D'une minorité à l'autre…Pratique sportive, visibilité et intégration sociale de groupes stigmatisés (original) (raw)

Les minorités hors-jeu : le sport comme processus d'exclusion et de normalisation

Journée du droit minoritaire, 2012

Le sport est aujourd'hui presque unanimement célébré pour ses vertus émancipatrices. L'olympisme rénové par Pierre de Coubertin voilà plus d'un siècle constitue peut-être ce qui symbolise le mieux ce côté-ci de la médaille sportive. Pacifisme, apolitisme et paix entre les peuples : les fameux anneaux olympiques scellent dans leurs noeuds une humanité désormais unifiée grâce à la pratique sportive. Mais un autre côté de cette même médaille est aussi rarement perçu qu'exhibé. Si aujourd'hui le sport paraît accepté, en témoigne sa diffusion presque universelle dans le quotidien de chacun à la fois en tant que pratique et spectacle, il n'en demeure pas moins que sa réalité s'échafaude également sur tout un ensemble d'éléments historiques, sociologiques et politiques beaucoup plus contestables. Ainsi, se souvient-on de Pierre de Coubertin, se clamant haut et fort « colonialiste fanatique », théorisant en quoi « le sport peut jouer un rôle en colonisation, un rôle intelligent et efficace » ? Se souvient-on de ce même Pierre de Coubertin, posant comme un dogme que la femme n'a de place dans le sport qu'en tant qu'épouse, pour encourager son mari, ou en tant que mère, pour diriger son enfant, mais en aucun cas en tant que sportive ? Se souvient-on encore toujours de ce Pierre de Coubertin tenant à tout prix à exclure les membres des classes laborieuses de la pratique sportive par d'habiles règlements ? Se souvient-on, avant même les Jeux de Berlin de 1936 ayant mis le sport au service de la discrimination, du racisme et du totalitarisme, des Jeux de Saint-Louis en 1904, où des « Anthropology Days » étaient réservés pour les minorités ethniques souhaitant concourir ? Le pauvre, la femme et l'indigène furent les grands exclus de la construction du sport tout au long du XXe siècle. L'histoire du sport est ainsi celle de sa progressive démocratisation, de sa lente appropriation par les différentes minorités qui en étaient exclues, et de leurs luttes parfois violentes (Violette Morris dans les années 1920, Jules Ladoumègue dans les années 1930, Jesse Owens en 1936 à Berlin ou Tommy Smith et John Carlos en 1968 à Mexico) pour se faire accepter dans l'institution sportive. Pourquoi un tel processus d'exclusion des minorités ? Parce que le sport se veut, plus ou moins consciemment, plus ou moins intentionnellement, instance de normalisation, érigeant le standard dominant comme canon nécessaire, et ce même encore aujourd'hui. Ainsi, si le sport s'est de nos jours grandement démocratisé du point du vue économique, du genre et de la race, il exclut néanmoins toujours, créant de nouvelles minorités, qui à leur tour entrent en lutte pour se faire reconnaître : la chasse au dopage a succédé à celle du professionnalisme, l'exclusion de l'homosexuel à celle de la femme, la marginalisation du handicapé à celle des minorités ethniques. Les virulents débats autour des cas d'Oscar Pistorius, des Gay Games, de Caster Semenya, ou même aujourd'hui de Lance Armstrong, sont les signes d'autant de résistances à ces processus de normalisation souterrains qui se construisent sur l'exclusion de certaines minorités.

Au coeur des groupes de bas statut: La stigmatisation

Résumé Dans la plupart des groupes sociaux, certaines caractéristiques, comme par exemple une certaine couleur de la peau, une certaine orientation sexuelle ou une certaine appartenance religieuse, peuvent fréquemment s'accompagner de mépris et de rejet. Ces caractéristiques sont connues sous le terme de « stigmate ». L'enjeu poursuivi dans ce chapitre porte sur l'analyse de ce phénomène, de même que sur les conséquences qui l'accompagnent. Dans un premier temps, nous dégagerons, sur la base des définitions proposées tant par des psychologues sociaux que par des sociologues, les principaux éléments constitutifs du concept de stigmatisation. Ensuite, nous montrerons que tous les groupes stigmatisés ne vivent pas cette situation de manière identique et nous présenterons quelques-uns des éléments à l'origine de la plus grande vulnérabilité manifestée par certains groupes stigmatisés. La suite de ce chapitre nous amènera à défendre l'idée que les contextes de sti...

