicts causing the distinction or separation and the phasing of two religions. ______________________ La tâche de l'intellectuel […] est […] de ne jamais cesser de mettre et remettre en question ce qui est postulé comme évident, de troubler les habitudes mentales des gens, leur façon de faire et de penser