Du haut Moyen Âge jusqu'au XIVe siècle dans la Grande Lande : habitats, artisanat potier (original) (raw)
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Les fouilles menées sur le site de « Ganay », à Saint-Laurent-Nouan (41), dans le cadre du projet d'aménagement du golf des Bordes, ont porté sur une surface de 2,58 hectares divisée en trois secteurs séparés pas des zones boisées et des étangs. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour des vestiges d'habitats datant de la fin de l'âge du Bronze ou du début du premier âge du Fer, de l'Antiquité gallo-romaine et du haut Moyen Âge. Parmi les structures les plus anciennes, mentionnons un silo (comportant de nombreux éléments de céramique, de torchis et des graines carbonisées) et un fosse dite « en Y » qui serait une fosse-piège à gibier. À la transition entre la fin de l'Antiquité et le premier Moyen Âge, deux petits fours pourraient avoir servi à cuire de la céramique. Le premier (ST 1289), assez bien conservé et construit exclusivement avec des fragments de tuiles, comporte un laboratoire circulaire (1 m de diamètre externe), les restes d'une sole perforée, et un alandier d'un mètre de long. Le second (ST 701) est très lacunaire. Son laboratoire, construit en tuiles et en petits blocs calcaire est quadrangulaire (un peu plus d'un mètre de côté), avec un alandier de 1,60 m de long. Leurs comblements d'abandon, ainsi que leurs abords, comportent un important lot de céramique comportant des stigmates de cuisson (près de 6500 tessons, pour un poids total dépassant 85 kg, au sein desquels de nombreux éléments sont fissurés, desquamés ou déformés). Celui-ci est constitué, entre autres, de fragments de pots globulaires standardisés, de coupes à carène souvent décorées à la molette, de marmites à suspension... Ces éléments sont datés typologiquement de la fin du V e ou du début du VI e siècle. Cette fourchette chronologique est confirmée par deux datations par thermoluminescence. De nombreux restes de tuiles de couverture sont associés aux rejets céramiques et portent les mêmes stigmates : déformation, gonflement, fissuration. Les deux fours de potier ont donc manifestement été employés à la cuisson de terres cuites architecturales, malgré leurs très petites tailles, à moins que d'autres fours, non conservés ou hors emprise, aient existés. Quelques autres structures (TP, fosses), réparties sur le secteur central de fouille, ont livré de petits lots de céramique de la même période, sans que l'on puisse savoir si elles sont liées à l'atelier de potier/tuilier ou si le mobilier qu'elles comportent est résiduel. L'occupation de la deuxième moitié du haut Moyen Âge (VIII e -XI e s.) consiste en un habitat rural assez vaste structuré notamment par plusieurs longs fossés parallèles d'axe sud-ouest - nord-est. On constate plusieurs concentrations de trous de poteaux (vestiges de bâtiments en terre et bois dont les plans sont très peu lisibles) et de silos qui témoignent, soit de la multi-polarisation de l'habitat, soit du déplacement de celui-ci sur de courtes distances, au cours de la période. Sept fours sont également dispersés sur les secteurs 2 et 3. La plupart s'apparente à des fours domestiques, probablement destinés à cuire le pain ou à griller les céréales. Ils sont creusés en sape dans le substrat sableux et comportent des soles constituées de limon ou construites avec des fragments de tegulae). Le four du secteur 3 (ST 331), qui se distingue des autres, notamment pas sa profondeur serait un nouveau petit four de potier. Il a livré 679 tessons témoignant d'une production très standardisée de pots et de cruches semblables à ceux consommés à Blois entre le IX e et le début du X e s. Trois puits, situés côte-à-côte, ont été fouillés intégralement. Ils sont peu profonds (moins de 3 m) et cylindriques. Deux d'entre eux ont livré, dans leurs fonds gorgés d'eau, des éléments en bois, dont des probables fragments de cuvelages effondrés.
