La portée de la participation face au retour du conflit territorial (original) (raw)

THE SCOPE OF PUBLIC PARTICIPATION FACING THE RETURN OF TERRITORIAL CONFLICTS For about thirty years, more or less standardized devices are increasing public participation, most often organized and controlled by political or administrative authorities. Social sciences scholars’ works have closely accompanied this process. They analyze the effects as direct outcomes resulting from the procedures’ implementation. By construction, such approaches cannot fully describe the democratic experience of the participants, which is always in tension between the pragmatic constraints that limit the activity and ideal models of democracy that provide horizons of action. That is why assessing the effects is also the main way by which actors criticize participatory democracy. The perspective adopted in this paper falls into a wave of research works, which propose, conversely, to leave the previous “procedural tropism”. A new approach involves not to draw a synoptic view outside the way actors are experiencing the effects, but to describe how they are exploring the possible effects themselves. This approach implies abandoning the terminology associated with the notion of effects, and replacing it with the alternative notion of scope of participation. This posture has led us to focus on multiple activities by which the protagonists of major regional development projects seek to grasp the public problems to which these projects propose to answer in the region Provence-Alpes-Côte d’Azur, and to influence their trajectory. Participatory and deliberative practices are spreading not only in the institutional arrangements for public debate, but also in many territorialized mobilizations in which actual strengths, interests, and strategies are engaged. The notion of scope allow us thinking these activities in temporal dynamics of the political functioning of a territory, that is to say understanding them as processes of problematization, publicization and formation of differentiated grips on public issues affecting the territory. The notion of scope allows modeling the intertwining of participation and territorial disputes in the progress of development projects. RÉSUMÉ : La mise en procédure croissante de la participation depuis une trentaine d’année, sous forme de dispositifs institués plus ou moins standardisés, mais le plus souvent organisés et contrôlés par une autorité politique ou administrative, a été accompagnée de près par le développement de travaux en sciences humaines et sociales visant à analyser les effets comme les résultats directs attachés à la mise en œuvre des procédures. Par construction, de telles approches ne peuvent saisir pleinement l’expérience démocratique des participants, son caractère ouvert, toujours en tension entre les contraintes pragmatiques qui pèsent sur l’activité et les modèles idéaux de la démocratie qui fournissent des horizons d’action. C’est pourquoi la détermination des effets est également l’un des principaux ressorts critiques des acteurs de la démocratie participative. La perspective adoptée dans ce papier se situe, à l’inverse, dans une vague de travaux se proposant de sortir du « tropisme procédural ». Le renouvellement de l’approche des effets suppose de ne plus chercher à en dresser le tableau synoptique en dehors de l’expérience des acteurs, mais de décrire comment les acteurs explorent eux-mêmes les effets possibles. Il suppose d’abandonner la terminologie associée à la notion d’effets, et de la remplacer par la notion alternative de portée de la participation. Ce positionnement nous a conduits à saisir la portée de la participation dans le fonctionnement politique courant d’un territoire, en nous attachant aux multiples activités par lesquelles les protagonistes de grands projets d’aménagement en région Provence-Alpes-Côte d’Azur cherchent à avoir prise sur les problèmes publics auxquels ces projets proposent de répondre, et sur leur trajectoire. Les pratiques participatives et délibératives se déploient non seulement dans les dispositifs institutionnels de débat public et de concertation, mais également dans de nombreuses mobilisations territorialisées où est engagée la réalité des forces, des intérêts et des stratégies. La notion de portée a été développée pour permettre de penser ces activités dans leur dynamique temporelle, c’est-à-dire de les appréhender comme des processus de problématisation, de publicisation et de constitution de prises différenciées sur les problèmes publics affectant le territoire. La notion de portée permet ainsi de modéliser comment se mêlent étroitement participation et conflits territoriaux dans l’avancement des projets d’aménagement.