Esport et olympisme : entre démocratisation de la pratique et rajeunissement de la marque

Le Centre pour la Communication Scientifique Directe - HAL - SHS, 2021

du chapitre Contexte et objectifs : La prochaine édition des JOP de Tokyo sera précédée en juillet 2020 de tournois esportifs co-organisés par le CIO et Intel sur les jeux Rocket League et Street Fighter V. Cette recherche s'intéresse aux bénéfices et enjeux de cette collaboration naissante entre les acteurs de l'olympisme et de l'esport. Méthodologie : Une méthodologie mixte reposant sur des entretiens semi-directifs et l'analyse de données primaires permet de retracer l'évolution de ce rapprochement et d'illustrer ses perspectives futures. Principaux résultats : Le mouvement olympique cherche à reconnecter sa marque avec la jeunesse grâce à l'esport, ce qui permet à ce dernier en retour de poursuivre sa démocratisation. Or, l'esport demeure un marché volatile et contrôlé par les éditeurs de jeux. Dans ce contexte, il s'agit pour les instances olympiques de renforcer les synergies amorcées en 2017 avec leurs homologues esportifs. Finalité sociale : Cette recherche identifie des pistes d'implémentations de l'esport au sein du mouvement olympique qui s'inscrivent dans le respect des valeurs de l'olympisme. Originalité : Les travaux académiques portant sur ce rapprochement demeurent très rares. Son analyse permet de mieux appréhender les enjeux associés aux perspectives d'évolution croisées de ces deux univers.

Comment l’intervention psychosociale dans le sport peut-elle développer des habiletés de vie chez des jeunes de milieu multiethnique moins bien nanti?

Revue Pheneps Phenex Journal, 2012

Mis sur pied en 1999 dans le quartier Centre-Sud de Montréal, le programme d'intervention psychosociale « Bien dans mes baskets » (BdmB) vise à transformer le basketball en un outil d'intervention qui favorise la prise de contact avec des jeunes de milieux multiethniques défavorisés. L'originalité du programme tient au fait que les interventions des entraîneurs-travailleurs sociaux (ETS) visent à la fois le développement d'habiletés de vie et d'habiletés sportives. La présente étude décrit et analyse les procédés susceptibles d'influencer le développement de certaines habiletés de vie chez des jeunes d'école secondaire participants de BdmB, misant sur une méthodologie rétrospective qualitative. Des entretiens semi-dirigés ont été réalisés avec 14 anciens athlètes-étudiants (AE) masculins ayant participé à BdmB au fil de leurs études secondaires. Ces entretiens ont été retranscrits intégralement et ce verbatim a servi à une analyse de contenu en fonction de diverses thématiques. Les résultats ont fait ressortir quatre grands facteurs qui semblent favoriser le développement d'habiletés de vie chez certains participants, à savoir : 1) le modelage de l'ETS a permis aux AE de reproduire les comportements de leur entraîneur; 2) l'émergence d'un sentiment d'attachement entre les joueurs a donné lieu à un nouveau réseau social capable de soutenir les AE; 3) les joueurs semblent avoir assimilé une culture d'équipe reflétant la philosophie de BdmB; 4) BdmB a permis, dans certains cas, de protéger les jeunes contre les mauvaises influences de l'extérieur. Les résultats portent à croire que le sport collectif, jumelé à des interventions psychosociales, favorise le développement d'habiletés de vie.

On se voit Bonjour, Bonsoir... Des jeunes sportifs ayant des déficiences intellectuelles donnent leur point de vue sur l'intégration sociale

2018

Les recherches sociologiques sur les personnes designees comme « handicapees mentales » sont relativement rares en France (Fardeau, 2001). Et on peut remarquer egalement que si le cinema s’est souvent interesse a la folie, il a plus rarement traite de questions liees a la deficience intellectuelle (Revue Etre Handicap information, 1996). Toutefois depuis les annees 1990, quelques films dont les personnages principaux presentent une deficience intellectuelle connaissent un succes populaire non negligeable . En sociologie du handicap, en France, c’est Nicole Diederich qui en tant que sociologue, s’est fortement attachee a donner la parole aux personnes « designees comme handicapees mentales » (Diederich, 2004), et qui a rencontre nombre de ces personnes « condamnee(s) a se taire » pour ecrire leurs paroles et contribuer ainsi a faire connaitre leur point de vue sur leur vie et leur place sociale. Le travail de recherche que nous nous proposons de presenter pour ce colloque vise le mem...