L'habitat rural du haut Moyen Âge en France (Ve-XIe s.) : dynamiques du peuplement, formes, fonction et statuts des établissements, Actes des 36e Journées Internationales d’Archéologie Mérovingienne (AFAM, Montpellier, 1-3 octobre 2015) (ss la dir. de J. HERNANDEZ, L. SCHNEIDER, J. SOULAT), 2020
La fouille préventive réalisée en 2014 dans le cadre de l’extension de la ZAC Eureka à Castelnau-le-Lez a occasionné la découverte d’un important site médiéval. Pour cette période, les lieux sont investis dès les VIe-VIIe siècles, dans un paysage humanisé et structuré depuis l’Antiquité. Mais c’est visiblement à partir des VIIIe-IXe siècles que l’occupation s’intensifie avec la transformation du lieu en un vaste quartier d’ensilage et la création d’une petite aire funéraire. Le caractère exceptionnel du site réside toutefois dans la mise au jour d’un complexe artisanal comptant 65 fours de potiers et 4 fours de tuiliers. Les éléments de datation disponibles indiquent que la production de terre cuite s’étale sur une longue durée, entre le VIIIe siècle et le XIIe siècle. De par son ampleur et sa chronologie étendue, ce site potier constitue un ensemble totalement unique pour la période, à l’échelle du territoire régional et sans doute au-delà. Mots-clés : ensilage groupé, silo, céramique, four de potiers, four de tuiliers, four culinaire, sépulture, plaque-boucle.
Beaucaire au XIVe siècle : un atelier de potier urbain à la façon de Saint-Quentin
2013
Communication issue de la Journée d’étude du LA3M "Artisanat et métiers en Méditerranée médiévale et moderne", organisée par H. Amouric et M. Ouerfelli, MMSH, le 25 mars 2013, Aix-en-ProvenceInternational audienceLa fouille d'un atelier de potier du XIVe siècle à Beaucaire permet de revisiter un dossier initié dans les années 1980 à partir des séries identifiées dans le château de la ville. Si les faïences avaient déjà été reconnues comme un groupe homogène sur ce site de consommation , la vaisselle culinaire glaçurée avait été attribuée aux célèbres ateliers de Saint-Quentin. Mais les dépotoirs des fours ont livré une production majoritaire en pâte réfractaire aux formes comparables à celles des ateliers de l'Uzège. Cette contribution pose donc le problème de la filiation avec ce grand centre et des éventuels transferts de savoir-faire ou de délocalisation de la production dans cette cité sous domination royale
2016
Résumé Depuis le XXe siècle, les archéologues et les historiens se sont intéressés à l’emplacement des sites, aux structures et aux hommes spécialisés dans la production de céramiques et de matériaux de construction en Gaule. Les sources sont diverses : textes anciens, épigraphie, iconographie, comptes rendus des interventions sur les structures de production et études de mobilier. L’ensemble des données pour les IVe, Ve et VIe siècles a été rassemblé au cours de ce travail de cinq ans et demi,. Une base informatique a notamment été construite pour définir les ateliers et les zones de productions avérés, incertains ou mal datés, en activité en partie ou sur toute la période étudiée (2055 notices). Par ailleurs, une synthèse sur l'artisanat potier et tuilier pour l'époque antique a été réalisée. L’argile et le bois, ainsi que la proximité de grandes voies de communication sont des éléments décisifs pour comprendre l’installation et l’évolution de la plupart des ateliers. Néanmoins, d’autres facteurs interviennent : la présence de réseaux de négociants, la vitalité et l’évolution économique et politique de la région lors de l’implantation de l’atelier, ainsi que le statut des terrains d’installation et parfois des mesures législatives. Les structures artisanales et les techniques utilisées demeurent classiques sur les trois siècles étudiés. Toutefois, l’évolution de l’économie et de la consommation céramique entraine la diminution des dimensions des aménagements. De même, certaines structures sont désormais plus souvent utilisées, tandis que les fours, certains supports de soles, auparavant rares ou inédits, ont pu être mis en évidence. Certaines techniques de façonnage et de décoration, ainsi que des modèles de cuisson deviennent également plus courants. La densité des ateliers souligne l’importance et l’évolution politique et économique des régions au cours des siècles étudiés. La vitalité ou le déclin de l’artisanat céramique dans certaines régions coïncide ainsi avec les déplacements des points stratégiques de l’économie et du pouvoir politique en Gaule. (Attention le document en prévisualisation sur https://hal.science/tel-02518633/document ou https://theses.hal.science/tel-01397659v1 peut être relativement long). --------------------------------------------------------------------------------------------------- Abstract