"Futurs antérieurs" (original) (raw)

« Futurs antérieurs », p.71-81 dans Desgénérations, « Postérité du Postcolonial », n°15, Saint-Etienne, Jean-Pierre Huguet, février 2012, 96 p. Cet article propose d’envisager les postérités du postcolonial de trois façons : comme un héritage, comme un élan, et comme une promesse. L’héritage est celui d’une filiation avec la tradition anticoloniale, mais aussi avec les premières manifestations d’un questionnement d’envergure postcoloniale à l’époque coloniale. On présente alors les différentes logiques politiques ou les alternatives envisagées au colonialisme répressif : imagination impériale, fédéralisme eurafricain, nationalisme, panafricanisme… On tente ensuite de montrer comment le parachèvement du postcolonial pourrait se situer dans la promesse d’un horizon postracial, en s’appuyant sur l’analyse d’un poème de Césaire et sur certaines proclamations historiques (Proclamation du 10 mai 1802 par Louis Delgrès, « Youth Speaks » ou « la jeunesse parle » par Alain Locke en 1925, discours du 18 mars 2008 à Philadelphie, par Barack Obama…). On confronte alors la notion de « postracial » à celle de « postblackness », telle qu’elle s’est trouvée revendiquée dans le champ artistique et culturel afro-américain. Les limites de la « postblackness » sont soulignées grâce à la présentation de deux œuvres afro-américaines : le film Bamboozled, de Spike Lee (2000), et le roman Erasure (2001), de Percival Everett. On montre en conclusion une dissymétrie persistante entre l’identité noire choisie et l’identité noire imposée, qui fonde précisément la nécessité du projet postracial en tant que postérité postcoloniale.