From the XX century, archaeologists and historians have been interested by the setting of archaeological sites, the structures and the people who specialised in the production of ceramics and tiles in Gaul. There are diverse sources : ancient texts, epigraphy, iconography as well as excavations reports, and the study of ceramics objects. Data for the IV to the VI centuries has been collated and studied during the realization of this thesis over five and a half years. A database was created to define the workshops and known productions areas, as well as those which are less well known or less well dated but which were at least partly active during the period studied. The database is composed of around 2055 records. The availability of clay and wood and the proximity of a navigable water course or a network of roads are clearly decisive factors in the setting of each workshop. However there are a number of other important factors: An active network of merchants, a positive economic and political context and sometimes regional or local legislation. The traditional artisanal structures and technics used remain unchanged between the IV-VI centuries. Overall, the evolution of the economy and the consumption of ceramics leads to a reduction in the size of these structures. Also the use of certain structures becomes more frequent. The kilns and supports for the soles, and ancillary structures, which are infrequently recorded and poorly understood, are discussed in this thesis. Certain technics and styles of fabrication and decoration become increasingly common. The density and frequency of the workshops underlines their economic and political importance and the evolution of the regions over the three centuries studied. The growth or decline of the ceramic production in some areas coincides with shifts in the centres of economic and political power in Gaul. (Watch out for the preview document on https://hal.science/tel-02518633/document or https://theses.hal.science/tel-01397659v1 may be relatively long).
Mémoires de la Société préhistorique française, 2023
Comment les céramiques de l'âge du Bronze étaient-elles fabriquées? L'étude technologique menée sur seize habitats et trois nécropoles de la vallée du Rhin supérieur et environs proches, occupés entre le Xe et le VIIIe siècle av. J.-C, révèle l'incroyable variabilité des chaînes opératoires mises en œuvre. Les macrotraces techniques observées sur les 829 céramiques du corpus sont abondamment illustrées, et leur interprétation se fonde sur une synthèse critique de nombreux référentiels ethnographiques et expérimentaux. La représentation des chaînes opératoires par des arborescences répond à une rigoureuse méthode de tri hiérarchique des données. Cette dernière permet de reconstituer de manière innovante les traditions techniques, héritées et transmises entre membres de communautés au fondement social et/ou spatial. Ces réseaux d'interactions, liés à l'apprentissage de l'artisanat potier, sont modélisés à partir de calculs de similarité entre assemblages archéologiques. L'identité sociale des potiers et potières est alors questionnée, en lien avec les style morpho-décoratifs de la vallée. La transmission des manières de faire démontre la persistance de ces groupes sociaux à travers les étapes de la chronologie relative. Toutefois, l'affiliation identitaire des producteurs ne suffit pas à expliquer la variabilité des chaînes opératoires. Tout d'abord, le déplacement de produits-finis est démontré sur des distances variables par l’observation des pâtes céramiques. Ensuite, les tests d'indépendance statistique révèlent que l'emploi de certaines techniques entraînant des avantages utilitaires (imperméabilisation, résistance aux chocs thermiques, etc.) est préférentiellement associé à certaines formes de récipients. Certains comportements techniques récurrents sont donc conditionnés par le produit-fini recherché, et cela amène à envisager la fonction à laquelle peuvent être destinés les vases (différente de leur utilisation réelle). Enfin, l'analyse de la co-représentation des traditions techniques par site introduit les notions de complémentarité et de concurrence des productions, mais aussi la question d’une spécialisation de cet artisanat à l’aube de l’âge du Fer. Sur la base de la détermination des techniques utilisées pour fabriquer les céramiques, à travers une dense réflexion méthodologique et un raisonnement interprétatif échelonné sur plusieurs plans successifs et croisés, c'est donc tout le contexte socio-économique entourant les potiers et potières de la fin de l’âge du Bronze qui est investigué dans cet ouvrage. How was pottery made during the Bronze Age? The technological ceramic study carried out on 16 habitation and 3 funerary sites of the upper Rhine Valley and its surroundings, which date from the 10th to the 8th centuries B.C., reveals an incredible variety among chaînes opératoires. Macrotraces observed on 829 ceramics are abundantly illustrated, and their interpretation is based on a review of numerous ethnographic and experimental reference papers. The chaînes opératoires are depicted by trees following a rigorous method of hierarchical data clustering. This allows technical traditions, which are inherited and transmitted among members of social- and spatial-based communities, to be reconstructed in an innovative manner. These networks of interplays, which are linked to craft-learning, are modeled using similarity measures between ceramics assemblages. Pottery styles, determined by types of shapes and decorations, can then give insight into the potters’ social identities. The transmission of technical traditions reveals that these social groups persisted through chronological phases. However, relying solely on potters’ social membership is insufficient when it comes to explaining the presence of such diversity in chaînes opératoires. First, paste examination proves that finished products were moved across various distances. Then, statistical tests of independence indicate that some techniques producing utilitarian advantages (waterproofing, thermal shock resistance…) are preferentially used to make some shapes of containers. Thus, recurrent technical behaviors are conditioned by which finished product is wanted, leading to discussions concerning the intended function of the ceramics (which is different from their actual use). Finally, the co-representation of several technical traditions within ceramic assemblages introduces the concepts of complementary and competing productions, as well as the question of pottery as a specialized craft at the dawn of the Iron Age. By determining the techniques used to produce ceramics, through thorough methodological consideration and an interpretive reasoning following successive and crossed frames, this book investigates the entire social and economical context surrounding potters of the Late Bronze Age.
La publication des actes du colloque international Archéologie des espaces artisanaux. Fouiller et comprendre les gestes des potiers (Rennes, 27-28 novembre 2014) a pour objectif de réunir une série de contributions scientifiques portant sur les problématiques et les méthodologies de la fouille des espaces de production de le céramique. Elle s'inscrit en continuité des colloques organisés par le laboratoire LAHM (Université Rennes 2, UMR 6566) dans un cadre épistémologique abordant les méthodologies de la recherche archéologique : La céramique dans les contextes rituels. Fouiller et comprendre les gestes des Anciens (dir. M. Denti et M. Tuffreau-Libre, PUR 2013) et La céramique dans les espaces archéologiques « mixtes » autour de la Méditerranée antique (dir. M. Denti et C. Bellamy, PUR 2016). La compréhension des modes de production et de l'organisation des espaces de la production artisanale dans les sociétés antiques représente l'une des problématiques au coeur de la recherche archéologique actuelle. La nature particulièrement fragile de ce type de vestiges (fours, portions de fours, plans de piétinement et de travail, fosses d'extraction de l'argile, bassins de dépuration, rejets de cuisson, instruments lithiques et osseux) invite à nous interroger sur les méthodes à employer pour essayer de restituer les gestes, les intentions et le savoir-faire des potiers. La situation qui caractérise actuellement cet horizon de la recherche nous montre que des méthodes ponctuelles, des protocoles spécifiques, une logique « scientifique » propre au traitement de ces contextes et de ce type de mobi-lier, en réalité, n'existent pas. La question centrale a été donc celle de discuter et de comparer les manières à travers lesquelles nous abordons les opérations de fouille de ces contextes et, avant même, la manière à travers laquelle nous pensons les objets et les structures que nous y rencontrons. Ce colloque a voulu poser les bases d'une réflexion autour des méthodes propres aux investigations archéologiques actuellement menées sur les espaces de production de la céramique, en embrassant une chronologie allant de l'âge du Fer à la période romaine et un espace géographique comprenant la Méditerranée et l'Europe atlantique. Mario Denti, dans l'introduction, fait un état des problématiques sur le plan heuristique et méthodologique. Francine Blondé, dans les conclusions, trace les lignes du chemin parcouru et discute les perspectives de recherche qui s'offrent devant nous.